Les Alternatifs : Manifeste et Statuts
Publié le lundi, 26 mars 2012 dans Kézako Les Alternatifs
« Mais qui êtes-vous Les Alternatifs ? » nous demande -t-on souvent.
En dehors de cet article sur le « parti-mouvement », à relire ici : http://alternatifs81.fr/?p=2122 voici deux éléments pour construire une réponse :
Manifeste
L’histoire des deux derniers siècles s’est usée à opposer le collectif et l’individu, l’égalité et la liberté, la démocratie et l’efficacité.
Les militant-es qui ont créé les ALTERNATIFS en 1997, ont pour la plupart subi ces contradictions avant de réfléchir et expérimenter là où ils agissaient des modes d’action et d’organisation permettant de les dépasser.
Le mode de fonctionnement de notre Mouvement (ou Statuts) se veut le fruit de ces réflexions et expériences, enrichi de leurs insuffisances et de leurs échecs.
Pour les Alternatifs il n’y a pas séparation entre externe et interne. L’exigence de démocratie à l’extérieur ne peut s’effacer en interne devant la nécessaire efficacité. C’est ce que rappelle la déclaration de principes précédent les Statuts, qui fait le lien entre le mode de fonctionnement choisi et un Monde que nous voulons
Quelques règles clé incitent chacun-e à prendre sa place avec sa différence ; elles permettent que la démocratie et l’efficacité se combinent grâce au partage des responsabilités et à la relation étroite entre base et sommet :
-
L’autonomie administrative et politique des groupes locaux (article 1-3) permet l’implication de chacun-e dans les décisions et la gestion, en favorise le contrôle, évite une prise de pouvoir au sommet.
-
La liberté des individus est garantie par un droit à l’objection (art.1-8 et 1-9) et par la possibilité de double appartenance (art. 1-2) ; ces libertés sont encadrées pour respecter la dimension collective du Mouvement.
-
L’ouverture au mouvement social s’exprime dans la possibilité de participer à des commissions thématiques du Mouvement sans en être adhérent (art.2-9)
-
L’inscription du principe de parité Femmes/Hommes (art. 1-6) est le signe de la volonté des Alternatifs d’étendre la démocratie au delà du champs habituel et les pousse à repenser leurs manières de faire et de vivre ensemble.
-
La direction et l’orientation du Mouvement appartiennent entre deux congrès à une Coordination des groupes locaux où chacun d’eux est représenté par des délégué-es élu-es, contrôlé-es (le compte-rendu est obligatoire) et remplaçables (art. 2-1). A tout moment, la Coordination est ainsi représentative de l’état du débat au sein du Mouvement. Il vit ainsi une sorte de Congrès en continu, grâce auquel le débat se poursuit entre deux Coordinations ou Congrès, conciliant adaptabilité, réactivité et démocratie.
-
La consultation militante (art. 2-6) sur des sujets d’actualité nouvelle ou importants et pour lesquels les avis sont partagés, renforce la capacité du Mouvement à réagir vite tout en respectant la démocratie. En apparence proche du referendum, ce processus n’en comporte ni l’aspect plébiscitaire ni le contenu réducteur et manichéen ; au contraire il accorde un place importante au débat collectif (article 2-7)
-
La séparation des pouvoirs entre la Coordination Générale qui décide, un Exécutif élu assumant la gestion courante et les relations extérieures sans posséder de droit de vote (art. 2-4), et une Commission de Médiation et de Contrôle (art. 4-1) ne détenant qu’un pouvoir de proposition permet d’éviter la prise de pouvoir par une bureaucratie tout autant qu’ un gouvernement des juges comme il en existe ailleurs.
Sur tous ces points dont certains peuvent paraître aller de soi, les Alternatifs se montrent originaux et novateurs sinon uniques.
Parfois la pratique est cependant un peu en retrait sur le texte ce qui ne manque jamais de provoquer des interrogations et des débats pour accorder nos actes et nos écrits.
Parfois au contraire elle est en avance, explorant ainsi de nouvelles voies qui s’ajouteront au usages communs ou seront un jours intégrés dans les statuts.
Ceux-ci ne sont donc pas figés mais vivants.
C’est aussi cela la méthode Alternative : réfléchir, expérimenter, consolider, le tout collectivement.
Statuts
Préambule
Il est institué, entre les adhérents aux présents statuts et au Manifeste voté lors de l’Assemblée fondatrice des 28 et 29 mars 1998, un mouvement politique dénommé « LES ALTERNATIFS » – ( sous titre : solidarités, écologie, autogestion).
Le mouvement a pour finalité politique la construction d’une société nouvelle dépassant et remplaçant le capitalisme et le productivisme, fondée sur la libération humaine, la justice sociale, l’harmonie entre l’humain et la nature.
