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Les violences faites aux femmes relèvent-elles des faits divers ? par Aline Chitelman

Publié le lundi, 20 mars 2017 dans Féminisme

    Presque chaque jour dans la presse, le harcèlement de rue, les agressions, les coups, les menaces, et jusqu’aux féminicides, sont reléguées à la rubrique judicière ou « faits divers ». 

Or de quoi s’agit-il en vérité ? De faits isolés ? D’abus de boisson ? D’hommes qui n’ont pas pu résister à leurs mâles instincts ? 

De par leur répétition, on peut difficilement admettre qu’il s’agisse de cas exceptionnels relevant d’un moment d ‘égarement. 

De par les explications fournies lorsque ces « affaires » arrivent au tribunal on ne peut pas déduire que la boisson soit le motif de « dérapages » qui, par pure malchance, s’en prennent aux femmes.  

Elle menaçait de Me quitter : tiens donc, la conjointe leur appartient et     partir porte atteinte leur dignité ? 

Elle avait obtenu que je ne vois plus Mes enfants : n’y a-t-il pas de motifs ayant conduit à cette mesure de précaution ? Croit-on vraiment que les violences conjugales ne sont pas aussi des violences faites aux enfants  qui assistent, impuissant-es, à cette situation, même quand ils ne subissent pas eux mêmes les violences? 

Je passe sur tous les prétextes, mieux connus maintenant, dont le conjoint violent se targue pour justifier ses violences envers Sa conjointe. 

La dernière explication ce jeudi 9 février 2017 laisse sans voix : elle ressemblait à Mon ex ! 

Ces hommes ne vivent pas en dehors de la société. Ils sont allés à l’école, ils ont côtoyé des collègues de travail, des voisin-es de palier, ils écoutent les informations à la radio ou à la télé, ils ont assisté à des matchs de foot ou joué à la pétanque. 

C’est donc bien la société toute entière qu’il convient de questionner sur ce qu’elle fait, ou ne fait pas, pour qu’on en arrive là. 

     La moindre place faite aux femmes, au travail (inégalités de salaires persistantes), dans la vie courante (c’est le rôle de la femme de faire des enfants et de faire le ménage), dans la vie politique (quelles responsabilités donne-t-on aux femmes dans les assemblées ?), dans les religions (elles continuent à construire les différences entre les sexes), dans la presse (combien de femmes expertes interrogées, de tribunes écrites par des femmes), dans les manuels scolaires (n’a-t-on pas renoncé récemment aux ABC de l’égalité?), dans les magasins (les jeux pour filles et pour garçons ne sont pas dans les mêmes rayons, bien séparés, les roses pour les unes, les bleus pour les autres) et dans l’espace public (combien de publicités sexistes diffusées?), ce déni d’égalité entre les femmes et les hommes est encore bien présent dans notre société. 

Qui pourrait croire que c’est sans conséquences sur les attitudes des     hommes et des femmes ? Quand tout montre que ceux qui dirigent actuellement notre société résistent de toutes leurs forces aux changements ? Que chaque avancée obtenue ne l’a été que grâce aux mobilisations. Et que les retours en arrière n’ont rien d’impossible, l’actualité internationale nous le démontre tous les jours. 

Alors, de grâce, n’en rajoutons pas en ramenant les violences à des « faits divers ». Une rubrique « maux de la société » serait plus appropriée. Au delà de l’actualité, questionnons-en les ressorts profonds. 

Aline Chitelman

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