1er « Devoir » de vacances . . .
La bataille contre la contre-réfotme des retraites s’organisait.
Elle allait mettre dans la rue des millions de personnes.
Un an après, ce texte, celui de l’intervention de notre camarade Roland MERIEUX à l’occasion du meeting unitaire du 15 septembre 2010 à TOULOUSE prend de curieuses résonnances, d’abord avec l’annonce d’un nouvel allongement de la durée de cotisations, ensuite avec les mouvements « des Indignés » qui se développent partout en Europe.
Prémonitoire ?
Il est intéressant de le relire quelques mois après, alors que se préparent –dans la suite du mouvement de l’automne 2010, d’autres luttes, d’autres batailles.
MEETING UNITAIRE :
Pour faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites, pour le retrait du projet de loi Sarkozy-Woerth ―
15 septembre 2010, Toulouse
Intervention de Roland Merieux
pour Les Alternatifs
Pour Les Alternatifs, tant qu’on se contentera d’aménager à la marge le système capitaliste et financier, il n’y aura pas de solution réelle au problème du financement des retraites.
C’est tout l’enjeu de l’affrontement en cours avec la politique du gouvernement Sarkozy, Fillon, Woerth. Leur stratégie s’inscrit clairement dans les programmes que défendent les oligarchies financières dans tous les pays européens. Cette offensive néolibérale généralisée des droites européennes s’articule, en outre, avec le renforcement de politiques sécuritaires aux relents clairement xénophobes et racistes, comme on a pu le constater cet été en France.
Mais l’attaque contre le système des retraites, c’est d’abord une manœuvre brutale pour satisfaire les exigences des spéculateurs et des agences de notation. On l’a bien vu ces derniers mois en Grèce, en Espagne, au Portugal où, malheureusement, des gouvernements qui se disent socialistes ont décidé de geler \ et même de baisser \ les salaires et les retraites.
Partout, ce sont les travailleurs et les travailleuses qui paient !
Partout, les marchés ne cessent d’en vouloir toujours plus !
En France, cette nouvelle contre-réforme s’inscrit dans le droit fil de celles de Balladur en 1993, puis de Raffarin et Fillon en 2003, qui ont toutes abouti à une baisse généralisée des retraites versées.
[ Dans le contexte de chômage de masse actuel, avec 4 millions et demi d’inscrits à Pole Emploi, tout report de l’âge de départ à la retraite obligerait de nombreux chômeurs à se contenter pendant des années des minima sociaux avant de pouvoir liquider leur retraite.
Pour les femmes, contrairement à ce qui est annoncé, les inégalités vont persister. Leurs retraites resteront inférieures de 30 à 40 % dans les prochaines années.
Pour les jeunes, le moins qu’on puisse dire est que l’avenir s’annonce peu enthousiasmant… et pour certains, particulièrement sombre : petits boulots, précarité liés à la dérégulation du marché du travail, retraites de plus en plus hypothétiques… ]
Pourtant, Sarkozy nous avait annoncé une réforme soi-disant équitable Qu’on en juge : 87 % des efforts seront à la charge des salariés, 13 % à celle des revenus du capital.
Or aujourd’hui, le déficit des différents régimes de retraites n’est que de 32 milliards d’euros (alors que celui du budget de l’Etat est de 240 milliards !). Pour trouver ces 32 milliards, il suffirait de revenir sur les exonérations de cotisations sociales, qui nous coûtent la bagatelle de 46 milliards d’euros !
Alors, de qui se moque-t-on ?
L’objectif est clair : sous prétexte de fatalité économique, faire de nous des serviteurs dociles du système, des assistés quémandant des miettes, des consommateurs aliénés, et tuer tout espoir d’une véritable alternative sociale et écologique.
A ce projet global de régression, nous devons opposer une forte résistance citoyenne et politique. Après les milliers, les millions de manifestants qui se sont retrouvés dans les rues le 4 et le 7 septembre, après les actions d’aujourd’hui, le 23 septembre doit servir à renforcer, à amplifier la mobilisation pour arriver à un mouvement de l’ampleur de ce que nous avons vécu en décembre 95 \ et même au-delà !
Mais la lutte pour préserver les acquis ne doit pas nous masquer les défauts de l’actuel système de retraites. Car au fil des réformes successives, ce système est devenu injuste et inégalitaire, avec :
— des inégalités entre générations,
— des inégalités entre public et privé,
— des inégalités entre branches et catégories socio-professionnelles,
— et même des inégalités au sein d’une même branche professionnelle, voire d’une même d’entreprise, tellement les statuts sont devenus morcelés.
C’est donc aussi, à très court terme, tout le système des retraites qu’une gauche digne de ce nom a le devoir de remettre à plat !
Par ailleurs, on entend dire ça et là que la croissance, ou encore une meilleure répartition des richesses ou de l’argent, suffiraient à régler le problème.
