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Août 20

Pour un droit international de l’hospitalité. Tribune de Étienne BALIBAR

Publié le lundi, 20 août 2018 dans Anti Racismes, Construire des alternatives, Libertés

          Le philosophe Étienne BALIBAR s’insurge contre les violences faites aux migrants,  » que l’histoire jugera sans doute criminelles « .

Au nom d’un  » choix de civilisation « , il propose de reconnaître  » l’hospitalité comme un droit fondamental  » s’imposant aux États et s’appliquant à ceux qu’il appelle les  » errants « 

– Cette tribune reprend et précise des idées que le philosophe a développées le 13 juillet à Saorge (Alpes-Maritimes), dans le cadre du Festival des passeurs d’humanité de la -vallée de la Roya. 

En Méditerranée, la situation ne cesse de se tendre. Une hécatombe quotidienne, en partie dissimulée. Des États instituant ou tolérant des pratiques d’élimination que l’histoire jugera sans doute criminelles. Entre les deux, des initiatives incarnant l’effort de solidarité de la  » société civile  » : villes refuges,  » passeurs d’humanité « , navires de sauvetage trop souvent contraints à la guérilla contre l’hostilité des pouvoirs publics.

Cette situation n’est pas sans analogues dans le monde. Mais pour nous, citoyens d’Europe, elle revêt une signification et une urgence particulières. Elle appelle une refonte du droit international, orientée vers la reconnaissance de l’hospitalité comme  » droit fondamental « , imposant ses obligations aux États, dont la portée soit au moins égale à celle des grandes proclamations de l’après-guerre (1945, 1948, 1951). Il faut donc en discuter.

Et d’abord de qui parlons-nous : de  » réfugiés « , de  » migrants  » ou d’une autre catégorie qui les englobe ?

Ces distinctions, on le sait, sont au cœur des pratiques administratives et de leur contestation. Mais, surtout, de la façon dont nous nommons les humains, qu’il s’agit de protéger ou de contraindre, dépend aussi le type de droits que nous leur reconnaissons, et la façon dont nous qualifions le fait de les en priver.

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