Éducation et autogestion
Éducation et autogestion
Nous vous proposons aujourd’hui une contribution au projet autogestionnaire des Alternatifs, rédigée par la Commission Education des Alternatifs
Le rôle de l’école et de l’éducation est essentiel à tous égards : notre projet autogestionnaire pour l’Ecole et l’Education s’appuie sur les luttes émancipatrices menées, démocratiques, sociales, féministes et écologistes et intègrent les expériences alternatives concrètes déjà en cours ou celles à promouvoir, notamment au sein de l’institution scolaire :
◦pour changer les représentations liées au genre dans la société.
Les différences liées au genre sont construites, dès le plus jeune âge, par la société et son relais l’école. Le capitalisme s’appuie sur le patriarcat pour imposer une vision dominatrice du masculin sur le féminin. Les inégalités reconnues sur la place des femmes dans le monde du travail sont une traduction économique de la place prépondérante accordée aux hommes dans la société patriarcale. Il importe de valoriser les tâches liées à l’éducation au sens large, de façon à inciter les hommes à prendre leur part des soins apportés aux enfants.
◦pour commencer l’apprentissage de l’autogestion.
L’exemple des classes autogérées (Freinet, pédagogie institutionnelle, …) doit être développé car l’autogestion ne se décrète pas, elle se vit et se construit pas à pas. Très tôt, dès le plus jeune âge de la scolarisation, l’apprenant-e-, grâce à la mise en place de pédagogies coopératives, devient acteur/actrice de sa formation et dispose de droits à la fois en tant que personne (Droits de l’Enfant, droits reconnus et effectivement mis en œuvre) et en tant qu’élève : Cela passe nécessairement, sous une forme appropriée selon l’âge, par un statut nouveau du jeune en formation dans l’organisation de l’établissement scolaire , une implication nouvelle de l’apprenant-e, dans le choix , l’organisation, la gestion des tâches , des apprentissages et des évaluations selon des critères réellement formateurs. C’est par la mise en place, dès le début de l’activité scolaire, de la coopération et l’association dans les activités et les apprentissages que la méritocratie républicaine individualiste sera progressivement battue en brèche et remplacée par une éducation civique vécue collectivement au quotidien L’autogestion à l’école suppose également que les enseignant-e-s abandonnent le pouvoir qui leur est donné par l’institution, leur volonté de maîtrise sur les situations pour créer les conditions pour que naissent et se développent les activités et ce qu’elles contiennent d’évolution et d’apprentissage potentiels. L’autogestion à l’école, c’est la prise en compte de la singularité de chacun-e mais c’est aussi l’existence d’un groupe, lieu d’expression, de communication, d’échanges, qui vit et s’enrichit des apports singuliers et enrichit et instruit chacun-e, groupe en processus permanent d’évolution et d’auto-organisation
L’institution scolaire visera à doter le futur citoyen, la future citoyenne d’un socle ambitieux de culture commune de façon à permettre l’apprentissage nécessaire à l’exercice d’une citoyenneté autogestionnaire. Cela suppose d’une part un travail de mise à jour des disciplines enseignées à l’Ecole, tant du point de vue de leur contenu que de la liaison entretenue les unes envers les autres, et d’autre part un élargissement des questions enseignées : L’enseignement ne peut plus ignorer les questions ,les menaces les urgences qui se posent actuellement aux sociétés et il devra s’ouvrir à d’autres domaines ( le rapport des sociétés humaines à leur environnement, le développement écologique et social des territoires humains, les domaines de la santé, le droit et les sciences politiques peuvent être cités ici)
Enfin un service public d’Education autogéré sera mis en place : devront nécessairement figurer dans les 1ères mesures :
◦Des effectifs permettant de travailler correctement (pas plus de 25 élèves par classe ou groupe)
◦Une réintroduction de la carte scolaire, contraignante et réorganisée de façon à assurer une réelle mixité sociale .Les orientations ayant conduit à la création des ZEP sont remises en vigueur sur la base de projets, à partir d’un territoire, de lutte contre l’échec scolaire : Baisse significative du nombre d’élèves (pas plus de 20 par classe) ,moyens supplémentaires significatifs, équipe volontaire disposant de réels pouvoirs d’autonomie, sans hiérarchie administrative et pédagogique, en lien avec des équipes de chercheurs et de chercheuses et dans le cadre d’un pilotage national ouvert aux expérimentations pédagogiques.
◦L’ensemble des partenaires éducatifs (salarié-e-s de l’Education, organisations syndicales, associations de parents d’élèves, organisations de jeunes, mouvements et associations pédagogiques, collectivités territoriales elles même autogérées) auront voie délibérative sur toutes les décisions de transformation de parcours, de filières, de structures qui seront radicalement réorganisés pour permettre
◦la mise en place de structures d’autogestion dans chaque établissement scolaire
◦les réponses pédagogiques appropriées à l’échelon local dans le cadre d’objectifs nationaux pour prendre en compte à la fois les besoins, les motivations et profils d’élèves et les spécificités culturelles, socio-économiques locales et régionales
◦la mise en place du travail en équipe des enseignant-e-s en lien avec les recherches pédagogiques portant notamment sur les processus d’apprentissage et les chercheurs/chercheuses en Sciences de l’Education
◦Abrogation de la contre-réforme actuelle de la formation des enseignants et mise en place d’une organisation alternative de la formation des enseignant-e-s en lien avec les IUFM et dans laquelle les enseignant-e-s stagiaires sont co-auteur-e-s de leur formation
Les Alternatifs considèrent comme une avancée l’appel de Bobigny signé par une cinquantaine d’associations, de syndicats qui , par ses propositions, permet d’ouvrir un débat national sur l’Ecole pour 2012.
Ils apportent également un soutien critique au Pacte pour une Société Educatrice Décentralisée dans la mesure où celui-ci appelle à une transformation importante des pratiques pédagogiques qu’il propose d’expérimenter à grande échelle par des enseignant-e-s et des collectivités locales volontaires. En même temps la transformation de l’Ecole nécessite, à l’intérieur même du service public d’Education, initiatives pédagogiques, débats larges avec tous les acteurs/actrices concernés et luttes offensives d’ampleur afin d’avancer simultanément vers un nouveau statut des apprenant-e-s, une transformation des contenus et des méthodes d’enseignement et une transformation radicale dans l’organisation des structures scolaires, incluant notamment la réorganisation du travail enseignant basée sur le travail en équipe et la concertation intégrée aux services. C’est donc aussi à l’échelle nationale, et pas seulement « par le bas », qu’il faut changer l’Ecole : or, cette dimension est absente de cet appel.
C’est, enfin, dans l’optique d’une transformation radicale et autogestionnaire de l’Ecole que les Alternatifs soutiennent les projets et expériences à dynamique alternative ayant pour objectif de sortir d’un système éducatif sélectif, individualiste et compétitif qui caractérise l’école capitaliste réduite à une simple préparation au marché de l’emploi
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