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Tribune libre : 17 octobre 1961 – 17 octobre 2015 : Texte du MRAP 50

Publié le dimanche, 18 octobre 2015 dans Anti Racismes, No Pasaran !, Non classé

17octobre2012Chaque année, nous sommes trop peu nombreux à ne pas oublier les massacres du 17 octobre 1961. C’est pourtant une date qui appartient à notre histoire commune. L’instrumentalisation de l’histoire du conflit algérien alimente la guerre des mémoires. C’est sans doute la cause principale de cette indifférence. Dans le contexte actuel, c’est un constat inquiétant. En effet, le climat politique dans notre pays est singulièrement racialisé et en proie à l’islamophobie. C’est tout autant inquiétant au regard du discours politique mensonger sur l’immigration. La finalité de ce discours est largement de monter une partie du peuple contre l’autre. La finalité de ce discours est d’exciter la fraction la plus raciste et la plus réactionnaire de l’électorat. Tout au contraire, relier les questions de la vérité historique, de la paix et des migrations, permettrait aux citoyens de comprendre et de relever les défis de demain.

S’agissant du 17 octobre 1961, un fossé existe entre la vérité et une trop longue amnésie complète. Ce fossé est révélateur de la manière dont une société s’accommode, ou pas, de la violence d’Etat. Ce fossé est révélateur du mensonge. Ce fossé est révélateur des morts politiques. Ce fossé est révélateur de ce que la société fait des souvenirs. Tous les ans, nous sommes présents avec la même volonté : parvenir à une acceptation, pleine et entière, de ce qui s’est passé ce jour là. Dans l’histoire contemporaine de l’Europe occidentale, le 17 octobre 1961 a une place particulière. C’est est la répression d’Etat la plus violente que n’ait jamais provoqué une manifestation de rue. L’occultation de cette violence alimente, encore et toujours, le retour du refoulé. C’est une évidence, en France, la vérité sur la colonisation reste un combat toujours inachevé. Malheureusement ces dernières années, le refus de regarder en face le passé colonial a progressé. Cette dénégation s’explique par la soit disant « repentance », dont relèverait toute reconnaissance des exactions coloniales.

Le 17 octobre 1961 est un crime raciste hautement symbolique de la violence coloniale tout entière.

Pour réussir « l’intégration » à la République des Français issus des immigrations postcoloniales, la reconnaissance de ce crime est une condition essentielle. La République, pour être aimée de tous ces enfants, doit cesser de porter un récit national officiel d’étouffement. La République doit reconnaître que, le 17 octobre 1961, elle piétina alors gravement ses propres valeurs. La République doit permettre aux citoyens de savoir, enfin, ce qui a été commis en leur nom.

Les événements tragiques se transmettent de génération en génération. Ceux qui n’existent pas dans l’espace public, créent des divorces mémoriels et des séparations dans la société. Ces fractures peuvent être dramatiques. Sur notre sol une immigration nombreuse, d’origine maghrébine, est présente. Comment les générations montantes qui en sont issues peuvent-elles croire aux valeurs de la République, lorsque celle-ci triche aussi manifestement sur son passé ? Comment ces générations peuvent-elle trouver leur place dans l’histoire de la France, lorsque qu’une part de cette histoire, la leur, est violemment repoussée et manifestement indicible. La France a notamment hérité de sa longue domination coloniale, une représentation foncièrement raciste de son immigration maghrébine et africaine. Plus d’un demi-siècle après la fin de l’empire français, ce racisme là empoisonne toujours gravement sa vie sociale et politique. Pour preuve, la récente déclaration, indigne : « La France est un pays de race blanche ». C’est une insulte à tous ceux qui ont construit une France forte, née du mélange, de la rencontre, des chocs. Pour preuve encore, la présence le 27 septembre dernier, des élus Granvillais et notamment du député, lors de la commémoration de la défaite de l’armée française en 1845 à Sidi Brahim. 1845, c’est la période de la conquête de l’Algérie. Au 19éme siècle, elle a fait au moins un million de morts et probablement un tiers de la population autochtone ! Cette célébration est celle du pire visage d’un colonialisme génocidaire. Exalter encore aujourd’hui, 170 ans après, la bataille de Sidi Brahim et ignorer délibérément le 17 octobre 1961, est désastreux pour l’image d’une France de l’égalité. Cela nous révolte. Ceux qui célèbrent ce colonialisme là, se rendent-ils compte que bien des frustrations et des révoltes, s’enracinent aussi dans le traumatisme colonial ? Ces frustrations et révoltes sont aussi un terreau pour le terrorisme. A cela s’ajoute le fait que les populations issues de l’immigration post-coloniale, sont parmi les plus exposées aux discriminations, aux humiliations et à la précarité organisée.

