Samedi 12 octobre : Cercle de Silence MAZAMET
Publié le mercredi, 9 octobre 2013 dans Anti Racismes, Communiqués de Presse, No Pasaran !, Point de vue, Social
Lampedusa : l‘Europe assassine
Le nouveau naufrage dans lequel ont péri ou disparu, tout près de l'île de Lampedusa, au moins 300 personnes parmi les 500 passagers dun bateau en provenance de Libye, n'est pas dû à la fatalité.
En 2010, au même endroit, deux naufrages simultanés avaient provoqué près de 400 victimes. En 2009, 200 personnes se sont noyées au large de la Sicile.
Pour les seuls six premiers mois de l'année 2011, le HCR estimait à 1 500 le nombre de boat people ayant trouvé la mort en tentant d'atteindre les rives de lîle de Malte ou de lItalie. Depuis le milieu des années 90, la guerre menée par l'Europe contre les migrants a tué au moins 20 000 personnes en Méditerranée. :La guerre ? Comment nommer autrement la mise en place délibérée de dispositifs de contrôles frontaliers destinés, au nom de la lutte contre limmigration irrégulière, à repousser celles et ceux que chassent de chez eux la misère et les persécutions ?
Ces dispositifs ont pour nom Frontex, l‘agence européenne des frontières, qui déploie depuis 2005 ses navires, ses hélicoptères, ses avions, ses radars, ses caméras thermiques et bientôt ses drones depuis le détroit de Gibraltar jusqu'aux îles grecques pour protéger l'Europe des « indésirables ». Ou encore Eurosur, un système coordonné de surveillance qui, depuis 2011, fait appel aux technologies de pointe pour militariser les frontières extérieures de lUnion européenne afin de limiter le nombre d'immigrants irréguliers qui y pénètrent. Comment nommer autrement la collaboration imposée par l'Europe aux pays de transit des migrants Libye, Algérie, Tunisie, Maroc afin qu'ils jouent le rôle de garde-chiourmes et les dissuadent de prendre la route du nord, au prix de rafles, arrestations, mauvais traitements, séquestrations ? Plus spectaculaire que dhabitude par son ampleur, le nouveau naufrage de Lampedusa n'a pas manqué de susciter les larmes de crocodile rituellement versées par ceux-là même qui en sont responsables. A la journée de deuil national décrétée par lItalie pays dont les gouvernants, de droite comme de gauche, n'ont jamais renoncé à passer des accords migratoires avec leurs voisins proches y compris lorsquil s'agissait des dictatures de Kadhafi et de Ben Ali pour pouvoir y renvoyer les exilés, font écho les déclarations de la commissaire européenne aux affaires intérieures, qui appelle à accélérer la mise en place dEurosur, destiné selon elle à mieux surveiller en mer les bateaux de réfugiés.
Où s'arrêtera l'hypocrisie ? Peu despaces maritimes sont, autant que la Méditerranée, dotés d‘un maillage d'observation et de surveillance aussi étroit. Si le sauvetage était une priorité comme le droit de la mer l‘exige déplorerait-on autant de naufrages entre la Libye et Lampedusa ? Déjà sont désignés comme principaux responsables les passeurs, mafias et trafiquants d'êtres humains, comme si le sinistre négoce de ceux qui tirent profit du besoin impérieux qu'ont certains migrants de franchir à tout prix les frontières nétait pas rendu possible et encouragé par les politiques qui organisent leur verrouillage.
Faut-il rappeler que si des Syriens en fuite tentent, au risque de leur vie, la traversée de la Méditerranée, c'est parce que les pays membres de lUE refusent de leur délivrer les visas qui leur permettraient de venir légalement demander asile en Europe ? On parle de pêcheurs qui, ayant vu le navire en perdition, auraient continué leur route sans porter secours à ses passagers, et des voix sélèvent pour exiger quils soient poursuivis et punis pour non assistance à personne en danger.
A-t-on oublié quen 2007, sept pêcheurs tunisiens accusés d‘avoir « favorisé l‘entrée irrégulière d‘étrangers sur le sol italien »ont été poursuivis par la justice italienne, mis en prison et ont vu leur bateau placé sous séquestre parce quils avaient porté secours à des migrants dont l‘embarcation étaient en train de sombrer, les avaient pris à leur bord et convoyés jusquà Lampedusa ?
Non, le drame de Lampedusa nest pas le fruit de la fatalité. Il nest dû ni aux passeurs voraces, ni aux pêcheurs indifférents. Les morts de Lampedusa, comme ceux dhier et de demain, sont les victimes dune Europe enfermée jusquà l'aveuglement dans une logique sécuritaire, qui a renoncé aux valeurs qu’elle prétend défendre. Une Europe assassine.
Clémence RACIMORA Pôle Solidarités Internationales La Cimade 64 rue Clisson 75013 Paris
tél : 01 44 18 60 74fax: 01 45 56 08 59
Voilà pourquoi samedi 12 octobre, comme tous les 2èmes samedis de chaque mois, nous crierons en silence notre volonté que le gouvernement français, que l'Union Européenne accueille dans la dignité les hommes et les femmes qui demandent notre protection.
Cercle de Silence de MAZAMET, au milieu du marché, quai de l'Arnette de 10h30 à 11h30
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