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Déc 11

Face au désastre, par Stathis Kouvélakis

Publié le vendredi, 11 décembre 2015 dans No Pasaran !

Inévitablement, l’image d’une carte de l’hexagone qui « noircit » à mesure de la progression du vote FN fait surgir la question de savoir si, à l’instar de l’Italie ou de l’Allemagne de l’entre-deux guerres, la France ne serait pas à la veille d’un basculement vers une forme d’ « État d’exception », en d’autres termes vers le fascisme. D’autant que dans les pays en question, la mise en place de cet État a débuté par une prise du pouvoir par la voie électorale et que, en matière d’ « état d’exception », le chemin semble avoir déjà été pris, avec l’instauration de l’ « état d’urgence » à la suite des attentats du 13 novembre. 

Le fascisme comme révolte dévoyée 

Comparaison n’est pourtant pas raison. La France de 2015 n’est ni l’Italie de 1920 ni l’Allemagne de Weimar: l’horizon n’est pas celui d’une guerre mondiale, le régime parlementaire n’est pas sur le point de s’effondrer, l’extrême-droite est pour l’essentiel une machine électorale et non une milice armée, les organisations ouvrières sont tellement faibles que leur destruction n’est aucunement une condition de survie de la domination bourgeoise. 

Il manque à la fois la condition d’une crise générale de l’Etat et celle d’une compétition militaire inter-impérialiste qui constituent la base du « procès de fascisation » comme l’analysait Nicos Poulantzas dans son ouvrage classique Fascisme et dictature (1970). 

Même si le FN vient au pouvoir par la « voie électorale », ce ne sera pas une « dictature fasciste » qui s’ensuivra mais un considérable durcissement du processus déjà en cours de verrouillage autoritaire de l’Etat et des mécanismes d’exclusion racialisante, qui pourront alors prendre une forme s’approchant d’un état d’apartheid, de séparation institutionnalisé entre groupes qui sont pour l’essentiel des groupes de nationaux, totalement endogènes à la société française, mais qui constituent la cible de mécanismes puissants de discrimination.

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Déc 11

Refonder l’espoir, par Pierre KHALFA

Publié le vendredi, 11 décembre 2015 dans Libertés, No Pasaran !, Non classé

pierre khalfaLe premier tour des élections régionales a confirmé, sous fond d’abstention massive que le FN est aujourd’hui le premier parti de France, faisant dans certaines régions des scores considérables. Le vote FN est certes le produit de la destruction du tissu social, de la peur du déclassement et plus globalement de l’avenir. Mais c’est la xénophobie qui est le ciment de ce vote. En particulier, c’est l’immigration, prise comme bouc émissaire de la désintégration sociale, qui sur-détermine la façon dont les électeurs du FN abordent les questions sociales et économiques, les attentats terroristes venant renforcer cette peur de l’Autre qui prend aujourd’hui la figure du musulman. 

Ces élections représentent un triple échec. 

Échec d’abord pour Nicolas Sarkozy et sa stratégie qui vise à coller au plus près des thèses frontistes afin de phagocyter le FN. Cette stratégie a largement mis à mal les barrières entre l’électorat de la droite dite républicaine et le FN. La reprise des thèmes et des obsessions du FN par une droite « décomplexée » a surtout décomplexé les électeurs et a entrainé naturellement une porosité toujours plus grande entre les électorats et ce, au bénéfice de l’extrême droite.

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