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La lutte du lait, c’est pas fini !

Publié le vendredi, 1 janvier 2010 dans Articles, Confluences 81

Paru dans le numéro 82 de Confluences.

Comme il fallait s’y attendre, au lieu de proposer de véritables solutions de fond à la crise et devant le soutien populaire à la grève du lait, les décideurs européens et nationaux n’ont proposé que des mesures financières destinées uniquement à calmer momentanément les éleveurs : prêts à court terme, reports voire année blanche de cotisations, d’impôt foncier, d’intérêts des prêts… qui ne font que reporter les problèmes de trésorerie, voire d’achever de couler les plus faibles. La lutte doit continuer avec des formes qui permettent de durer car, en face, ils ne cèderont pas facilement.

Enfermés dans leur foi ultra libérale, ils refusent d’envisager les mesures structurelles indispensables pour la survie de l’élevage laitier en France, portées par la Confédération Paysanne et Via Campesina Europe :

  • des prix rémunérateurs de leur travail : les laitiers ne veulent, pas plus que les autres paysans, dépendre des subventions.
  • maîtrise de la production : quelle qu’en soit la forme, dans un marché libre, c’est le seul moyen d’éviter que 5 % de surproduction n’entraîne une chute des cours de 15 à 18 %. Seule la rigidité idéologique de dérégulation libérale de la Commission et de nombreux dirigeants s’y oppose contre toute logique.
  • relocalisation de la collecte et de la distribution. Les « coopératives » sont devenues des monstres multinationaux dont la gestion et les choix stratégiques échappent complètement aux coopérateurs. Le lait et ses dérivés parcourent des milliers de km. La poudre de lait, variable d’ajustement des à-coups de production, est devenue un instrument de dumping commercial d’une part, et qui ruine les paysans d’Afrique, d’autre part ; d’où la nécessité de réinventer des coopératives ou des laiteries privées à taille humaine. A cet égard, la laiterie FABRE, à VIANE est un bon exemple de ce qui est possible (V PeC n° XX). Sans parler des circuits courts : vente directe, petite transformation, mais aussi livraison aux GMS : le public commence à se détourner de ce modèle de distribution ; gageons qu’elles seront bientôt ravies de vendre des produits de proximité (le mouvement s’amorce !).
  • refus de la contractualisation : comme dans l’industrie et les services les idéologues ultra libéraux voudraient remplacer toute forme de contrats collectifs par des contrats individuels entre la poule et le renard ! Il semble que cette trouvaille, qui avait au départ l’aval de la FNSEA, ait fait long feu : tout le monde a vu le piège. Gageons qu’elle reviendra sous un autre déguisement…
  • solidarité avec les paysans des PVD : de plus en plus de producteurs prennent conscience du fait que la « vocation exportatrice de la Ferme France » détruit la paysannerie des pays les plus pauvres et qu’on ne peut refuser aux autres la souveraineté et l’autonomie alimentaire qui a été la raison d’être de la PAC lors de sa mise en place.

La grève du lait a été un événement fondateur extraordinairement efficace pour alerter l’opinion publique et les consommateurs. Elle ne peut en aucun cas être reproduite dans les mêmes conditions, sauf à achever de ruiner les grévistes. Elle pourrait par exemple prendre une forme de grève tournante, en faisant largement appel à la solidarité financière des consommateurs, en multipliant les distributions de lait, par exemple 0,60 € le litre, soit 0,40 de lait (prix revendiqué) + 0,20 de contenant.

D’autres formes d’actions, plus traditionnelles, sont déjà en cours : occupation et blocages de sites, d’administrations…

La lutte continue !

Alain HEBRARD

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