L’histoire pétrifiée, l’histoire mutilée de la guerre d’Algérie, le non dit et le refoulement autour de cette période, révèlent une permanence des pulsions racistes dans notre société. Combattre ces oublis d’hier, c’est combattre le racisme d’aujourd’hui. Cette amnésie collective est aussi un vecteur puissant du racisme anti-maghrébin. Cette amnésie est venimeuse. La falsification de l’histoire conforte une extrême droite partisane et revancharde.

Pour une majorité de ceux qui ont vécu la guerre d’Algérie, ces événements, demeurent perçus comme un affaiblissement. Ils sont perçus comme une crise profonde du nationalisme politique. Nous le savons tous. Dans notre ville, la commémoration du 17 octobre 1961, cristallise rancœurs et indifférence. A Saint-Lô, une pensée dominante impose une mémoire « communautaire.» Cette pensée est nourrie par l’hypocrisie et la malhonnêteté à l’égard de ce qui touche à l’histoire coloniale. Comment ne pas s’interroger sur les motivations profondes, des associations d’anciens combattants ? S’agissant du 17 octobre 1961, engluées dans des débats surannés, ils voudraient silence et oubli ? Comment ne pas s’interroger sur l’incapacité des élus d’être des passeurs de mémoire commune ? Comment ne pas s’interroger sur leur incapacité à enterrer ce qui ravive blessures et ressentiments ? Plus de 50 ans après les événements, nous regrettons que des personnalités locales influant sur l’opinion, s’accrochent au déni de l’occultation. Eu égard à la mémoire de toutes les victimes, le souvenir du 17 octobre 1961 est un événement qui devrait transcender les clivages politiques, les appartenances familiales ou idéologiques…A moins de rester fidèle à la coupure entre colonisateurs et colonisés. Il y a aussi le pire, le poids d’une idéologie rance et raciste.

Les paroles de Jean Jaurès sont d’une actualité criante : « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire. C’est refuser de nous joindre, de nos mains et de notre bouche, aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. » Ce courage là, manque à l’âme de la ville. Ce qui depuis longtemps est à l’œuvre à Saint-Lô, ce n’est plus seulement une amnésie, une perte de mémoire. C’est une sorte d’aphasie coloniale. C’est une tendance lourde à l’occultation de la vérité. C’est une impossibilité, hier comme aujourd’hui, à reconnaître ce que l’on sait. C’est une impossibilité à en tirer les conséquences. Trop de nos concitoyens refusent encore que les peuples acceptent de regarder ensemble leurs responsabilités. Oui, l’Etat français a pratiqué l’internement arbitraire pendant la guerre d’Algérie. Oui, l’Etat français a abandonné les harkis. Trop de nos concitoyens continuent de renvoyer l’autre à ses torts, au prétexte que les français algériens étaient du côté du FLN, le 17 octobre 1961 ? Comment ne l’auraient-ils pas été quant on sait la vie intenable faite aux français algériens alors : effroyables descentes quotidiennes de la police dans les bidonvilles, vols systématiques, humiliations, y compris à l’encontre des enfants, coups, meurtres… La révolte était inévitable. Oui, concernant l’Algérie, la France a manqué à la dimension universaliste à laquelle elle doit aujourd’hui rester fidèle, notamment face au drame des migrants.

De grâce, dépassons la guerre des mémoires. Evitons tous les simplismes, tous les manichéismes. Le monde est compliqué. Le monde est brutal et plein de fureur. Le président de la République, François Hollande, a fait un premier pas le 17 octobre 2012 par un communiqué rendu public : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. » Ce premier pas important doit être suivi par d’autres. En effet, le terme de crime n’est pas repris et la responsabilité pas clairement définie. Le déni persiste encore au sein du corps social. Notre combat solitaire le prouve. En atteste le refus que soit apposée, ici, une plaque commémorative à la mémoire des centaines algériens tués le 17 octobre 1961. Une parole claire est nécessaire.

