RÉGIONALES – Opinion 13 Michel COSTADAU . Tribune libre

Bravo, encore bravo. Et ce n’est pas du tout une blague. Oui on n’a que des raisons de se réjouir de cette journée électorale du 6 décembre 2015. Vraiment vous avez bien voté, je veux dire que vous n’avez pas voté et c’est ça qui est bien. Ce n’est pas le record de 2010, mais la tendance est dans le bon sens, puisqu’il y deux fois de suite moins de votants que de non-votants.

Ensuite, la minorité qui a tenu à se déplacer a fait les bons choix. C’est à dire ni pour la majorité ni pour l’opposition qui sont un seul et même parti. Ca aussi c’est très important.

De plus, vous avez marqué le coup et évité de voter pour les petits arrivistes avec des labels gauchistes, écologistes, souverainistes voire régionalistes ou divers. C’est vrai qu’on ne peut pas faire plus nul dans une élection régionale que de présenter des listes régionalistes

. A cela s’ajoute l’importance du vote protestataire qui arrive en tête dans beaucoup de régions et est conséquent presque partout. Si donc on ajoute l’abstention qui est le vrai vote contestataire et le vote protestataire on arrive à plus de 80 % des électeurs.Ce qui veut dire que 80 % des Français rejettent notre représentation dite nationale et ceux qui nous gouvernent, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition

Vous allez me dire que ça ne change pas grand-chose.

Eh bien justement si, parce que la clé c’est l’évolution des mentalités et la prise de conscience de la population. Il me semble, d’après divers articles que je suis en train de lire, que c’est en marche. Certes, c’est aussi un sentiment de désabusement et d’impuissance qui se fait jour, mais l’idée du rejet constructif des politiques avance rapidement.
En fait, si je prends la plume c’est parce que je comprends que certains d’entre vous ont, maintenant, envie de voter blanc. Je crois que l’exemple typique est PACA.

Mais c’est une très très mauvaise idée, car le vote blanc, contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’est pas un vote de défiance à l’égard des politiques, mais seulement un vote à l’aveugle pour celui, ou la liste, qui aura le plus de voix. Ce n’est en aucun cas un vote qui change le résultat du scrutin. Il permet simplement à celui qui est élu de se targuer d’une plus importante participation citoyenne. On l’a déjà dit, le seul vote de défiance à l’égard des politiques est l’abstention. Le vote blanc, je vous le rappelle, n’est pas compté dans les suffrages exprimés. Essayons d’illustrer cela.

Si l’on prend un exemple, au hasard bien sûr, on peut avoir le résultat suivant : sur 100 inscrits on a Le Pen 10 voix, PS/LR 8 voix, Blancs 0 voix. Le Pen est élu avec 55 % des voix et une participation de 18 %, ce qui nous permet de dire qu’il a obtenu 10 % des suffrages. Si maintenant nous avions Le Pen 10 voix, LR/PS 8 voix, Blancs 50 voix, Le Pen est toujours élu avec 55 % des voix mais avec une participation de 68 % et il peut dire avec 38 % des suffrages. On peut donc dire que le vote blanc renforce la victoire de celui qui est élu, alors que l’abstention l’affaiblit. Pour moi ça change beaucoup et sur une telle situation on peut rebondir plus facilement, en particulier pour la suite des événements.

Je fais aussi ce petit texte parce qu’il y a un coup à jouer dans notre région. En effet, grâce à nous tous, non-votants et minoritaires, le parti LR/PS a pris un bon coup dans l’aile et vous avez éliminé tous les petits profiteurs, Sandra 1,81 %, bravo. Maintenant il reste à finir le travail. Je sais, la formule n’est pas extraordinaire mais c’est quand même de cela qu’il s’agit. L’analyse c’est que vous n’avez vraiment pas envie de voter pour le parti PS/LR et que, après réflexion, vous n’allez donc pas voter.

C’est du moins ce que je vous invite à faire.

En effet, voter pour une liste qu’on n’aime pas pour éviter l’élection d’une liste qu’on n’aime pas, c’est se tirer une balle dans le pied avec un petit aspect schizophrénique assez intéressant. Bien sûr, comme je vous l’avais suggéré, vous n’auriez même pas dû voter au premier tour, ça vous aurait évité bien des soucis. Mais maintenant on est au pied du mur.

Je sais qu’il y en a qui n’aiment pas que je fasse l’avocat du diable, mais il faut quand même se poser les bonnes questions. En gros, ce scrutin présente une liste protestataire et deux listes gouvernementales.

Ca m’étonnerait que vous ayez envie de voter pour l’une des listes gouvernementales, et vous avez un peu peur du vote protestataire.

Alors quel sens peut avoir d’aller voter?

Est-ce qu’en ne votant pas certains ont peur qu’on leur supprime le droit de vote, ou qu’on dise qu’ils ont favorisé la victoire des protestataires, ou qu’ils n’ont pas accompli leur devoir de citoyens. Vous savez, il y a des moments où il faut entrer en résistance devant l’accaparement de notre démocratie par le seul pouvoir de l’argent.

Entrer en résistance c’est ne plus collaborer, ne plus fermer les yeux sur les bavures de nos gouvernants. C’est donc livrer une bataille contre les politiques. Ce n’est pas pareil que d’attendre les prochains chiffres du chômage.

Michel Costadau