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POLICE, SERVICE PUBLIC ? Mythes et Réalités . Tribune Libre Patrick MIGNARD

Publié le dimanche, 5 juin 2016 dans Libertés

 

On nous répète sur tous les tons que la POLICE est un service public,… et cela, afin de bien faire comprendre au citoyen qu’il faut la respecter. Pourtant cela ne parait pas aussi clair que pour la Sécurité Sociale ou la distribution de l’eau ! Qu’en est-il exactement ?

2096630259Définissons tout d’abord le « Service Public ». Le service public est une activité qui dépend – directement ou indirectement – de l’Autorité Publique ou qui s’exerce sous son contrôle et dont le but est de satisfaire un besoin d’intérêt général.

Retenons l’expression « … a pour but de satisfaire un besoin d’intérêt général »

Qu’en est-il de la Police ? Quel intérêt général peut-elle bien satisfaire ?

Officiellement la Police a pour fonction d’assurer l’ordre et la sécurité publique.

Qu’est ce que l’ordre et la sécurité publique ?

  • l’ordre c’est la défense et la stabilité des institutions, ainsi que la garantie du bon fonctionnement de l’appareil économique ;

  • la sécurité publique c’est la défense des biens et des personnes.

Ordre et sécurité publique peuvent-ils être considérés comme un besoin d’intérêt général ?

La question, dont la réponse peut paraître évidente, est cependant à considérer sous différents angles qui rendent la réponse beaucoup moins nette qu’il n’y parait.

L’ordre,… il s’agit de l’ordre social et politique. Issu d’un processus 2189175781_11-150x150dit « démocratique », il est instauré à la suite d’élections qui désignent les représentants du Peuple. Il ne peut être, en principe, modifié qu’au moment des consultations électorales. Si les élections ne sont pas contestées, cet ordre correspond, en principe, à l’intérêt général exprimé au moment du scrutin.

La sécurité publique,… il s’agit de la sécurité des biens et des personnes… défense de la propriété, publique et privée, et sécurité physique de tout un chacun !

Dit et considéré comme cela il n’y a pas grand-chose à contester. Pourtant, le plus étonnant c’est que, dans la réalité, les choses se passent tout autrement.

Pourquoi ?

QUAND LE MYTHE SE HEURTE A LA REALITE

239-239-large3Le lien social dominant qui fonde notre société, le salariat  est basé sur une appropriation privée des moyens de production, autrement dit une répartition inégalitaire des moyens de produire de la richesse, donc de satisfaire ses besoins. Le salarié est l’instrument utilisé par le propriétaire des moyens de production pour produire une richesse qui appartient à ce dernier. En échange de sa participation, le salarié reçoit une quantité de valeur (monnaie) qui lui permet de vivre : le salaire. Les exigences de la réalisation de la valeur par le capital (concurrence entre capitaux) et la répartition des richesses produites (rémunération des actionnaires) se heurtent en permanence au désir du salarié d’augmenter sa part (le salaire), et de vouloir un emploi pour vivre. Le salaire est considéré comme un coût par le propriétaire du capital d’où la tendance à limiter sa progression. Le « droit au travail » est en fait fonction des conditions de la production… il n’est d’ailleurs pas un droit !

L’ordre économique et social est donc fondamentalement inégalitaire et par conséquent conflictuel,… et ce, quelle que soit l’organisation du système politique qui en est le garant.

Même dans sa forme la plus « démocratique », l’organisation sociale est, par essence, conflictuelle ; cela explique que dans une société dite « démocratique » le conflit est permanent.

C’est cet ordre là que défend la Police ! Contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, sa fonction n’est donc pas du tout, socialement, neutre. Elle n’est « neutre » que si l’on fait abstraction de ce qu’est réellement le fondement de la société… ce qui serait faux et absurde.

Ainsi, la notion de « service public » de la Police prend une connotation bien singulière. C’est plus au service d’un système qu’elle est qu’à celui des intérêts des citoyens-salariés. Dans leur conflit avec le Capital, les salariés se heurtent donc inévitablement à ceux qui en défendent les intérêts, c’est à dire les policiers/gendarmes.

Qu’il y ait dans les fonctions des policiers/gendarmes des tâches y1pEtHpKE6Add9dLi6idaPyX09cFxF4dHrikC90fwQ4u2cooz_fVswAUIjv7-zZ140GaNgaosfgJSg2-225x300moins ambiguës, moins sulfureuses,… c’est évident … et l’opposition aux policiers/gendarmes porte rarement sur celles-ci. Mais en cas de conflit social, la fonction essentielle de ces forces apparaît comme ouvertement répressive et en lien avec un système exploiteur et inégalitaire. La symbolique de l’uniforme devient alors un facteur d’opposition et d’affrontement qui peuvent prendre différentes formes.

Que des policiers/gendarmes croient faire œuvre de « service public », est une évidence,… encore faut-il qu’ils prennent conscience du caractère très particulier, dans leur cas, de ce que signifie la notion de « service public » : ils sont, qu’ils le veuillent ou non, malgré une organisation qui se dit démocratique, au service d’un système, facteur d’exclusion et d’exploitation, donc de conflits et d’affrontements.

En cas d’explosion sociale ils sont en première ligne. À eux d’évaluer les risques et l’opportunité ou non d’assumer cette fonction.

      22 mai 2016                                                            Patrick MIGNARD

 

 

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