La France et l’Algérie sont deux pays qui se touchent presque. Il n’y a que la mer Méditerranée à franchir, où tant hommes, de femmes, d’enfants, sont engloutis avec leurs rêves. Il y a tant de choses entre la France et l’Algérie. Il y a tant des liens humains. Des combattants qui ont été sur le même théâtre d’affrontement, ont vécu des émouvantes scènes de réconciliation. Ces combattants là, nous donnent les clés de l’avenir. Pour solder les comptes de nos propres histoires, allons jusqu’au bout de la quête de la vérité. Il n’est pas de devoir de mémoire sans devoir de vérité. Les racines douloureuses doivent, plus que jamais, être entièrement exhumées. Les relations avec les peuples qui furent colonisés par la France, les relations avec l’Algérie sont essentielles. Nous devons privilégier la voie du dialogue, de la conviction et de l’action solidaire. Une mémoire apaisée et partagée, permettra aux peuples de lutter ensemble contre toutes les formes de discriminations, de racisme, d’islamophobie et d’antisémitisme. Au travers de la commémoration du drame du 17 octobre 1961, voilà le message de fraternité que les Saint-Lois devraient porter.

Comité du MRAP

ACCUEIILLIR, ENTENDRE, EDUQUER ET ANTICIPER.

S’agissant du débat sur l’accueil des réfugiés, nul ne peut avoir l’illusion qu’il n’est pas interpellé. Beaucoup veulent manifester, en réponse à trop de traumatismes et à trop de morts, une compassion et une solidarité concrète et ambitieuse. Cet engagement ne peut masquer une vive préoccupation. Les soutiens ne vont guère au-delà des réseaux de militants habituels. Des sondages sur le rejet des migrants inquiètent. La parole raciste agressive se libère. Des dégâts existent dans les têtes : « On va être submergés (…) On est envahi par les arabes. (…) On va nous imposer une autre culture (…) On n’a pas les moyens (…) Il faudrait mieux s’occuper de la misère en France… » Comme beaucoup d’autres, les personnes touchées par le chômage, la précarité ou proches du seuil de pauvreté peuvent être moins sensibles aux arguments humanitaires ou moraux. Une priorité doit donc demeurer. Lutter vigoureusement contre toutes exclusions qui, depuis des années, touchent nos concitoyens rejetés de la vie économique, sociale ou civique. Il convient aussi de prendre en compte les réactions d’une large partie de l’opinion publique. Tel Ponce Pilate, trop de maires du département le font en se lavant les mains. D’autres, refusant l’hospitalité, pensent qu’expulser devrait prendre le pas sur accueillir. Il est donc indispensable de développer une solide argumentation pour déconstruire les préjugés et faire reculer l’incompréhension, la peur et l’ignorance. Il y a environ 8 millions de déplacés en Syrie, 4 millions de réfugiés dans les pays voisins. De l’ordre de seulement 2000 000 ont cheminé vers l’Union Européenne. Où est l’envahissement ? S’y ajoutent les migrants venus du Kosovo, de l’Erythrée, de la Libye… L’Europe, c’est de plus de 500 millions d’habitants. Elle est confrontée à son déclin démographique. Une Europe solidaire, oubliant ses égoïsmes nationaux, est en capacité de recevoir et d’intégrer 500 000 expatriés (0,1 % de ses habitants ; 1 million serait 0,2% !). La longue histoire des migrations en atteste. 500 000, c’est la population de notre département ! En l’occurrence depuis le début de l’année 2015, seulement 314 demandes d’asile ont été enregistrées par la préfecture de la Manche. C’est-à-dire : 0,06 % de la population! Nous souhaitons qu’une majorité de Français, dans la durée, acceptent d’accueillir fraternellement des personnes en quête de paix et de protection. Nous devons donc faire connaître ces données. Contre les mensonges éhontés dire la vérité est essentiel, tout comme valoriser l’éducation citoyenne.

