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Notre-Fric-des-Landes

Publié le dimanche, 4 novembre 2012 dans Ecologie, Gauche de combat, Les Alters dans les luttes, Point de vue

Nous publions ici un article d’Hervé Kempf, (Le Monde 3 novembre ). Il s’appuie sur Le projet Inutile d’aéroport de Notre Dame des Landes, mais résonne fortement pour les opposants au Projet Autoroutier CASTRES – TOULOUSE :


Je discute avec un haut fonctionnaire. Il est honnête, conscient de ses responsabilités, soucieux de la République. Il explique pourquoi il est légal d’expulser les occupants de la zone où est projeté un aéroport, à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). La loi est la loi, il doit la faire respecter. Par ailleurs, me dit-il, « les partenariats public-privé, la privatisation des autoroutes, ça me révolte ».

Je réfléchis. Le projet est censé être réalisé sous une forme de partenariat public-privé, la « délégation de service public » par l’entreprise Vinci, qui avait bénéficié en 2005 de la privatisation à bas prix des autoroutes. Or, le préfet de Loire-Atlantique entre juin 2007 et juillet 2009, Bernard Hagelsteen, travaille maintenant chez Vinci Autoroutes. M. Hagelsteen avait préparé l’ »avis d’appel public à la concurrence » des firmes intéressées à réaliser l’aéroport, publié le 5 septembre 2008. Quatre groupements d’entreprises, dont Vinci, ont été habilités à y répondre en mars 2009.

Cependant, M. Hagelsteen a quitté la préfecture en juillet 2009, pour rejoindre la Cour des comptes. Ce n’est qu’en juillet 2010 que Vinci a été désigné comme concessionnaire du projet aéroportuaire. Le préfet ne semble donc pour rien dans ce choix. C’est ensuite, en avril 2011, qu’il a rejoint la société Vinci Autoroutes. Il y est conseiller du président.


Je lui téléphone. « Je voulais un travail plus actif, dit-il. Quand j’étais à la Cour, j’ai contacté diverses entreprises de transport, et Vinci a été intéressée par mon profil professionnel. Il n’y a aucun lien entre ce que j’ai fait comme préfet et ce que je fais ici. » Son transfert, visé par la commission de déontologie des fonctionnaires, est légal. Il me dit que « les autoroutes ont beaucoup de raisons d’avoir des contacts avec des décideurs publics ».

Mais ces contacts doivent-ils conduire au passage des hauts fonctionnaires vers le secteur privé ? N’est-ce pas là un sûr moyen de créer des conflits d’intérêts, une confusion entre l’esprit de service public, qui doit animer les agents de l’Etat, et la recherche du profit, qui ne saurait guider les choix collectifs ? L’hybridation entre milieux économiques et milieux de la décision publique a tout lieu de saper la confiance des citoyens dans la loi. Ce doute légitime explique aussi pourquoi les projets d’aéroports, de LGV et d’autoroutes, dont la rationalité économique est souvent fragile, sont vivement contestés

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