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De l’Obsolescence de la gauche classique … Pierre Zarka

Publié le dimanche, 13 octobre 2013 dans Autogestion, Gauche de combat, Point de vue

Nous publions ce texte de Pierre ZARKA (ACU / FASE / Front de Gauche) qui interpelle la gauche – et pas seulement le Front de Gauche – sur le sens de notre combat. Combat contre ce qui se vit aujourd’hui, combat Pour ce qui est à bâtir . . et comment !

IMG_6218Je pense que le problème qui est devant nous est peut-être encore plus profond que ne le laissent supposer les aléas et coups de gueule.

Pierre Khalfa note avec  raison que depuis la période électorale le FdG a du mal à trouver un second souffle. A mes yeux, nous avons besoin de creuser davantage ce qui dans la vie politique traditionnelle est en passe d’obsolescence. Si on se résume :

la vie politique consiste pour l’essentiel à ce que ses étapes se confondent avec les délégations de pouvoir offertes aux représentants lors des moments électoraux et entre deux élections, le mouvement social met en avant ce qui ne va pas et les «politiques» tentent à partir de ces mouvements et de leurs propres campagnes «d’explications» d’accumuler les audiences nécessaires aux prochaines élections.

Le PC et le PG n’ont, en gros, pas dépassé ce cadre.

Pour le PC reste un zeste de tentation de faire pression sur le PS comme il le fait depuis 1965.

Pour le PG la tentation est grande de viser à substituer à l’audience du PS, la sienne.

La répétition que cela représente ne fait que souligner aux yeux des gens que ce qui ne marchait déjà pas au terme des années quatre-vingt du siècle passé, ne marchera certainement pas aujourd’hui.

Et le mouvement syndical fait entendre sa protestation devant chaque fermeture d’entreprise. Mais la dénonciation ne change en aucun cas le rapport des forces : les capitalistes savent la nocivité de ce qu’ils font et il n’existe personne pour accepter de gaieté de cœur de voir sa retraite baisser.

Mais la question est à la fois comment faire autrement et QUI peut imposer de faire autrement ?

Comme elle n’est guère posée, en tout cas dans des termes qui en font leur participation à la vie politique, il ne reste au mécontentement que, soit le sentiment d’impuissance, soit le sentiment que seul le FN sort des sentiers archi-battus.

Or il n’y a aucune fatalité à ce que le ressentiment à l’égard du capitalisme ou du PS profite à l’extrême-droite. Notons qu’il n’y a pas que le FdG en panne si on regarde la planète. Une question de changement d’époque politique est immédiatement devant nous.

Les deux, PC et PG – et peut-être nous (FASE, ndlr) aussi – font l’impasse sur la nécessité d’un changement complet d’optique (de paradigme disent les savants).

1. La force transformatrice est-elle le « bon » parti politique ou est-elle à l’intérieur des mouvements et luttes ; non pas tels qu’ils se définissent aujourd’hui mais en changeant de nature : c’est-à-dire en se fixant pour objet que sur le terrain, ils substituent au pouvoir du capital ou de l’Etat leur propre pouvoir ?

2. Ne croyant pas qu’un tel bouleversement puisse se produire spontanément, sans bataille politique, le FdG ne devrait-il pas avoir pour objet de participer à ces luttes en tentant d’y « injecter » les questionnements et débats qui participent de ce changement de nature ?

Que faisons-nous avec le fait que la productivité du travail ait doublé depuis 1960 et ait augmenté de 50% depuis 1980 ?

Que faisons-nous des 91 milliards d’Euros transférés dans les dividendes ?

Qui doit diriger l’économie ?

Y a-t-il sur la planète pénurie et faut-il du « chacun pour soi » et, donc, de la compétitivité, ou y a-t-il déjà largement de quoi faire une place à chacun(e) … mais qu’est-ce que cela suppose comme égalités et comme prise de pouvoirs ?

Le XXème siècle nous a laissé l’échec de l’étatisation, les »libéraux » en font leur choux gras, mais l’étatisation est-elle la seule alternative à la dictature des actionnaires ?

Le FDG dit qu’il est avec les syndicats. Très bien : alors faut-il réclamer ou déjà faire ?


Pourquoi les seuls à braver la loi sont les maires qui refusent le mariage pour tous et les boîtes qui veulent imposer le travail du Dimanche ?

L’IVG a-t-il été obtenu seulement en le réclamant ou parce que des femmes et des médecins, en passant à l’acte sont devenus force d’imposition du débat dans le pays ? ETC….

Le FdG a largement les forces d’impulser un tel type de vie politique ; le problème est qu’il le veuille.

Le PC sent bien qu’il ne refera pas la gauche plurielle mais il ne cherche pas de stratégie nouvelle.

Le PG reste dans les clous du traditionnel.

Qui au sein du FdG, et donc publiquement, va poser la question de l’urgence de tels changements dans la vie politique et sur le terrain ?

A mes yeux, ce type de problématique est incontournable.

Bien à vous.

Pierre

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