Hé ho l’hyène !
Paru dans le numéro 75 de Confluences.
La France est le seul pays au monde où plus de 85% de l’énergie électrique produite est d’origine atomique. Le débat sur l’éolien y revêt donc un caractère très spécifique, non dénué d’arrière-pensées idéologiques.
Etant depuis des décennies un farouche opposant au nucléaire: gestion incompatible avec une démocratie, centralisation policière, déchets confiés à nos descendants pour 50000 ans, accidents avérés, dissémination des matières fissiles, conflits pour la ressource uranium, contamination, prolifération , gaspillage, usages militaires, je me retrouve nombreux à prôner une sortie rapide du nucléaire. Dans le même temps, notre consommation n’a cessé d’augmenter: record battu l’an dernier, 707 térawatts ! Ceux- là mêmes qui hurlent aux éoliennes sont bien aises de consommer le courant des centrales…
Première réponse, la sobriété énergétique (négawatts ). La décroissance forcée ou acceptée. 2°, le bouquet énergétique. Le Haut-Languedoc est un gisement éolien. Pourquoi pas? On parle de “500” futures machines sur le Parc. Rapportées à la superficie, ça ferait une éolienne tous les 520 ha. Est-ce trop supporter ?
J’entends : “les industriels font de l’argent avec”. Qui peut encore croire à une source d’énergie bénévole? “Les communes s’en mettent plein les poches”. Vous en connaissez beaucoup par ici, des communes riches? J’entends “ça dénature nos paysages”. Jugement de valeur typique: il est soutenu par les opposants, tandis que les pro-éoliens trouvent ces machines à vent plutot belles. Impact sur l’environnement? sans commune mesure avec une centrale, un barrage hydroélectrique.
Et une notion à laquelle je suis attaché, celle de la répartition nationale des ressources, une péréquation de l’énergie: le gisement de Lacq a fourni pendant des décennies du gaz à Paris, le courant de l’ampoule qui m’éclaire vient de Golfech ou de Chooz. Le vent juste au service des gens du cru me parait relever d’un égoïsme de clocher et d’une conception dangereusement étriquée du vivre-ensemble.
Gérard Bastide
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