Son but est la libération sociale par le dépassement des systèmes sociaux fondés sur la prédominance et le monopole du capital, sur l’oppression et sur l’exploitation de la personne, le pillage des ressources naturelles et la destruction des écosystèmes.
Il propose une alternative, un avenir maîtrisé pour les femmes, les hommes et la nature, qui articule respect de la diversité et de l’égalité.
Le mouvement entend donner aux individus le pouvoir de décision sur ce qui les concerne par l’exercice d’un contrôle populaire et citoyen, sur tous les aspects de la vie aujourd’hui, par la démocratie autogestionnaire demain.
Il fonde son action sur l’auto-organisation, la délibération démocratique, la solidarité internationale, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et la garantie des principes fondamentaux des relations humaines : liberté de conscience, laïcité et absence de discrimination entre les personnes fondée sur le physique, la naissance, l’opinion, le lieu de naissance ou de résidence, l’appartenance à un groupe social ou culturel organisé.
Le mouvement s’inscrit dans le processus de recomposition d’une gauche alternative et écologique. Il sera donc partie prenante des initiatives larges de débat et d’actions communes en ce sens.
Titre un : dispositions générales
Article 1-1
« LES ALTERNATIFS » sont une fédération de groupes locaux, de groupes thématiques et de groupes d’activités. L’adhésion est individuelle, l’appartenance à plusieurs groupes est possible mais le rattachement pour les votes ne se fait que dans un seul groupe. A tout moment, un groupe préexistant peut s’affilier collectivement au mouvement.
Article 1-2
L’adhésion n’est subordonnée par aucune condition de nationalité ou de résidence. Elle se traduit par une contribution financière de chaque adhérent, établie en fonction de sa capacité financière.
Article 1-3
Les groupes sont autonomes dans leur organisation locale, leur intervention politique propre et leurs alliances dans le cadre de leur périmètre d’intervention. Les groupes se regroupent en fédération sur une base géographique. Les limites géographiques des groupes et des fédérations peuvent ne pas être bornées par les frontières administratives.
Article 1-4
Toutes les réunions du mouvement, à tout niveau que ce soit, sont entièrement ouvertes à tous les adhérents.
Article 1-5
L’information de chaque groupe et adhérent-e doit être complète, rigoureuse et régulière pour qu’elle, il puisse débattre, proposer, agir, contrôler, critiquer en disposant des éléments de connaissance nécessaires. A ce titre, chaque adhérent-e reçoit le journal du mouvement. Celui-ci rend compte des débats et votes détaillés du Collectif général, du Congrès et des consultations militantes. Elle en publie les textes et contributions préparatoires.
Article 1-6
L’égalité, la parité hommes/femmes à tous les niveaux est un principe essentiel de fonctionnement du mouvement. En tout état de cause, chaque instance doit être constituée d’un nombre de femmes au moins proportionnel au nombre d’adhérentes, avec un minimum de 30% Les Alternatifs entendent favoriser l’accès des femmes à toutes les fonctions, en particulier électives.
Article 1-7
De même, le mouvement se donne pour objectif de promouvoir, dès que possible, et par tous Ies moyens, les adhérent-e-s appartenant à un groupe sociologique victime d’une ségrégation quelconque.
Article 1-8
Chaque groupe ou chaque adhérent-e s’engage à respecter les pratiques démocratiques du mouvement et ses règles fondamentales.
Tout-e adhérent-e peut exprimer publiquement son désaccord avec la ligne du mouvement.
Lorsqu’une décision est contraire à ses convictions, nul-le adhérent-e n’est tenu-e de participer à sa réalisation. Celle, celui qui recourt à ce « droit à l’objection » doit l’exprimer clairement au moment des votes et s’engager à ne pas faire obstacle à son application.
Article 1-9
Le droit à l’objection et à l’expression publique de désaccords peut se faire collectivement à l’occasion des débats, notamment des Congrès.
Article 1-10
La désignation de candidat-e-s aux élections est effectuée par l’assemblée générale des groupes de la circonscription électorale concernée.
Chaque élu-e rend compte régulièrement de son activité au(x) groupe(s) et fédération(s) auquel(s) il, elle participe. Il, elle verse une partie de son indemnité à la trésorerie du mouvement.
Titre deux : la coordination des groupes
Article 2-1
Les groupes et fédérations se coordonnent régulièrement au sein d’une Coordination générale du mouvement. Ils y sont représentés en fonction de leur nombre d’adhérents par des délégué(e)s mandaté(e)s et révocables, dans le respect des règles de parité. Les délégués rendent comptes de leurs actes et votes.
