Défendre notre paysage et notre politique alimentaire contre le « marché » de prédations. Michel BESSON & William ELIE
Publié le mercredi, 26 août 2015 dans Agriculture
Défendre notre paysage et notre politique alimentaire contre le «marché» de prédations
De retour de Millevaches jusqu’aux sources de la grande dépression agricole estivale, petit panorama historique de l’effondrement orchestré savamment par la FNSEA.
En à peine plus d’un demi-siècle, la France a connu de profondes mutations (économiques, démographiques, sociologiques…) et notamment dans le monde agricole : aujourd’hui, il y a moins de 600 000 exploitants agricoles en France, représentant à peine 4 % de la population active alors qu’ils étaient 10 millions d’actifs agricoles en 1945. Aucun autre secteur économique n’a connu une régression d’emplois aussi massive. La révolution verte liée à la mécanisation, à l’emploi d’engrais de synthèse dans l’agriculture, a conduit à une hausse importante de la productivité et à une concentration des terres au sein de quelques grandes fermes d’exploitations agricoles. La motorisation a transformé radicalement les méthodes de travail et les paysages par le remembrement.
Pourtant la crise structurelle que vit le monde agricole témoigne de la faillite des politiques de développement agricole, celle de l’endettement permanent et de la crise du logiciel productiviste, facteur d’érosion, de l’artificialisation et de l’épuisement des sols. La détresse des paysans masque la fuite en avant des systèmes de production et impasses sociales et environnementales. Le modèle agro-exportateur qui entretient l’illusion de «nourrir le monde» est révolu, celui-ci nous rend dépendant de la loi du marché qui broie l’emploi et siphonne les revenus. L’âge moyen des paysans est de 50 ans, leur nombre diminue de 3 % par an, les revenus sont faibles (80% autour du SMIC), l’accès à ce métier est de plus en plus difficile pour les jeunes candidats avec les barrières foncières et de transmissibilité.
Pourtant sans paysans, il n’y aura plus d’autonomie alimentaire en France et donc plus de pays !
Les agricultures de firmes entrent en contradiction avec le principe de souveraineté alimentaire qui permettrait aux peuples de se nourrir eux-mêmes. Elles encouragent le dumping social avec des conséquences sur les prix et la qualité du bœuf et du porc, par application de la loi du pays d’origine, des salariés roumains polonais ou autres qui travaillent dans les élevages industriels intensifs d’Allemagne à 7 euros l’heure. Pire, les terres roumaines sont rachetées par des financiers collectant des subventions pour le bio et spoliant les petites exploitations familiales.
Le paysan est par essence producteur d’aliments et façonneur de paysages. Pour gagner la bataille des idées aujourd’hui, il nous faut remplacer les agricultures productivistes dévoreuses d’argent public et retrouver une autonomie sur nos décisions politiques plutôt que de revendiquer le «manger français» cher aux industriels.
Les productions en signes de qualité, en AOP, artisanales et d’origine fermières, en agriculture biologique, en circuits de proximité, souvent maintenues en niches économiques doivent être soutenues par des politiques publiques éloignées des lobbys agro-industrielles.
Notre identité alimentaire et culinaire au service du plus grand nombre doit être une réponse aux logiques libérales européennes (PAC) destructrices d’emploi et de biodiversité.
En encourageant des systèmes de production durables et autonomes qui tendent à la satisfaction des besoins humains en respectant la terre et le travailleur par la valorisation des ressources des agro- éco-systèmes qui ne coûtent rien à la collectivité.
Alimenter la volonté politique tout simplement et refonder notre culture (d’exception) de terroir !
Michel Besson-William Élie-
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