Ce n’est pas l’avis des Alternatifs, qui ont toujours intégré, à part entière, l’écologie et l’altermondialisme dans leur projet social.
Or les limites de renouvellement naturel des ressources planétaires sont déjà amplement dépassées. Et, surtout, les limites humaines de l’exploitation des peuples ne sont pas extensibles à l’infini. On oublie trop souvent, ici, que notre croissance d’Occidentaux s’est très largement faite – et continue à se faire – sur le dos de l’exploitation coloniale et néocoloniale de continents entiers.
Ces pratiques, socialement et environnementalement dévastatrices, ne peuvent plus \ et ne doivent plus durer.
Quels que soient leur pugnacité ou leur dévouement, les syndicats et les mouvements sociaux resteront désarmés s’ils ne peuvent pas s’appuyer sur de véritables projets politiques cohérents de changement global.
Ainsi, à court terme, un projet alternatif pour les retraites passe par :
— la taxation de la finance,
— une nouvelle répartition des ressources et des richesses, contre le cannibalisme capitaliste,
— le droit à un emploi reconnu et non précaire pour toutes et pour tous,
— l’élargissement de l’assiette des cotisations,
— la fin de l’exonération de cotisations sociales des heures supplémentaires,
— l’instauration de cotisations sociales sur les stock-optiONs, au même niveau que sur les salaires.
Mais pour nous, Les Alternatifs, il est aussi essentiel de mettre au cœur de la contre-offensive et du contre-projet politique :
— une réduction importante du temps de travail,
— la fin des inégalités salariales abusives, et donc le resserrement de l’éventail des salaires et des rémunérations,
— la mise en place d’un vrai revenu universel de citoyenneté, assorti de droits et de devoirs dont personne ne serait exonéré.
Il s’agit notamment :
— d’utiliser les gains de productivité pour récupérer du temps pour vivre,
— de s’attaquer à un productivisme destructeur, pilleur et gaspilleur,
— d’éviter la création artificielle d’emplois inutiles ou nuisibles sous prétexte d’occuper tout le monde,
— d’abjurer la religion de la croissance du PIB,
— de mettre la justice sociale et environnementale au centre d’un nouveau projet de société émancipateur.
Plus que jamais, nous devons reprendre nos destins en main.
En déterminant nous-mêmes ce que nous souhaitons produire, fabriquer, réparer, utiliser, consommer.
C’est ainsi que nous pourrons :
— retisser des liens de solidarité (à la place du chacun pour soi qui fait le lit de la droite, et de l’extrême-droite),
— resocialiser les salaires au lieu de marchandiser nos vies,
— retrouver une véritable souveraineté populaire, et des pratiques solidaires et autogestionnaires à la place de la dictature du fric.
Jaurès lui-même ne disait-il pas, en 1910, lors du débat parlementaire sur les retraites ouvrières, qu’il trouvait absurde de se tuer à la tâche jusqu’à un certain âge, puis de sombrer dans l’inaction à l’heure dite ?
C’est ce qui l’amenait à être partisan d’une retraite progressive.
Cette position de Jaurès pose, fondamentalement, la question de la finalité, de l’intérêt, et de la place du travail dans la société et dans nos vies.
Comment organiser la société que nous voulons ? Avec qui ? Au bénéfice de qui ?
Si nous n’avons pas le courage d’avancer des réponses claires à ces questions, si la gauche ― et les écologistes qui s’en réclament ― n’ouvrent pas de perspectives novatrices et crédibles, nous ne ferons qu’aggraver le désintérêt croissant pour la politique d’une très grande partie de la population, et en particulier des couches populaires. Un désintérêt qui, à chaque échéance électorale, s’exprime de plus en plus par l’abstention ou par le refus de vote.
Oui, l’unité de l’ensemble de la gauche politique, sociale et écologiste, est nécessaire pour faire reculer les projets néfastes de ce gouvernement et du MEDEF. Oui, il faut, dans les prochains jours, de fortes mobilisations sur les lieux de travail. Et la mise en place de nombreux collectifs unitaires et citoyens dans nos régions, nos villes et nos quartiers. Comme lors de la grande bataille victorieuse pour le NON au Traité constitutionnel.
Mais ne décevons pas.
Créons, dès maintenant, les conditions pour de véritables changements de grande ampleur.
Surtout, n’attendons pas 2012 !
Refusons le risque, qui se profile déjà, d’un non-choix entre le candidat du FMI et celui du CAC 40… dont il n’est pas sûr que les mobilisations populaires se relèveraient.
Enfin, et j’en terminerai là, le mouvement social en France est observé attentivement dans toute l’Europe. Toute victoire, même partielle, contre le diktat de la finance aurait des répercussions importantes pour l’ensemble du mouvement social européen.
Alors, tous ensemble le 23, et dans les jours qui suivront !
Ne laissons aucun répit à ce gouvernement !
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