Culture : Kafila et Toni Gatlif
Paru dans le numero 68 de Confluences.
Kafila et Toni Gatlif: deux rencontres clés de l’été
Nous avons rencontré Toni Gatlif, au lendemain de son spectacle « Vertiges », dans une « causerie sous les arbres » d’un jardin de Lodève. Timidement, il nous a relaté son passé de petit gitan pauvre et analphabète en Algérie, son exil en France, sa vie de délinquant et enfin, sa rencontre avec Michel Simon qui allait être le déclencheur de sa carrière au théâtre et au cinéma; tout le monde connaît maintenant le réalisateur de « Gadjo Dilo », d' »Exil », de « Vengo » et plus récemment de « Transylvania », la musique est toujours omniprésente dans ses films et dans « Vertiges » c’est sur scène qu’il a porté cette musique: flamenco, tsigane, soufi, orientale ; pour rompre la distance avec le public, il dissimule sur scène, tout l’appareillage de sonorisation (les retours sont dissimulés par des nappes et les chanteurs munis de micros portés presque invisibles); le plateau se transforme ainsi en une sorte de taverne où les spectateurs n’ont aucun mal à s’inviter. Les artistes ne sont pas forcément de grandes vedettes, c’est dans les quartiers populaires des villes, comme à Perpignan, que Toni Gatlif est allé les chercher, et attentif à tous les talents, il a donné leur chance à de jeunes chanteurs et danseurs qui forts de leur mission se sont donnés corps et âme. Le spectacle est réussi et malgré la joie des danses, parfois empreint de la mélancolie d’un peuple qui n’en finit pas de souffrir.
Benoît Tisserand, directeur du festival de Briatexte, nous a permis de rencontrer le leader du groupe Kafila, Lakdar Hanou.
Confluences : j’ai entendu dire que vous étiez originaire de Graulhet ; pourriez-vous raconter votre parcours?
Lakdar Hanou : j’étais animateur culturel à Graulhet et guitariste amateur et un jour, j’ai rencontré un joueur de oud et à partir de ce moment là, le oud ne m’a plus quitté, je me suis alors intéressé aux musiques des pays arabes surtout du Caire et de Damas mais aussi de tout le Maghreb, du Liban et de la Syrie; j’ai rencontré ensuite d’autres musiciens de diverses origines, au violon, aux percussions et au qanun, cette sorte de cithare sur table; je suis jaloux de lui car il a 73 cordes à jouer!
Confluences : on parle de musique traditionnelle, classique… La plupart du temps, le terme de musique classique est réservé à la musique occidentale, que diriez-vous pour la vôtre?
Lakdar Hanou : je parlerai de musique savante; son origine est le maqâm qui est une manière de penser la musique dont une des origines est dans le chant du muezzin mais cette musique ne se cantonne pas au cadre religieux. Cette musique est maintenant écrite mais dans le passé, elle obéissait à un système de pensée qui l’inscrivait dans un cadre rigoureux.
Confluences : j’ai vu le public réagir à votre musique classique, savante… beaucoup de personnes dansent, notamment des jeunes, ils y adhèrent à fond?
Lakdar Hanou : les jeunes ont plutôt l’habitude d’écouter du raï, mais avec notre musique, ils retrouvent des rythmes, des codes culturels. nous jouons aussi des musiques récentes.
Nous avons ensuite écouté Kafila sur la place aux couverts de Briatexte; l’ambiance était au rendez-vous, plus encore qu’à Aussillon, nous avons eu, en plus, la joie de découvrir, Djamila, la bien nommée, magnifique danseuse inspirée et qui en a fait rêver plus d’une et plus d’un, ce soir là, par la souplesse de son corps qui répondait si bien au discours des instruments et par ses tenues colorées et scintillantes.
Si vous voulez connaître la date des concerts de Kafila : myspace.com/kafilanet
Propos recueillis par Danièle MARC et Claude COQBLIN
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