Reprendre la ville !
Nous empruntons à nos camarades des Alternatifs de Drôme-Ardèche le chapeau à ce communiqué :
Bien que cette initiative soit parisienne et donc citadine, nous publions ce communiqué car celle-ci illustre bien les débats autour des pratiques autogestionnaires de reconquête de son espace de vie en abordant notamment les modes de décision et les questions d’urbanisme et d’aménagement de l’espace. A titre d’exemple, on peut considérer que nos zones rurales sont également affectées par un urbanisme débridé à travers la prolifération des habitations individuelles sans prise en compte des conséquences environnementales engendrées.
Communiqué des Alternatifs du 2 décembre 2011
Notre mouvement a proposé en 2011 des assises de la gauche alternative et écologique partout où le contexte politique le permettait en s’adressant aux courants et militantEs avec lesquels des convergences fortes existent
Ces assises n’ont pas vocation à s’inscrire dans des enjeux électoraux, mais à engager un processus durable d’échanges et initiatives communs.
En Ile de France, une première initiative a associé le 26 novembre Alternatifs, libertaires et objecteurs de croissance…et c’est un succès.
Le 26 novembre était organisée à Paris une initiative « Reprendre la ville », accueillie par « le Chat qui Rail », lieu géré par un collectif d’artistes dans un quartier populaire du 18e arrondissement.
Le projet a été porté par 5 organisations : Alternative libertaire, le Scalp, le Moc, PPLD et les Alternatifs en lien avec « Le chat qui rail »
La phase de préparation a été très enrichissante car elle a permis à des militantEs de cultures différentes, mais tous et toutes désireux de développer des pratiques autogestionnaires et alternatives, d’échanger, de confronter des points de vue, au delà des rencontres lors de manifs ou meetings. Ce temps de préparation long mais nécessaire nous a permis de choisir le thème « reprendre la ville » et un lieu symbolique un « squat d’artistes » situé dans le 18° arrondissement. L’événement a été très largement relayé par les sites alternatifs et militants de la région parisienne. Le programme s’organisait autour d’ateliers puis d’un temps plus festif.
Les 2 premiers ateliers en début d’après midi traitaient des problèmes de gentrification, de mutation sociologique, boboisation des quartiers populaires, à Paris et en banlieue, ainsi que de la pression sécuritaire et du contrôle social de plus en plus pesants.
Ces 2 ateliers introduits par des universitaires militants (Jean Pierre Garnier sociologue et urbaniste, Anne Clairval, géographe) et des militantEs des luttes de résistance (Le Dal, Souriez, vous êtes filmés, les déboulonneurs, Aitec) ont permis un débat avec un public majoritairement jeune et nombreux : environ 250 personnes ont partIciipé aux ateliers.
L’atelier sur la « gentrification » a mis en évidence de possibles réponses et ripostes, du retour à l’aide à la pierre pour la production de nombreux logements réellement sociaux au blocage des loyers, à la question du foncier, en passant par la réquisition populaire des immeubles vides. Le débat a également porté sur l’intervention collective des mal-logés, sur la création d’ateliers ou assemblées populaires d’urbanisme, alors qu’aujourd’hui les personnes concernées par les projets urbains sont au mieux informées au pire considérées comme des « cas sociaux » ayant vocation a être repoussés toujours plus loin en périphérie.
Un des fils conducteurs de la réflexion était le risque de confiscation des processus de débat et de mobilisation par les couches moyennes éduquées, certes souvent « progressistes » mais porteuses à leur manière du processus d’embourgeoisement.
L’accentuation de la crise sociale et le risque de forte paupérisation d’une partie des couches populaires incitaient aussi, en fin de débat, à évoquer la nécessité de construire des solidarités de base autour de droits fondamentaux, droit au logement, mais aussi droit tout simplement à se nourrir…
En milieu d’après midi, les 6 associations qui animaient l’initiative devaient illustrer au travers de leurs expériences, des lieux de résistances et des alternatives concrètes.
Ces témoignages d’un intérêt inégal ont néanmoins permis un débat avec le même public jeune et nombreux. On n’a pas évité des interventions de la salle qui ont critiqué le fait de n’entendre que des associations qui se battaient sur des problématiques très locales en oubliant que ces combats seraient vains si nos résistances ne se portaient pas aussi à un échelon plus global. Fort heureusement, d’autres voix ont mis en valeur la possible et nécessaire articulation entre combats locaux et sectoriels et des luttes plus globales. La question de ce lien du local et du global, de la reconnaissance réciproque et de la convergence d’engagements divers, est à l’évidence loin d’être réglée.
Pour réussir ce genre d’évènement, il ne faut pas se louper en fin de parcours sur l’aspect culinaire… Nos camarades du Scalp et leur cuisine ambulante, et de nombreux militants de toutes les organisations, ont concocté un très bon repas, à prix libre, qui nous a permis de poursuivre les débats dans une excellente ambiance.
En fin de soirée, a été projeté le film, « La ville est à nous », de Christophe Coello, qui traite des expériences de squat à Barcelone. Après le film, un court débat a eu lieu et un bal populaire sous « la direction » des résidents du squat a emmené les plus vaillantEs d’entre nous jusqu’à l’aube.
Disons le avec plaisir, cette journée a été un véritable succès. Le projet est de prolonger et amplifier cette réussite et de continuer à travailler ensemble et avec d’autres si possible.
Les organisations qui ont participé à la journée du 26 novembre travaillent avec d’autres partenaires pour préparer une foire à l’autogestion en juin 2012. Pour battre le fer tant qu’il est chaud, les Alternatifs vont aussi proposer l’organisation d’un autre évènement en mars 2012, la réflexion autour d’une écologie anticapitaliste nous semble d’actualité.
Soyez le premier à poster un commentaire.