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Publié le samedi, 1 mars 2008 dans Articles, Confluences 81

Paru dans le numéro 71 de Confluences.

Un regroupement d’associations a invité Max Biro à présenter son Dictionnaire fientifique autour de ce thème : l’économie est-elle une science ?

Face aux multiples théories, le débat porta surtout sur le cas de Keynes, Max Biro ayant indiqué que, dans l’immédiat, cette théorie propre au capitalisme permettrait cependant d’en limiter les effets néfastes, en attendant de voir se développer une économie alternative.

A) Peut-on évoquer Keynes hors de son contexte ? Sa théorie n’était-elle pas le simple résultat des luttes du mouvement ouvrier ? Pour le dire autrement : si aujourd’hui Keynes a été remplacé par les néos conservateurs ce n’est pas par simple évolution des théories économiques mais du fait de la faiblesse du mouvement social.

B ) Une autre personne répond que le New Deal est beaucoup moins la réponse aux luttes sociales que le besoin du capitalisme de sortir de la crise, Roosevelt n’ayant pas explicitement cherché à mettre en application Keynes.

C ) Un prof d’économie aux références marxistes évidentes pense qu’on peut unifier les divers discours. Il faut reconnaître en effet que de 1945 à 1980 le partage des richesses avait apporté du bien-être social et qu’en conséquence le contrôle du politique sur l’économie (la régulation du capitalisme) avait ses mérites sociaux perdus aujourd’hui. Mais ceci étant, on ne peut tout attendre de l’Etat.

D ) Keynes n’avait pas été abordé en dehors du rapport des forces puisque Max Biro avait rappelé que si de Gaulle en 1945 avait rallié cette position, c’était parce que le patronat sortait très affaibli de la deuxième guerre mondiale. Il y a un autre élément du rapport des forces : l’URSS prétendait apporter une alternative globale au capitalisme, alternative dont il s’est avéré historiquement qu’elle était néfaste y compris pour les peuples qu’elle prétendait servir. Cette alternative est la soumission totale de l’économie au politique. Comment trouver le juste équilibre entre les deux pouvoirs, l’économique et le politique, en sachant que le capitalisme a toujours deux fers au feu ? Par exemple, il présente l’économie comme une science (avec l’économétrie en fleuron) et en même temps l’économie serait variable selon le moral des français et le marché un dieu au-dessus des hommes qui pourtant sont les créateurs de ce même marché !

Quelqu’un propose d’en revenir à l’éthique : voler son voisin est considéré comme répréhensible, le capitalisme c’est du vol donc il est répréhensible. D’où évidemment, le débat entre le capitalisme c’est du vol, et le capitalisme c’est une exploitation.

Avec un détour par le rôle de l’Etat. L’Etat est-il seulement l’Etat du capital ? Quand l’Etat de 1945 est contraint à la mise en œuvre des retraites par répartition, il apporte un bien-être social mais en bout de course n’est-ce pas le capitalisme lui-même qui en retire tous les bénéfices puisqu’il conserve le pouvoir d’en finir avec cette dite loi ?

Concluons ce compte-rendu par le premier mot cité par Max Biro et qui le fait tant souffrir : P.I.B.

Dans son dictionnaire il cite Le Monde du 3 octobre 2006 qui évoqua le PIB de la Grèce sous ce titre « La Grèce dope son PIB ». La Commission européenne a proposé un nouveau calcul du PIB « qui prendra en compte l’estimation de la richesse produite par les activités illégales, prostitution, blanchissement, contrebande ». Le nouveau mode de calcul n’apportera pas au pays, des recettes fiscales nouvelles mais par contre permettra à l’Europe de refuser des aides puisque le PIB sera plus élevé !

Le P.I.B. n’est pas une mesure fiable et en conséquence la croissance, qui est la croissance du P.I.B. et non la croissance économique en général, n’est pas fiable. Max précise en conséquence que n’aimant pas le mot «croissance», il n’aime pas davantage le mot «décroissance».

Nous devons proposer et imposer une autre façon de mesurer les richesses produites et faire discuter du partage des richesses pas seulement sur le partage de la croissance mais sur le partage de TOUTE la richesse produite.

L’après-midi fut très pluralisme et très riche. Un grand merci aux organisateurs. Elle s’est terminée par un petit défilé en ville avec pancartes pour que les sans voix ne restent pas sans voix.

J-Paul Damaggio

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