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- Rouge et Vert n°388
Additif au Rouge et Vert n°388
(Inquiétante) Extension du domaine de la doxa
Réponse d’Alain Véronèse
Tribune libre :
Souillure ! Fichtre ! C’est ainsi que fut qualifié au congrès de
mars 2015, mon papier Houellebecq : L’économie en horreur (R&V, novembre 2014). Il s’agissait, je le rappelle d’une lecture économique des romans de Michel Houellebecq par Bernard Marris, l’oncle Bernard, défunt chroniqueur de Charlie Hebdo. Papier déjà « agrémenté », sur carré noir, d’une mise en garde signée par deux responsables du journal. Insuffisante rectification : plus de deux mois plus tard, une dizaine de signataires revient à la charge avec un texte dénonciateur. Farouche volonté de traquer les dérives du romancier Houellebecq, appareil de citations à l’appui. Hors contexte : la politique fiction (n’)est éclairage subjectif de la réalité… Le terrorisme intellectuel fait des ravages ! La récitation mécanique du catéchisme politiquement correct, vise à « assainir » ( ?!), à conquérir le droit à l’extension du domaine de la doxa. Inquiétant. Les belles âmes sans consistance aiment à se regarder dans le miroir de la bonne pensée, à contempler leur élogieux reflet,… le profil gauche, bien entendu. Sans risque, c’est médiatiquement « branchouille »…
On ne fait pas de la bonne littérature avec de bons sentiments.
Faire de l’islamophobie un problème, c’est occulter le fait que le vrai problème dramatique c’est réellement l’islam-isme. Oui, il y a des connes chez les féministes, comme ailleurs, ni plus, ni moins… (On m’accorde 200 mots : trop court pour une psycho-politique du malaise occidental… Vite fait, mal fait, quelques lignes hors norme…)
Je n’aime pas, vraiment pas, l’univers sociologique que met en scène Michel Houellebecq. Pourtant, réellement m’inquiète, m’alerte, l’éclairage qu’il déplace sur les parties sombres de nos sociétés ; sur la sexualité triste, mécanique, souvent payante,… le sadomasochisme qui sous tend le capitalisme déchainé,… la mécanique est en branle, Houellebecq, poète, à l’oreille fine, j’écoute ses avertissements et, croît mon inquiétude…
Les eaux glacées du calcul égoïste, menacent de submerger la totalité des relations sociales, ce que Bernard Maris discernait fort bien et chez Houellebecq comme dans ses propres livres. Le déni de réalité, l’abus de doxa toxique, ne mène nulle part, si ce n’est au pire.
Nous savons tous que Bernard Maris est l’une des victimes de la tuerie de Charlie, opérée par de « sanglants crétins » (dixit J.-L. Mélenchon), assassins au nom de l’islam-isme radical. Son ami Michel nous informe à la télévision que Bernard a eu le temps de terminer un dernier livre. Je guette la parution. Une souillure posthume, diront certains. Ah, bon
Alain Véronèse.
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