.Cela d’autant plus que nous nous sommes confrontés à l’inquiétante dynamique du Front National. Il est bien décidé à accroître sa conquête de l’électorat populaire, notamment au travers d’un racolage qui empreinte aux idées du socialisme. Nous ressentons tous que le F.N. mène la bataille des idées et qu’il est en passe de la gagner. Cela en irriguant notre société et les autres forces politiques de ses grands thèmes sécuritaires : anti-immigrés, anti-islam, populistes…La banalisation de ces leitmotivs est très inquiétante et inacceptable. Elle met en péril la démocratie et le vivre ensemble. Nous avons cédé trop de terrain à l’extrême droite. Nous fûmes capables de mobiliser fortement contre ses idées. Aujourd’hui, la désespérance et la colère de la population, touchée par la crise, sont récupérées par le F.N… et quelques autres. Cela pour monter les exclus contre les migrants. La mobilisation citoyenne est donc plus difficile. Contre les idées d’extrême droite, les militants que nous sommes doivent-ils subir en se cantonnant séparément dans leurs activités politiques, syndicales et associatives. Au contraire ces militants doivent-ils réagir ensemble ? Demain, ne sera-t-il pas trop tard ?

L’arrivée de réfugiés ne doit pas faire oublier les causes de cette situation. Etre solidaire par principe, par conviction, ou au nom de valeurs, ne peut dispenser de connaître le cap. Le monde d’aujourd’hui a une histoire : la traite négrière, l’épopée coloniale, l’échange inégal … Le monde va mal. Le monde est violent et la loi du plus fort y domine. La démocratie et la justice y sont bafouées. Les multinationales ont l’ambition de mettre en place un grand marché mondial, faisant fi des frontières, des particularismes ethniques, culturels et religieux. Le but des multinationales est d’écraser les capacités de résistance. Cette stratégie engendre des déstabilisations considérables. Les politiques ultra-libérales ont ouverts les frontières à l’argent roi et les ont fermées aux êtres humains. Des sommes gigantesques sont englouties dans les guerres et pour l’armement. Des sommes gigantesques sont englouties dans la lutte contre le terrorisme, englouties dans les paradis fiscaux, englouties dans la spéculation, englouties dans la corruption… Financer un développement assurant les besoins élémentaires de tous les Hommes, est parfaitement possible. Demain, contre la misère, il est parfaitement possible de construire des modèles alternatifs de développement fondés sur la justice. Demain, il est parfaitement possible de faire vivre des modèles alternatifs fondés la reconnaissance et le respect de la différence. Demain, il faut donner du sens au co-développement. Demain, il faut aider les états faillis ou les pays les plus pauvres à se reconstruire et à se développer.

Aujourd’hui, la clé du problème, c’est de mettre un terme aux raisons de départs des migrants. Ces raisons résultent d’abord de la politique des grandes puissances mondiales et régionales. Trop souvent des interventions pour éviter des catastrophes humanitaires, cachent l’ambition de mettre la main sur les richesses des peuples. Pour y parvenir, ces grandes puissances poursuivent des guerres créant le chaos. Ces guerres forcent des populations entières à quitter leurs pays. Pour servir leurs intérêts, les grandes puissances nouent des alliances avec toutes sortes de dictatures et des pays ayant des relations privilégiées avec l’islamisme radical. Cet impérialisme, ce bellicisme doivent cesser.

