Brèves, insuffisantes remarques sur « La règle verte ». Pour l’éco-socialisme
Notre camarade Alain VERONESE interroge ici un « oubli » majeur des interventions de Jean Luc MELENCHON : la Réduction (féroce) du Temps de Travail. Il s’agit d’un axe essentiel de notre projet « Rouge et Vert »
Il s’agit de la compilation de diverses interventions de Jean-Luc Mélenchon (salon Marjolaine, meetings de campagne électorale, Forum alternatif de l’eau, blog…).
Le co-président du Parti de Gauche, est depuis longtemps un professionnel de la politique, il connaît la musique et sait tourner la rhétorique en fonction de l’auditoire. La séduction pour être efficace se doit d’aligner les formules dont l’interprétation est laissée aux auditeurs. Il faut lire attentivement pour saisir que le Smic à 1 700 euros, entrainera une hausse généralisée des salaires,… ce dans une logique de décroissance sélective, en certains secteurs (la publicité, l’armement). Pourtant, le Rafale est une réussite technique, dont on peut être fier… Les automobiles seront écolos sous la VI ième République, le nucléaire devrait être choisi ou refuser par référendum (contrairement aux prévisions de l’auteur, la fusion du cœur des centrales de Fukushima, n’a pas – pas encore – eu lieu).
Une agriculture de qualité exige la reconversion (ou la formation) de nouveaux agriculteurs (plutôt « bios »), les propositions de la confédération paysanne, et le scénario « Négawatt » peuvent permette de créer un million d’emplois. Mélenchon place dans la formation professionnelle beaucoup d’espoirs, le chômage n’est pourtant pas principalement dû au manque de formations des demandeurs d’emplois…
La vraie question, la réforme radicale (qui induit une rupture culturelle avec le productivisme mental, intériorisé…), à savoir : la réduction (féroce) du temps de travail est systématiquement « oubliée », occultée. C’est grave. Ce qui est oublié est, dans tous les cas sans exception le plus important (S. Freud). Dans un n° récent de « La vie est à nous », à la question de Paul Ariès : « vous ne parle pas beaucoup de la réduction du temps de travail ? » En esquivant, mais prolixe, Mélenchon de faire valoir que la revendication du maintien des 35 h effectives et de la retraite à 60 ans, c’est une réduction du temps de travail et à l’échelle de la vie… Insuffisant, nettement, dangereusement, mollement réformiste. Une mauvaise mesure, au mauvais moment augure du pire. Avec plus de 5 millions de chômeurs, pour une population active de 28 millions, le travail, les revenus doivent être impérativement partagés, la croissance constante de « l’armée industrielle de réserve » est lourde de dangers. (1).
La curiosité philosophique (réelle) de Mélenchon devrait le mener à lire ou relire H. Arendt : « Nous nous dirigeons vers une société de travailleurs sans travail. On ne peut rien imaginer de pire ». André Gorz, a semble-t-il forte réputation chez certaines personnalités du Parti de Gauche (I. Illich, également), plus difficile à faire passer dans la composite culture du Front de Gauche, où certains croient encore aux vertus salvatrices de la croissance (absente autant qu’impossible et non souhaitable). Nonobstant, avec un peu de fermeté stoïcienne (l’antique philosophie préférée de Mélenchon qui cite Sénèque), la bataille idéologique vaut d’être menée, elle sera rude, mais c’est un préalable à toute « planification écologique ». Car, « il n’y a pas de vent favorable, pour qui ne sait où il va ».
C’est une citation d’un stoïcien modeste : Epictète, qui fut esclave avant d’être maître à penser d’un empereur, Marc Aurèle.
Alain Véronèse.
1 – En Italie, la mouvement 5 étoiles, par la voix de son leader Deppe Grillo (un populiste spaghettis), revendique la semaine de 20 h. En Allemagne, une association d’économistes plaide pour le semaine de 32 h immédiate…
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