Publié le
mercredi, 27 décembre 2017 dans
Point de vue, Social
Pour celles et ceux qui ne se tiendraient pas au courant de l’actualité, et ils ont des excuses, car nous sommes entrés dans le viaduc qui conduit des réjouissances de Noël aux festivités de la Nouvelle Année, ( quoique la culture de l’excuse, hein ? ), je m’en vais vous conter une petite anecdote qui est arrivée à un chômeur privé d’emploi toucheur de subventions en pleine villégiature dans les bois de Bonneuil-En-Valois…
Alors que ce profiteur de la manne publique se prélassait en broutant du gui et en se gavant de houx en veux-tu en Valois, un fier équipage de traqueurs de fainéants vint à passer par là…
Superbes dans leur costume traditionnel, veste sable (noire pour ceux qui ne parlent pas l’héraldique) à boutons d’or, pantalon de gueules, rouge pour les ignorants ), coiffés de la bombe de même et harnachés de leur gibecière à ordonnances, ils patrouillaient à la recherche de ces parasites qui mettent en danger tout le bel ordonnancement de notre société si civilisée, si policée, si douce aux faibles et aux laborieux, pourvu qu’ils enlèvent leur casquette quand sonne la trompe à vilains et que claquent les sabots des chevaux surmontés d’un gyrophare…
Or donc, pendant la trève des confiseurs, le chef d’équipage Gattaz, Pierre pour les dames, fine mouche s’il en fût, se doutait bien que quelque part, dans quelque fourré juridique bien camouflé sous les épines de l’aide juridictionnelle, un oisif ennemi de la société se la coulait douce en ricanant de la naïveté de ses semblables qui se saignaient aux quatre veines pour lui offrir à lui, Feignasse Cerf ( ou Serf, selon les époques ), des vacances aux Bahamas et des promenades insolentes dans les bois autour de son Agence Pôle Emploi d’attache…
D’un impérieux coup de cor, Gattaz Pierre convoqua son chef de meute Macron, dit Jupiter, qui sauta illico dans son pantalon de gueules et, droit dans ses bottes, courut fissa à son destrier de parade, entraînant à sa suite Muriel, la Diane Chasseresse titulaire actuelle du Ministère de la Chasse aux Fainéants et aux Assistés.
Déjà, dans la cour de l’Elysée éclairée aux flambeaux par les secrétaires particuliers et les stagiaires surnuméraires réveillés en sursaut, Jehan Bassère, maître-chien à la longue expérience, tenait à bout de laisse la meute hurlante de ses limiers impatients d’en découdre avec la méchante bête brouteuse de subventions publiques…
Je ne raconterai pas la longue chevauchée de l’héroïque phalange à travers le maquis législatif peuplé de zadistes sournois et de bergers rebelles à toute objurgation, aidés dans leur entreprise maléfique par des cégétistes obtus, des militants associatifs procéduriers et des opposants à toute forme de retour aux temps bénis de la chandelle de suif pour les manants et de la bougie de cire pour les personnes qui comptent dans la société…
Voilà donc notre troupe battant les fourrés dans la cambrousse, ce lieu incertain et dangereux dont le principal mérite est de fournir des sauts d’obstacle à la bonne société, et accessoirement de cadre de vie à la population ordinaire quand il y reste un bureau de poste en état de marche et une maternité pas encore fermée…
Mais voilà que les chiens donnent tous les signes d’une grande excitation : Pas de doute, ils ont senti la présence du fraudeur, du parasite, du mauvais exemple à ne pas suivre et à radier d’urgence : le Chômeur de Longue Durée !
