LES « LOUPS » SONT ENTRES DANS PARIS. . . Coup de gueule de Patrick MIGNARD
Publié le vendredi, 27 novembre 2015 dans Libertés
Je n’aime pas Paris ! … sauf la « Commune de Paris »
Je n’aime pas la vie parisienne !…. sauf celle d’Offenbach !
Je n’aime pas cette ville qui en impose, qui se montre, s’affiche, domine, toise les autres,… et se prend pour « la plus belle ». « On monte à Paris,… on descend en province ».
Je ne suis pas allé à Paris depuis des années,….
Je n’aime pas m’attabler aux bistrots, déambuler dans les rues, flâner dans les magasins, pas plus que les concerts, les expositions,… et encore moins les matchs quelle que soit la forme du ballon.
Je ne suis qu’un « pauvre con de provincial »… certains diront « pauvre con » simplement. Possible, j’assume et ça me convient ! ! !
Bon, Ok me direz vous… et alors !… On n’en a rien à foutre ! ! ! !
C’est vrai, j’ai gardé ça pour moi depuis des années,…je n’ai emmerdé personne avec cette opinion, sauf quelques « copains parisiens »… je ne l’ai pas refoulée dans mon inconscient. Je vis bien avec !
Et pourtant !
Ce vendredi 13 novembre 2015, et au cours des jours qui ont suivi,… quelque chose s’est passée. Cette insouciance, ce détachement,… je dirais même ce relatif mépris que j’avais pour tout ce qui « est parisien » a, d’une certaine manière, volé en éclats. Ce n’est pas que j’ai subitement aimé tout ce que je n’aimais pas. Non !… Ce n’est pas ça, c’est beaucoup plus profond, beaucoup plus essentiel.
Cette manière de frapper, de tuer dans Paris, dans des endroits aussi anodins, aussi populaires, aussi banals, qu’un concert, des terrasses de café, l’entrée d’un stade,… a quelque chose d’insupportable au sens moral et physique du terme. Les attaques dont a été victime, ce soir-là, Paris sont une atteinte tout simplement à la vie, à la vie sociale, au choix que chacune et chacun d’entre nous a le droit de faire pour mener sa vie.
Ces lieux, ces jeunes sont devenus subitement un symbole. Quelques secondes avant, leur existence m’était imperceptible et pour tout dire indifférente,… et ils sont devenus spontanément quelque chose d’une importance considérable, essentielle. Aussi loin que je puisse être, physiquement et par la pensée, de Paris et de sa vie trépidante, je me suis immédiatement senti concerné, touché, atteint par l’innommable. Cette vie populaire parisienne, à mes yeux totalement futile, m’est soudain apparue comme, n’ayons pas peur des mots, la quintessence de la vie. On a touché ce soir là, à quelque chose de fondamental, à tout un mode de vie, à une manière d’être, à une façon d’être bien, à une recherche de prendre du plaisir, de trouver le ou un bonheur… et même si je ne les partage pas, ils appartiennent à des femmes et des hommes qui ont fait ces choix, comme moi j’ai le droit de faire les miens. La liberté de ce choix est pour moi une chose essentielle qui n’est négociable avec personne. Si la vie a un sens – que chacun/e lui donne – il est là.
C’est un crime contre la vie qui a été commis ce soir-là à Paris. Aucune cause ne peut justifier ce crime.
Je ne vois plus les concerts de la même manière, même si je n’y vais toujours pas. Je ne vois plus les bistrots de la même manière, même si je ne les fréquente pas. Ce soir-là je ne suis pas tombé amoureux de ces lieux, mais j’en ai saisi toute l’importance qu’ils représentent dans la vie sociale. Ce sont des lieux dans lesquels flotte la vie, flotte la liberté du choix d’être seul ou ensemble… ils sont donc, à ce titre, parfaitement et absolument respectables.
Ce soir là j’ai repris conscience de manière brutale que vivre différemment, être différent, aimer ou ne pas aimer des choses différentes ne nous empêche pas d’être ensembles et solidaires, d’appartenir à une même humanité.
Accepter d’abandonner la liberté de choix de vie, c’est capituler devant ceux qui ont pour mot d’ordre : « Vive la mort ».
Toulouse, le 24 novembre 2015 Patrick MIGNARD
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