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Menace de l’Iran ou contre l’Iran ?

Publié le jeudi, 25 octobre 2012 dans International, Point de vue

par Bernard Ravenel

Nous sommes maintenant « rassurés » : Nétanyahou a reporté de plusieurs mois la menace de frappes militaires sur l’Iran… Il attend le résultat des élections américaines tout en faisant son possible pour la victoire de Romney…
On est alors en droit de se demander pourquoi ce report après avoir proclamé sur tous les tons depuis des années que la menace nucléaire iranienne était à régler d’urgence… C’est l’occasion de revenir sur la question que beaucoup se posent : la menace nucléaire de l’Iran est-elle réelle ?

 

Je voudrais aujourd’hui dire pourquoi c’est un faux problème. Il ne s’agit pas de légitimer les aspirations nucléaires de Téhéran (je suis radicalement contre le nucléaire civil et militaire), il est plausible, probable, qu’il ait des ambitions militaires, mais l’Iran n’est certes pas le seul pays dans cette situation et son éventuelle acquisition d’une capacité nucléaire n’augmenterait pas selon moi les menaces dans la région dues à d’autres raisons. Par contre elle encouragerait la prolifération nucléaire dans tout le Moyen-Orient, une prolifération lancée par le nucléaire israélien.

 

Fabriquer la bombe aujourd’hui est relativement simple, au moins pour un État : le problème principal est de se doter des matériaux fissiles nécessaires (la Corée du Nord l’a fait en trois ans en retraitant le combustible d’un petit réacteur). Les pays qui aujourd’hui diabolisent l’Iran sont les mêmes qui ont facilité le programme nucléaire de l’Inde et du Pakistan qui n’ont pas signé le TNP !

 

Le Brésil, l’Allemagne, le Japon pourraient réaliser une bombe en un rien de temps. Le double usage, le dual use, est intrinsèque à la technologie nucléaire qui naît et se développe comme militaire et le civil en est un sous-produit… Tous les pays qui ont eu une capacité minima ont eu des programmes nucléaires militaires, plus ou moins développés ou secrets, soutenus ou non par des puissances nucléaires selon leurs intérêts géopolitiques.

 

Aujourd’hui la menace principale vient des systèmes de défense antimissiles, un saut technologique considérable qui permet un système agressif très dangereux. C’est de ce système qu’Israël essaie de se doter avec l’aide des États-Unis. En fait le « secret de Polichinelle » de l’arsenal d’Israël est le vrai facteur déstabilisant dans la région (et pas le seul).

 

Tout cela ne constitue pas une raison pour « justifier » que l’Iran fasse la bombe. Mais si l’Iran se dotait de dix têtes et était en état de les lancer – il en est encore très loin- sur Israël, il serait annulé de la carte géographique par une riposte nucléaire (Israël dispose de 5 sous-marins indestructibles dotés par l’Allemagne de missiles à tête nucléaire).

 

L’arsenal nucléaire israélien.

Si on avait voulu présenter à l’ONU la réalité nucléaire au Moyen-Orient, le contenu aurait été très différent de celui présenté par Nétanyahou : il s’agit du puissant arsenal nucléaire israélien encore enveloppé dans l’omerta complice de l’Occident et qui, unique puissance nucléaire au Moyen Orient, possède entre 100 et 300 têtes, prêtes à être lancées par des missiles balistiques qui, comme le Jéricho 3 ont une portée de 8 à 9000 km. Outre les sous-marins fournis par l’Allemagne et qui croisent en Méditerranée orientale, dans la Mer Rouge et dans le Golfe Persique, prêts 24h sur 24 à lancer l’attaque nucléaire, Israël dispose, grâce aux États-Unis d’une vaste flotte aérienne (chasseurs-bombardiers, avions de chasse à double capacité, nucléaire et conventionnelle.

 

Mais Israël, à la différence de l’Iran, refuse d’admettre la possession d’un arsenal nucléaire (dont l’existence est reconnue par l’Agence internationale de l’énergie atomique -AIEA). Il refuse donc de participer à la Conférence qui doit avoir lieu à Helsinki au début 2013, conférence décidée par l’ONU à la demande des pays arabes soutenue pour la première fois par les États-Unis et à laquelle l’Iran doit participer. Son objet est clair : la création au Moyen Orient d’une zone dénucléarisée. On voit l’enjeu !

 

Pendant ce temps Israël continue à produire chaque année une quantité de plutonium suffisante pour fabriquer 10 à 15 bombes de la puissance de celle de Nagasaki. Sans oublier la grande probabilité d’une production d’une nouvelle génération d’armes nucléaires, miniaturisées plus facilement utilisables sur des objectifs ponctuels comme les sites nucléaires souterrains…

 

Aujourd’hui la mèche de la bombe – pas l’iranienne, encore virtuelle, montrée par Nétanyahou à l’ONU, mais la seule réellement existante, l’israélienne, peut être allumée à tout instant…

 

Bernard Ravenel, président d’honneur de l’association France-Palestine Solidarité

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