S’agissant de l’accueil des réfugiés, il faut aussi avoir bien conscience des questions concrètes à résoudre. Il faut avoir bien conscience de la résolution indispensable. Dans l’urgence, il faut disposer de lieux de mise à l’abri des réfugiés leur permettant de satisfaire à leurs besoins vitaux. Il faut disposer de structures où les réfugiés peuvent être reçus. Il faut disposer de structures où des contacts et un dialogue peuvent s’établir et être maintenus. Il faut disposer de structures où les réfugiés peuvent être informés de leurs droits. Il faut aider les réfugiés à effectuer l’ensemble de démarches complexes. Il faut leur apprendre notre langue… Les administrations de l’Etat sont-elles en capacité de faire face ? La coordination et le partenariat entre tous ceux concernés (services publics, associations…) sont-ils une réalité ? Ensuite, il conviendra de trouver à chaque réfugié un logement et un travail. De nombreuses études démontrent que l’immigration, à long terme, est bénéfique pour l’économie. Ne soyons donc pas frileux pour aller jusqu’au bout de l’intégration. Dans la Manche, selon « pôle emploi », fin avril 2015, il y avait 3991 projets de recrutement permanents ou saisonniers, dont 839 jugés difficiles. Pour répondre au devoir d’humanité, l’accueil exige une volonté politique sans faille de la part de la communauté internationale, de l’Union Européenne, de l’Etat, des collectivités… Pour répondre au devoir d’humanité, l’accueil les réfugiés exige un niveau d’engagement exceptionnel. Une vraie solidarité s’impose afin de permettre une juste répartition des efforts. Des décisions courageuses sont à prendre pour mobiliser des moyens humains. Des décisions urgentes sont à prendre pour mobiliser des moyens financiers suffisants et spécifiques. Sans attendre, chacun doit prendre sa part, là où cela est le plus efficace. Le plus grand péril est celui de l’indifférence. La plus grande menace réside dans un rejet xénophobe, dans le refus du plus élémentaire devoir d’humanité qui devrait habiter l’âme de chacun.

Les demandeurs de l’asile « politique » et les exilés « économiques », demain climatiques, sont victimes des mêmes drames. Ils ne disparaîtront pas de sitôt du paysage. L’alternative est souvent : soit mourir sur place, soit partir vers un voyage incertain et périlleux. L’idée que l’Europe se défende, telle une forteresse, est profondément inhumaine et irréaliste. Nous avons besoin d’une politique d’accueil organisée, digne et respectueuse. Cette politique s’impose au regard de notre responsabilité dans l’état du monde. Cette politique s’impose au regard de la tradition d’accueil de la France. Cette politique s’impose au regard de la tragédie actuelle. De plus il est urgent d’anticiper sur les migrations des années à venir. C’est la seule attitude courageuse et réaliste. Nous avons été des millions à être Charlie le 11 janvier dernier. Les consciences ne devraient-elles pas être tout autant interpellées, en considération du drame épouvantable de milliers de morts, des barbelés, des camps, des miradors, du racisme, du rejet de l’autre et de l’indifférence ? Il y a 70 ans, l’Europe était confrontée à l’accueil de milliers d’allemands et d’autrichiens fuyant le nazisme. Certains craignant une immigration étrangère, affichaient déjà leurs réticences. Cela nous scandalise aujourd’hui. Comment ignorer les terribles naufrages et exode des migrants, chaque jour à la une des médias ? Comment ignorer l’afflux massif des réfugiés dans les pays les plus pauvres ? Les générations futures ne jugeront-elles pas scandaleux les tergiversations de l’Union Européenne et les réactions xénophobes de beaucoup de Français ? D’autant que face à cet afflux, en 2014, le Haut Commissariat aux Réfugiés n’a reçu que la moitié des 6,2 milliards dont il avait besoin !

Traduisons en actes les mots qui ont été ceux de la chancelière Merkel : « Je plaide pour que nous ne reculions pas devant ce défi, pour que nous l’acceptions et que nous réussissions à en tirer parti pour tous. » La vérité c’est qu’aux yeux du monde et des damnés de la terre, la France a brisé son image de patrie des droits de l’Homme. Les paroles de Philippe Bas, sénateur, président de la commission des lois, président du conseil départemental, en sont la triste illustration : « Nous ne pouvons pas être les mieux disant pour l’accueil des étrangers en Europe, nous voulons au contraire être les plus sévères. » L’Allemagne est disposée à accueillir 800 000 réfugiés. La France chipote sur un quota de 24 000 réfugiés supplémentaires…en deux ans ! Nous sommes engagés pour le respect des droits humains fondamentaux. Cela nous fait honte. Nous nous souvenons-nous que notre pays a su faire face à l’exode de masse, en 1962, de 800 000 rapatriés d’Algérie ! Recueillons-nous un instant en pensant aux milliers de migrants, abusés, tués, noyés, alors qu’ils étaient en quête d’une vie meilleure. Leur vie n’a pas moins de valeur que la notre.

A Saint-Lô le 17 octobre 2015

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