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COMMENT S’OPPOSER A LA MONTEE DE L’EXTREME-DROITE ?

Publié le jeudi, 12 mai 2011 dans Alter'actu

Une vraie question qui mérite mieux que des réponses pré-définies :

Tribune parue cette semaine dans « Le Patriote », hebdo du PCF des Alpes-Maritimes
COMMENT S’OPPOSER A LA MONTEE DE L’EXTREME-DROITE ?
 
Alors que les forces de la Gauche alternative se sont rassemblées avec celles du Front de Gauche aux élections cantonales dans les Alpes-Maritimes, sur la base du texte « Pour une Alternative à Gauche – Solidarités, Ecologie, Citoyenneté », nous n’avons pas eu les mêmes options pour le second tour dans les cas, hélas trop nombreux de face à face FN/UMP.
Il était peu opportun de s’y attarder au moment des élections : nous voudrions à présent y revenir, sans polémique, car il s’agit d’un problème important, dont on ne peut pas exclure hélas qu’il se pose de nouveau à l’avenir.
De quoi s’agit-il ?
Le PCF a fait le choix d’appeler à voter contre le FN, et ainsi implicitement pour les candidats UMP.
Nous avons fait un autre choix : n’appeler à voter ni pour le FN ni pour l’UMP
Nous partageons avec le PCF le souci de ne pas banaliser le vote FN et, au second tour de 2002, nous avions, comme quasiment l’ensemble de la gauche, appelé à battre Le Pen et à voter Chirac. Un choix pour nous exceptionnel et justifié par l’élection présidentielle.
En mars, il s’agissait d’un tout autre scrutin, local et partiel, aux enjeux très différents, sans aucun risque de prise de contrôle du conseil général par le FN
Par ailleurs, l’UMP au pouvoir a largement accentué le cours déjà très droitier du RPR d’autrefois : elle mène depuis 2007 des politiques publiques et alimente le débat politique sur la base d’une orientation qui, certes, n’est pas identique à celle du FN, mais y ressemble de plus en plus. Ainsi, l’UMP a largement contribué à la « lepénisation » des esprits. Cette évolution continue, avec les propos récurrents de Guéant et de tant d’autres ! 
Enfin, nous partageons avec le PCF ce constat : jamais la crise de la politique et de sa représentation n’a été aussi grande, jamais le système politique en place n’a été aussi rejeté, surtout dans les milieux populaires. C’est de cela aussi que le FN fait son miel : le vote FN reste un vote d’extrême droite, mais il exprime aussi, en le dévoyant, un vote « anti-système ».
L’analyse des résultats montre que le FN stagne, perd même des voix au premier tour, mais l’UMP est rejetée comme jamais à l’échelle nationale. Sa réforme électorale de suppression des triangulaires a eu l’effet inattendu de placer le FN en position de force.
Dans les duels gauche/extrême droite et gauche/droite extrême, les droites ont toujours trouvé leur camp sur notre département et les reports de voix se sont particulièrement bien effectués (la poussée du FN s’est donc faite au deuxième tour). Une droite bien consciente que la ligne de fracture n’est pas entre « républicains » ou non, mais entre intérêts de classes divergents.
Alors fallait-il voter pour une UMP aussi rejetée, au risque de conforter le FN dans une position d’unique alternative face au système, alors qu’il est hélas déjà de plus en plus perçu comme tel ?
Voilà pourquoi le vote UMP contre le FN ne peut que semer la confusion, désorienter davantage encore l’électorat. 

Non seulement un vote UMP contre le FN n’a aucun sens, dans le contexte actuel d’un scrutin local, mais pire encore il ne peut que conforter à terme le FN en envoyant un redoutable signal à son électorat populaire : les « partis du système » s’entendent entre-eux (« tous les mêmes et tous pourris »), sans aucun principe autre que de se serrer les coudes, pour conserver leurs places, sur le dos d’un FN ainsi « victimisé » ! Nul doute que le FN fait aussi son miel de cela.
 

Il n’y a pas de solution-miracle pour s’opposer à la montée de l’extrême-droite et le « Front Républicain » sous la forme d’une alliance de fait gauche-droite contre le FN ne mène nulle part. Que faire alors ? 
 

Rassemblé-e-s autour d’un nouveau projet alternatif au capitalisme, nous pourrions fortement contribuer à redonner espoir, traduire sur le plan politique les mobilisations, redonner un sens à la politique et à l’émancipation humaine.  Ce projet doit se construire dans les résistances à l’ordre établi et dans de nouvelles pratiques politiques.  Cette voie est sans doute difficile mais il n’y en pas d’autre pour s’opposer sur le fond, et de manière durable et efficace, à la montée de l’extrême droite.
 

Notre position pour le second tour des élections cantonales n’est pas figée pour l’éternité : nous sommes prêt-e-s à en discuter avec l’ensemble des antifascistes dont nous sommes, et bien sûr avec le PCF et le Front de Gauche. Il est hors de question de banaliser le FN, plus dangereux aujourd’hui qu’hier avec son nouveau visage et sa capacité à brouiller les cartes, plus particulièrement quand il reprend à son compte des formules altermondialistes, ou ose se revendiquer de la laïcité, des droits des femmes, sur le dos des populations de culture musulmane.
 

Dénonçons aussi ces impostures, et de cela également, discutons !
Association NICEA, Les Alternatifs-Nice, FASE-Nice, NPA-Nice
 

 

 

 

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