Article 2-2
Des délégué-e-s supplémentaires peuvent être désigné-e-s par les positions collectives apparues au Congrès (ou à la Coordination générale), afin d’assurer la proportionnalité de leur représentation en fonction des voix obtenues au dernier Congrès. Les délégué-e-s supplémentaires sont proposé-e-s à la ratification de leur groupe d’adhésion. Afin de tenir compte de l’évolution des débats au sein du mouvement, ils, elles peuvent être révoqué-e-s sur demande de leur groupe d’adhésion, au bout de six mois de mandat, sauf opposition de la position collective qui les a désigné-e-s. En application de l’article 1-6, le Congrès ou à défaut la Coordination générale, peut désigner des représentants complémentaires à concurrence de 10% des membres de la Coordination.
Article 2-3
La Coordination générale assure la mise en œuvre des orientations des conférences et Congrès nationaux. Elle élit un Exécutif qui exécute ses décisions, celles des Congrès, et qui représente le mouvement.
Article 2-4
L’Exécutif comprend au maximum 17 titulaires et 8 associé-e-s ; ces dernier-e-s peuvent être membres de la Coordination générale, sont choisi-e-s de préférence parmi les animateurs-trices des régions et fédérations, sont informé-e-s des travaux de l’Exécutif, y contribuent et y participent chaque fois que possible. Lors de la désignation de l’Exécutif, la Coordination générale fait en sorte que les diverses sensibilités qui se sont manifestées dans le dernier Congrès puissent participer au débat et à l’animation du mouvement. L’Exécutif assure le suivi des campagnes, des régions, fédérations et réseaux thématiques, l’application des décisions des Congrès et des Coordinations générales, la logistique et le matériel de communication. Il est responsable de la réalisation de communiqués de presse, de la participation aux actions unitaires et des relations au niveau national et international avec les autres organisations. L’Exécutif choisit en son sein un bureau composé au moins d’un président, un trésorier et un secrétaire.
Les membres de l’Exécutif participent aux réunions de la Coordination générale mais n’y ont pas le droit de vote. Ils sont responsables devant elle.
Après chaque Congrès, le nouvel Exécutif doit compter au moins un quart de nouveaux membres.
Article 2-5
La fonction de porte-parolat est sous la responsabilité de l’Exécutif. Il peut déléguer cette fonction.
Article 2-6
Sur la demande d’un tiers des membres de la Coordination générale, ou de 10% des adhérent-e-s du mouvement, ou encore de 5 fédérations, une consultation militante est organisée sur toute question, et ce à tout moment.
Les consultations militantes sont nécessaires quand, sur un des sujets suivants, aucune position n’a pu recueillir 60% des votes exprimés lors d’une Coordination générale, représentant la moitié des inscrits :
-
position du mouvement pour les élections nationales, européennes ou les référendums
-
position du mouvement pour les élections régionales (la consultation peut prendre dans ce cas une forme nationale et/ou régionale)
-
accord « a priori » pour la participation d’adhérent-e-s du mouvement au pouvoir d’Etat sous quelque forme que ce soit, dès lors que cette participation engage politiquement le mouvement.
Article 2-7
La Coordination générale organise la consultation des adhérent-e-s. Les formes de débat et d’expression des adhérent-e-s sont du ressort de chaque groupe dans le respect des règles du débat démocratique. La collecte des résultats se fait dans la mesure du possible à l’occasion d’une réunion de la Coordination générale. Si elle le juge nécessaire, la Coordination générale peut alors délibérer par mandats à partir des textes soumis à la consultation.
Article 2-8
Une Assemblée régionale et un Collectif régional peuvent être mis en place dans chaque région dès lors que les Alternatifs y sont présents dans 2 départements au moins. Ces structures peuvent rassembler deux régions ou à l’inverse diviser l’une de ces régions, en accord avec la Coordination générale.
Ces instances régionales doivent :
-
permettre la présence publique des Alternatifs dans l’ensemble des départements, villes et cantons de la région, même si les Alternatifs sont peu nombreux ou absents ;
-
prendre les initiatives conduisant à la constitution de nouveaux groupes locaux ;
-
assurer les relations et les actions communes avec les associations locales qui ont des objectifs et des pratiques proches de ceux des Alternatifs. Les Assemblées régionales se tiennent chaque année dans « la période précédant les Congrès et Conférences convoqués au niveau national. Elles sont organisées dans des conditions permettant la plus large participation des femmes et des hommes de la mouvance alternative. Elles élisent un(e) porte-parole et un coordinateur ou coordinatrice chargés d’animer le Collectif régional regroupant les représentants des fédérations.
Soyez le premier à poster un commentaire.