Publié le
vendredi, 13 avril 2018 dans
Construire des alternatives, Point de vue
Bien joué ! Après avoir laissé croire à une gestion apaisée et conciliante de la gestion de l’occupation de la ZAD permettant de laisser le tri s’opérer entre les porteurs de projet souhaitant une régularisation et quelques dizaines de personnes désireuses d’en découdre avec les forces de l’ordre, le pouvoir casse tout ! Son objectif : rétablir l’ordre ancien le plus rance au détriment de tentatives d’expérimentation sociale d’une partie de sa jeunesse.
D’un côté, un large éventail de personnalités des plus légalistes et constructives aux plus contestataires de l’ordre établi : paysans « historiques », néo-installés, population locale solidaire, élus, associations (COPAIN, ACIPA), militants opposants des grands projets inutiles, « jeunes » décidés à en découdre, voire quelques « black blocs ».
De l’autre, des élus de tous bords, des structures officielles (préfecture, Chambre d’Agriculture, FDSEA, Conseil départemental) furieux de la perte de leur joujou, certains agriculteurs du voisinage rêvant d’agrandir leur exploitation, population locale favorable à l’aéroport ou ayant été impactées par les difficultés de circulation et certains comportement maladroits des occupants, voire ne supportant tout simplement pas les zadistes, habitants de Bouguenais (aéroport actuel).
Laisser du temps au temps (comme annoncé !) aurait permis à chacun de trouver sa place : préciser les projets agricoles, artisanaux, culturels, d’accueil, etc., construire des régularisations pour ceux qui le souhaitent ; l’absence d’affrontements aurait dissuadé les plus « violents » de s’attarder (d’autant qu’il ne manque pas de lieux de contestation conflictuels !).
L’impatience soudaine et incompréhensible (quoi que !) du pouvoir, la destruction de lieux de vie avec élevage (ferme des Cent Noms, des Fosses Noires) alliée aux mensonges de la préfète (qui prétend n’avoir reçu aucune demande de régularisation) sont insupportables. A telle enseigne que les « installés » et les « modérés » qui ne soutenaient que mollement les plus virulents des zadistes décidés à garder le contrôle de la départementale sont de nouveau à fond dans la solidarité et que ceux qui étaient partis convergent vers la ZAD. Le pire est à craindre, mais de plus en plus de personnalités et d’institutions manifestent leur solidarité.
Sur Twitter, l’essayiste étasunienne Naomi Klein apporte son soutien à la Zad : « en attaquant une communauté utopique qui a été un modèle pour nombre d’entre nous, le gouvernement de Macron fait preuve de violence gratuite et de vandalisme ».
Alain Hébrard, 11/04/2018
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