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samedi, 16 juin 2018 dans
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Aujourd’hui 15 conventions agricoles viennent d’êtres signées sur plus de 170 ha. Celles-ci concernent la majeure partie des terres que le mouvement a mises en culture pendant la lutte contre le projet d’aéroport. Elles se relient à la quasi totalité des lieux de vie encore debout. Ces conventions singulières continuent de se baser sur les liens tissés pendant la lutte et sur la perspective d’un horizon commun.
L’implication dans chaque projet représente bien plus que les signataires individuels : nous partons toujours des connections entre chaque activité et de la dimension collective de leur mise en œuvre.
Six des projets agricoles inscrit dans la démarche commune n’ont pas été jugé immédiatement « conventionnables ». Quatre parce qu’ils concernaient des parcelles, considérées comme « conflictuelles ». Deux autres parce que l’activité projetée sur les parcelles n’avait pas encore démarré au moment du comité de pilotage de mai.
Le gouvernement s’est engagé aujourd’hui par écrit auprès des porteurs.euses de projets qui n’ont pas encore signé de convention à poursuivre leurs examens, à minima jusqu’au prochain comité de pilotage. Il n’est donc pas question que ceux-ci puissent être menacés d’expulsion d’ici là.
Les conventions signées aujourd’hui ne sont qu’une étape vers la pérennisation des différentes activités, agricoles ou non et des lieux de vie sur la zad. Les défendre ensemble, y compris dans le cadre des négociations, a nécessité le maintien d’un niveau d’organisation collective et de solidarité qui a été en lui-même un combat. Ceci au vu de l’ampleur des pressions, destructions et stratégies de divisions à notre encontre dans ces derniers mois.
Un long chemin nous attend encore pour continuer à construire un avenir commun dans ce bocage avec ses divers usager.e.s. Au nombre des enjeux de ces prochains mois, nous devrons nous mobiliser pour que les projets pour l’instant ajournés puissent bénéficier de conventions au plus vite.
En ce sens, et sur l’ensemble du bocage nous nous mobiliserons pour que les terres préservées par la lutte aillent à de nouvelles installations plutôt qu’à l’agrandissement d’exploitations existantes.
Nous souhaitons aussi trouver des possibilités pour que les bois et forêts de la zad restent des communs, pris en charge et enrichis par leurs usagers. C’est le sens, entre autre, du projet forestier « Abrakadabois » dont l’examen par la DRAAF n’a pas encore eu lieu.
De manière générale, les enjeux naturalistes ont été pour l’instant très peu pris en compte par le comité de pilotage, même s’ils sont intégrés dans tous les projets que nous portons.
Un autre champs de négociation devra s’ouvrir sur la question des habitats anciens ou auto-construits. Nous souhaitons à ce titre pouvoir engager des discussions avec les communes sur les sujets spécifiques qui les concernent. Des premiers contacts ont déjà été pris.
Par ailleurs, les conventions signées aujourd’hui – similaires à celles octroyées aux fermiers résistants historiques ou à ceux ayant accepté de laisser leur terres pour le projet d’aéroport – demeurent pour l’instant extrêmement précaires.
Nous voulons toujours travailler à des solutions y compris juridiques pour aller vers une gestion collective et stable des terres du bocage et des habitats de la zad par une entité commune issue du mouvement.
Ici comme en bien d’autres lieux, deux modèles s’affrontent et dessinent pour la planète des avenirs qui divergent. L’un productiviste et marchand qui ne cesse d’entraîner la désertification rurale, la disparition des petites exploitations et la dégradation du vivant. L’autre basé sur le soin des communs, l’accès collectif à la terre et sur une paysannerie à plus petite échelle qui ne soit pas inféodée à l’industrie.
Ce qui s’est construit en ce sens au fil des années sur la zad va bien au-delà de la question agricole. Ce sont d’autres formes plus solidaires de vie, d’activités, d’habitats ainsi que de proximité aux plantes et animaux avec qui nous partageons ce bocage.
C’est pour cette ouverture des possibles que nous allons continuer à lutter. Dans l’immédiat, cette étape doit signifier enfin la fin de la séquence des expulsions. Nous n’oublions pas les maisons détruites, les champs piétinés et les centaines de blessures parfois dramatiques qu’à occasionné l’opération militaire vengeresse que nous venons de vivre. Nous n’oublions pas non plus la solidarité et l’ensemble de gestes de soutien reçus de partout, mais nos plaies restent ouvertes.
Les forces de gendarmerie doivent maintenant se retirer du bocage au plus vite. Ses habitant.e.s et ceux des alentours doivent pouvoir de nouveau circuler librement, reprendre les travaux des champs sans entrave et retrouver une certaine sérénité.
Les enjeux pour l’avenir de ce territoire appelleront sans nul doute à de nouveaux rendez-vous au cours des semaines et mois à venir, ainsi qu’à converger avec d’autres combats.
Le 4 juin 2018
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