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DOUX : sauver les emplois, reconstruire et promouvoir une autre agriculture

Publié le samedi, 9 juin 2012 dans Communiqués de Presse, Ecologie, Les Alters dans les luttes, Santé

3500 emplois salariés menacés, au total près de 10 000 emplois directement ou indirectement concerné. les fournisseurs et 800 producteurs sans garanties quant à leur avenir !

La mise en règlement judiciaire du groupe Doux a des allures de séisme en Bretagne. Les difficultés de trésorerie qui ont provoqué cette déclaration proviennent de deux choix stratégiques totalement erronés :– Premier choix : l’achat en 1998 du Brésilien Frangosul, très gros producteur de poulets mais actuellement en redressement judiciaire et repris, sauf ses dettes, par le géant de l’agro-export brésilien, JBS Friboi. Cet achat était destiné à conserver le poids de Doux dans le poulet standard fortement exporté au Moyen Orient, mais désormais surtout par le Brésil.- Second choix, lié au premier : production et exportation, y compris avec de l’aliment du bétail en grande partie importé (soja), d’une production standard, de qualité médiocre, le tout avec le concours des pouvoirs publics, notamment grâce à un important financement européen. La pression sur les prix de la grande distribution n’est pas non plus pour rien dans cette situation.

SAUVER LES EMPLOIS, PAS MONSIEUR DOUX
Il ne s’agit pas aujourd’hui de trouver une solution pour remettre en selle la famille Doux, ou pour permettre le rachat par l’un des deux concurrents sur le marché. Plutôt que de venir au secours de Monsieur DOUX, il est temps pour les pouvoirs publics de faire l’inventaire de ce délire « agro-polluo-financier » et de demander des comptes: Que sont devenus les millions d’euros de subventions, comment les récupérer pour payer une partie de la casse sociale ?La probable restructuration de ce groupe, voire sa possible liquidation, auraient des conséquences dramatiques considérables sur l’ensemble du tissu économique en Bretagne. Les Alternatifs expriment leur totale solidarité envers les salariés et les éleveurs sous contrat qui subissent la politique de cette entreprise depuis trop longtemps. Le maintien de l’activité doit permettre de répondre rapidement à un double objectif : maintien de l’emploi et des revenus de tous les salariés et des paysans, le tout dans une perspective rapide de reconversion écologique de cette filière avicole.

POUR UNE RECONVERSION SOCIALE ET ECOLOGIQUE

Le nécessaire soutien aux travailleurs ne doit pas nous dispenser de la critique du modèle économique développé par le groupe Doux, champion toute catégories de la captation des subventions de la Politique Agricole Commune. Doux est, en matière d’élevage, l’archétype de l’inacceptable :- Politique d’intégration de tous les acteurs de la filière étranglant les producteurs et les réduisant au statut de quasi esclaves, aux antipodes de toute idée de coopération, d’autogestion.
– Recours abusif au transport : importation d’aliment, exportation de matière carnée.Il faut favoriser les circuits courts, produire local, en finir avec la mono-activité, rompre avec la folie écologique et sociale de l’élevage en batterie, qui produit des pollutions qu’on ne sait comment résorber : concentrations en azote et en phosphore; usage permanent d’intrants, antibiotiques présentant de nombreux dangers (par effet de mutation, de résistance bactérienne), conditions d’élevage souvent abominables.
Dans ce système, le bien être humain et animal ne sont abordés que lorsqu’ils pénalisent la rentabilité… toute une philosophie. Il est temps de promouvoir un nouveau modèle industriel et agricole respectueux des hommes et de l’environnement, respectueux de normes éthiques concernant les conditions d’élevage.

L’heure est à la formation et à l’installation de paysans qui soient capables de nourrir les hommes sans détruire la terre. I

l y a urgence à engager, sous le contrôle des salariés, des éleveurs et des consommateurs, un plan de reconversion sociale et écologique. qui se donne comme priorités la pérennité d’emplois durables, la garantie d’un revenu décent pour tous, la valorisation de productions de qualité.

Il est l’heure de planifier un nouvel usage des terres pour nourrir sainement la population.

Communiqué

 Les Alternatifs  8 juin 2012

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  1. admin dit :

    Nous joignons ici quelques échanges qui, sur les listes nationales des Alternatifs sont venus préciser la question de la reconversion, de la qualité et de la prise en charge de celles-ci :

    Guy GIANI a écrit :

    Bonjour,

    Merci pour ce communiqué très utile

    J’ai une question qui concerne peut-être plus particulièrement les camarades de Bretagne.

    Comment envisagent-ils de passer à des circuits plus courts tout en préservant l’emploi ? Si Doux sans Doux n’étale pas sa reconversion dans le temps et perd sa capacité d’exportation, comment l’emploi pourrait-il être maintenu ?

    Peut-être a t- on des contacts avec des syndicalistes qui ont une idée sur les modalités de la reconversion ?

