Poussons la désobéissance civile jusque dans l’ortie culture
Paru dans le numero 63 de Confluences.
Non, ce n’est pas Biocybèle 3ème partie ! A cette époque, sur la foire, personne ne savait qu’une loi d’orientation agricole N° 2006-11 avait été votée en catimini le 05-01-06 (1). Loi scélérate car c’est une nouvelle attaque contre l’agriculture bio, celles des professionnel(les) et la vôtre, jardiniers amateurs ! En faisant des écrits de notre mémoire collective des écrits subversifs, la loi crée une grave atteinte à la transmission des savoirs. Les lobbies de l’industrie des pesticides et des engrais pèsent sur la démocratie en bouclant le parlement, font une main mise sur le vivant qui appartient à nous tous, et à personne.
En résumé : «sont interdits de mise sur le marché, l’utilisation, la détention par l’utilisateur final des produits phytopharmaceutiques (2) s’ils ne bénéficient pas d’une autorisation de mise sur le marché ou d’une autorisation de distribution pour expérimentation…» L’article L253-7 précise que «la publicité commerciale et toute recommandation pour les produits phytopharmaceutiques ne peuvent porter que sur les produits bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché…»
Pour les cultures bio, cela concerne tous les purins de plantes : ortie, prêle, consoude, sureau, fougère… le savon noir dilué !
A ma connaissance, les organismes étatisés ont mené trois attaques avec une célérité trahissant que de gros intérêts financiers privés sont en jeu. Ce printemps, pour avoir annoncé sur l’antenne la 11ème fête de l’ortie et des plantes sauvages, «Orties Folies», le nouveau jardinier de France Inter, Alain Baraton a reçu «un email non signé, mais les termes employés faisaient comprendre que la personne qui m’écrivait «amicalement» était compétente en la matière, où effectivement à partir du 1er juillet 2006, le simple fait de parler du purin d’ortie pouvait me valoir quelques ennuis avec les autorités de la justice. Le simple fait de donner à l’antenne la recette du purin d’ortie me mettrait hors la loi…Menacer une personne qui ne fait que donner une recette qui est dans tous les manuels d’horticulture, dans toutes les revues de jardinage, je crois que c’est un peu excessif…il en va aussi tout simplement de la liberté d’expression » (3). Effectivement, sur les foires bio, ces livres ne manquaient pas ! Et c’est bien deux pages de notre mémoire collective qui ont été écrites par les jardiniers lecteurs de la revue Les Quatre Saisons du Jardinage en 2004 et 2005. Ils ont expérimenté les effets du purin d’ortie sur les tomates suivant des protocoles scientifiques rigoureux. Les résultats figurent dans les N°145 et 151.
Ont été perquisitionnés, car co-auteurs du livre « Purin d’ortie et Compagnie» chez Terran (préfacé par Michel Liss, l’ex jardinier de France Inter) ; Eric Petiot paysagiste élagueur, formateur et animateur de stages (qui a sauvé de la mineuse les marronniers parisiens en une seule pulvérisation de sa composition, là où la chimie a échoué). Ses documents de stage ont été saisis. Bernard Bertrand, écrivain paysan, qui nous dit dans «Là bas si j’y suis» (3) : «j’écris des livres depuis une dizaine d’années sur les savoirs populaires et traditionnels et la transmission de toutes les recettes que l’on a accumulées au fil des générations et que l’on améliore parce que les savoirs populaires, c’est fait pour évoluer, faut que ce soit vivant…on veut faire en sorte que tout soit marchandise, on veut tout pouvoir breveter, donc on isole une molécule. Si les agrochimistes peuvent isoler une molécule du purin d’ortie, ils vont la breveter. Et après, on n’aura plus le droit de fabriquer son purin soi-même»
Va-t-il falloir que je refile mon ADN pour ces quelques lignes ?
Claude Coqblin
(1) pour télécharger : http://mdrgf.c.topica.com (Mouvement pour les Droits et le Respect des Générations Futures)
(2) Etudes et préparations des produits destinés aux traitements des maladies des plantes. Phytothérapie : traitements des maladies par les plantes
(3) interviews dans «Là bas si j’y suis» Oct.06
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