Aussitôt, la traque s’organise : maître Bassère déboucle, et ses contrôleurs assermentés se précipitent en rugissant sur les pièces justificatives, les attestations, les décomptes, les agendas, les curriculum vitae rédigés à 160 exemplaires et expédiés en vain à des employeurs potentiels, putatifs et dubitatifs noyés sous les candidatures spontanées, eux-mêmes à la recherche éventuelle de postes de travail à créer afin de la faire fléchir un peu, cette sacrée courbe qui se hausse du col et refuse un tant soit peu de faire plaisir aux annonceurs de bonnes nouvelles anticipées, histoire de maintenir un semblant de popularité à ceux qui se risquent à prendre les manettes des affaires publiques…
A force de reniflages, de farfouillages et de recoupages, voilà que la bête tapie non loin dans un épais buisson de règlements contradictoires, se met à suer d’angoisse et émet ses effluves à portée de truffe des enquêteurs spécialement sélectionnés pour leur savoir-flaire…
Aussitôt, c’est le grand branle-bas, c’est le tumulte, c’est la chasse à cor et à cris, c’est le chômeur dix cors qui jaillit des fourrés, talonné de près par les limiers lancés à ses trousses, courant, haletant, affolé par les trompes de la renommée qui répètent à l’envi son nom et son matricule à tous les échos…
Déjà les banquiers se frottent les mains et réservent leur part de sa dépouille sous forme de frais augmentés d’agios arrosés d’interdictions diverses et de saisies conservatoires à partager fifty-fifty avec les huissiers, les loueurs de bosquets changent les serrures en prévision de son expulsion, les opérateurs téléphoniques lui coupent la chique avant qu’il n’explose son forfait…
Le voilà fait, le brigand, le gibier de potence, qui fuit à travers les friches industrielles où autrefois le travail poussait à foison, et où ne reste plus que de maigres carrés de start-up maintenues en vie au goutte-à-goutte des subventions filtrées à travers des tonnes de paperasses exsudant l’encre antipathique et la sueur bureaucratique…
En traversant le marché du travail installé sur le carreau de l’usine envolée Dieu sait où, il ne jette même pas un regard sur les stands d’annonces d’aides à domicile pour personnezagées, de vendeurs-démonstrateurs-réparateurs d’objets en panne avant d’être mis en service, de serveurs de fast-food gastronomiques, de pondeur d’appels téléphoniques en batterie ou de contrôleurs de surveillants de vigiles gardiens d’agents de sécurité, métier pourtant en pleine expansion en cette époque bénie de bienveillance de tous contre tous…
Ah, le sacripant ! Ah l’ingrat ! Au lieu de ralentir puis de s’arrêter, comme l’y enjoint la Ministre de la Chasse aux Chômeurs et aux Assistés qui s’époumone dans son cor de chasse à gyrophare, puis de fléchir le jarret afin de recevoir le coup de stylet à radiation porté par Jehan Bassère le préposé idoine, le voilà qui se met en tête de sauter la barrière des convenances et de se réfugier dans la cour de l’Agence Pôle Emploi de son village, seul service public en voie d’extension, y semant l’embarras et la confusion parmi le petit personnel qui ne sait plus à quel saint se vouer :
Prêtera-t-il main forte à son chef légitme en tenant ferme le récalcitrant par les sabots, comme le prévoit le règlement intérieur de la Maison, ou se laissera-t-il aller à son bon sens naturel, qui lui dit que le métier d’aide aux chômeurs consiste à aider les chômeurs, et pas à leur pourrir la vie sur ordre ?
Ici s’arrête mon histoire.
La suite, vous la connaissez par les journaux. Je vous renvoie à la video qui circule sur les réseaux sociaux et qui illustre cet aimable moment de convivialité dans la campagne française au début du XXI ème siècle, et qui laisse M. Hulot pantelant, à moitié étouffé par une couleuvre plus grosse que les autres….
Je soulignerai tout-au-plus que vous ne reconnaîtrez ni M. Gattaz, ni M. Macron, ni Mme Pénicaud, car ils ont gardé leur masque pour faire croire qu’ils n’ont rien à voir avec ce monde faisandé et plein de morgue. Quant à Jehan, en tant que piéton, il ne mérite pas de figurer sur la photo.
Vous ne reconnaîtrez pas non plus Feignasse Cerf (ou Serf ) qui a gardé son apparence de fier dix-cors et qui a eu la chance inouïe d’échapper au massacre d’une bande organisée grâce au courage et au sens de l’humanité d’une communauté villageoise qui sait ce que la vie en société et le respect dû aux être vivants veut dire.
Et aussi un peu grâce à internet que d’aucuns aimeraient bien faire rentrer dans le rang.
Bonne Année 2018, en espérant qu’elle soit un peu moins désespérante que la précédente…
Si cette histoire vous a plu, n’hésitez pas à la propager, elle ne contient pas de virus, sauf celui de l’insolence,
Ce qui ne fait pas forcément du mal en cette période de soumission généralisée,
Surtout de la part de celles et ceux dont c’est le métier de dire et proclamer que le Roi est nu,
Surtout quand il est nu…
Et ce n’est pas madame Lucet qui dira le contraire…
Signé : Dé dé-blog complètement
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