    Amicalement

    1 ! Pierre GOURMELON :

    Bonjour,

    Une première réponse.

    Aujourd’hui le modèle de Doux est l’exportation de poulets bas de gamme congelés, essentiellement vers les pays du Golfe et du Maghreb (les poulets dont les os sont mous …) et les éleveurs sont en intégration, ils reçoivent de Doux des poussins de 1 jour, les aliments, les poulets sont enlevés à 6 semaines (2 semaines de vide sanitaire et le cycle redémarre).
    La seule solution pour Doux, qui a généré sa propre concurrence au Brésil, c’est d’injecter de la valeur ajoutée dans sa production, chez les éleveurs en élevant des poulets label, en plein air voire bio permettant l’accès à d’autre marché. A la production, il faut passer d’un cycle abattage-congélation à un cycle abattage-transformation, filets de poulet, produits élaborés …
    En tout état de cause, certains emplois resteront indirectement menacés : un poulet fait l’objet de 5 (cinq …) trajets moyenne pour arriver au consommateur (18% de l’activité du port de commerce de Brest est due à Doux).

    D’autres avis sont attendus

    Amicalement
    PG

    2) Jean Louis GRIVEAU :

    Bonjour Guy,

    Tu poses effectivement une question essentielle: Comment y arriver sans casse sociale?
    Nous n’avons pas plus que d’autres de recette miracle et concernant un communiqué (presque) à chaud, il était difficile d’aller au delà. Compte tenu du coeur de métier de cette entreprise (export volailles assez bas de gamme hors de l’UE en jouant sur les « restitutions » européennes), une reconversion de l’outil de production ne peut prendre que du temps. En plus, l’idée même de reconversion est peut être d’abord le fruit d’un processus de maturation des collectifs de travail. A ce stade (et à notre connaissance), ce n’est pas porté par les organisations syndicales qui sont plus dans une perspective qu’un partenaire soit trouvé pour sauver la boite (ce qu’on peut parfaitement comprendre par ailleurs).

    Cette question du temps supposerait une expropriation pure et simple, et sans indemnisation, des actionnaires (à 80 % la famille Doux) et la mise sous tutelle publique de l’entreprise avec garantie de maintien de l’emploi pour travailler à un projet de reconversion. Ce n’est pas encore à l’ordre du jour aujourd’hui. Et ce n’est pas sur que la « nouvelle majorité » aille vraiment dans ce sens

    Amicalement

    Jean Louis GRIVEAU

    3) une précision de Gérard FRETELLIÈRE :

    J’habite dans la ville où se trouve le siège et la principale usine du groupe qui va sans doute reprendre une partie des actifs de Doux. C’est le groupe LDC (Lambert, Dodard, Chancereul) devenu le premier groupe volailler français.
    Au point de départ, un « coconnier » (propriétaire d’un accouvoir) employant quelques salariés aux lendemains de la seconde guerre. C’est un État dans l’État mais bien géré par les petit-fils du fondateur.
    Je suis donc très attentif à ce qui s’écrit sur Doux et je peux, éventuellement, vous livrer quelques infos

    4) Denis LE GOFF :

    Bonsoir à tous,

    De mon point de vu les circuits courts sont intrinsèquement générateur
    d’emplois pour plusieurs raisons:
    – Impossible de refourguer un produit d’aussi mauvaise qualité qu’un
    poulet Doux directement à un client… Il faut donc élaborer des
    produits de meilleur qualité ce qui demande plus de temps, de réflexion, de main d’oeuvre.
    – Si l’ensemble de l’alimentation était produite localement (et de manière acceptable là encore), il faudrait également plus de main d’oeuvre.
    – Comme je l’écrivais dans un échange précédent (pour les bretons): pour le Rouge et Vert il faudrait développer sur l’influence néfaste des subventions à l’exportation, qui pour le coup faussent la concurrence et asphyxie les producteurs africains par exemple. (sans même parler des problèmes sanitaires qu’engendrent les poulets congelés « pré-maché » en Afrique)

    Bien sûr les circuits courts doivent être promus à l’échelle nationale, la Bretagne ne serait plus dans ce modèle la région « viande », mal bouffe et algues vertes , mais une région comme les autres où l’auto-suffisance serait recherchée sur des territoires les plus petits possibles (et ce dans tout les domaines possibles (alimentation, énergie, éducation…).
    Bien sûr la mise en place d’un tel modèle nécessite une planification, une transition, c’est bien là le problème.
    Il est clair que cette direction risque de ne pas être prise à chaud, ni par les syndicats dont c’est assez peu le rôle, ni par les politiciens pro-croissance qui ne jurent que par le productivisme.
    Est ce la le problème pour les Alternatifs de présenter sa vision des choses? en décalage certes, mais en cohérence avec une lecture de l’histoire qui incite à stopper le plus tôt possible le délire.

    Salutations ensoleillées
    Denis

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