Publié le
samedi, 29 avril 2017 dans
Point de vue
Pour le 2ème tour, chacun.e agira en fonction de son analyse. Nous proposons d’utiliser nos bulletins A&A pour voter blanc ou nul. Tout.e adhérent.e dispose d’un « droit d’objection » et peut refuser d’appliquer une décision (à laquelle il a/elle a pris part) avec laquelle il/elle n’est pas en accord. Plus que jamais, pas de résignation : nous devons continuer d’œuvrer au rassemblement des initiatives !
Un point de vue de Mars, adhérent d’Alternatives et Autogestion Paris :
Le résultat du premier tour des élections présidentielles a été sans réelle surprise mais pas sans déception pour certains d’entre nous. Reste au deuxième tour Macron, le social-libéral, continuateur de la politique de Hollande-Valls que nous rejetons fortement et LePen, la fasciste, qui nous est étrangère.
Les deux sont insupportables et inacceptables, leurs politiques sont à combattre. Mais sont-ils pour autant à renvoyer dos à dos ?
Je me tâte. J’ai voté Chirac en 2002, après que mes camarades des Alternatifs aient fini par me convaincre. Pas facile et je me suis juré de ne pas recommencer. Et puis arrive cette élection et je trouve que la menace est encore plus proche, plus présente, plus forte. Beaucoup ne pensent pas comme moi et je me sens un peu seul, un peu en faute et un peu en tort.
J’hésite et je me demande s’il ne faut pas privilégier la lutte anti-fasciste à la lutte anti-capitaliste. Et je comprends l’avis contraire et le partage. Et cependant.
Sitôt Macron élu, la lutte reprend et il faudra combattre sa politique et celle de son gouvernement ni gauche-ni gauche. C’est sûr, on l’a démasqué.
Mais Le Pen élue, c’est une autre histoire et ça se passe sur un autre terrain avec une police très complaisante avec ce nouveau pouvoir.
Et qu’on ne me dise pas que Le Pen ne sera pas élue, c’est banaliser le Front National que de l’admettre en seconde position à cette élection comme un autre candidat.
Ne pas vouloir se salir les mains, laisser aux autres l’ignominie du choix, avoir comme dit l’autre, des pudeurs de gazelles, ne me suffit plus.
Je suis un homme, blanc, d’un certain âge, comme on dit, retraité et j’habite Paris, une ville qui n’a pas donné 5% à Le Pen. Je ne crains rien. Mais d’autres si.
Je donne des cours de français ou de conversation française, selon les niveaux, dans le cadre de l’activité d’une association d’aide aux migrants, le BAAM. J’ai donc décidé de leur donner ma voix, à eux, qui ne votent pas, mais pour lesquels, comme vous, je milite pour qu’ils votent.
Jeudi 27 avril, mon groupe comprend une dizaine de personnes, d’origine très diverses : Soudan, Népal, Guinée Conakry, Inde, Italie, Nigéria, Afghanistan. Ils sont tous et toutes très au courant des élections et ont peur de Le Pen. Je leur propose de m’aider à choisir : voter, ne pas voter, voter blanc, Le Pen, Macron. Sans hésiter et à l’unanimité ils me disent qu’ils voteraient Macron. Donc moi aussi.
Seuls ceux qui ne sont pas en faveur du droit de vote des immigrés peuvent me cracher à la gueule !
La moitié de moi les remercie et les embrasse, la moitié de moi regrette déjà de faire ce que je vais faire. Je sais donc où est mon devoir moral, je le savais déjà.
Mars
Dessins de Mars Lerouge
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