MARINALEDA : RENCONTRE DU 3EME TYPE A LISLE SUR TARN
Nicolas, du Café Repaire des amis de Là-Bas si j’y suis de GRENADE (Haute Garonne) nous transmets les notes qu’il a prises à l’occasion de la venue du mapre de MARINALEDA à Lisle sur Tarn, le 17 septembre dernier.
Nous les retranscrivons telles qu’elles en attendant les différentes videos et enregistrements .
MARINALEDA
RENCONTRE DU 3EME TYPE A LISLE SUR TARN
Compte-rendu de la journée consacrée à Marinaleda
Pour le Repaire des Amis de là-bas si j’y suis de Grenade
Ce samedi 17 septembre, sur la route menant de Grenade à Lisle sur Tarn, il me semble être passé dans une autre dimension : celle de l’utopie expérimentée depuis plus de 30 ans dans une petite ville de l’Andalousie.
Ce village c’est Marinaleda.
On a du mal, en sortant de cette journée, à croire que le Maire, Juan Manuel Sanchez Gordillo, ce petit bonhomme barbu et jovial de 50 ans, après une lutte menée pendant 12 ans pour obtenir des terres d’un grand propriétaire terrien (le Duc de l’Infante, un ami du Roi d’Espagne), ait réussi une expérience qu’on ne sait trop qualifier – libertaire, communiste, autogestionnaire, anarchiste – d’une autre société solidaire qui s’occupe avant tout du bien être de sa population.
_ Lui-même qualifie cette expérience de « Commune »…
Cela ne peut pas nous être indifférent.
Pour vous situer le personnage qu’est le Maire, il y a ce moment où, dans le documentaire
consacré à cette expérience, il cite Che Guevara lors d’un mariage dans la salle municipale !
C’est donc à l’appel et grâce à l’organisation de plusieurs associations (Lisle Environnement, Confluences 81, L’Altermondialiste, Attac 81, Nature et Progrès, La Presse à réaction, BaBA Gaillac) qu’il ne faudra cesser de remercier d’avoir osé inviter Juan Manuel Sanchez Gordillo – qu’une journée était donc consacrée ce samedi à cette ville de Marinaleda et à cette expérience, disons, révolutionnaire !
Le menu de la journée prévoyait :
– Un point presse à 10h : la Dépêche du Midi peut être remerciée pour ne pas être
venue, et pour ne pas avoir relayé la communication autour de cette journée…je vous explique pourquoi après.
– Un documentaire sur le Sri Lanka, porteur du même idéal de changement.
– 14h projection du documentaire sur Marinaleda
– 15h30 débat avec des élus locaux, Juan Manuel Sanchez Gordillo et le public sur la
possibilité d’aller dans le même sens en France
– 20h conférence de Juan Manuel Sanchez Gordillo suivi d’un débat avec le public.
Pour ma part, je suis arrivé à 15h, pour visionner le documentaire. La salle municipal mise à la disposition des associations, pouvait accueillir 300 personnes : et bien, il y avait a moins 350 personnes présentes.
_ Et comme je le disais plus haut qu’est ce que cela aurait donné si la Dépêche avait effectivement relayé l’info…
I. DEBAT AVEC LES ELUS LOCAUX PRESENTS
Ce fut le moment de la journée sans doute le moins apprécié du publique présent.
Chaque sensibilité présente n’a globalement pas fait l’effort de répondre à la question posée de la transposition en France des initiatives de Marinaleda.
_ Cette question reste donc ouverte…
4 interventions d’élus :
1. Jean Tkaczuck, Maire socialiste de Lisle sur Tarn, et conseiller régional
Il s’est présenté comme socialiste, et s’est fait huer par une partie de la salle…Ambiance. Il a néanmoins fait remarquer qu’il était le 1er maire socialiste de Lisle sur Tarn, et qu’il pourrait y avoir pire.
Il a parlé de son action à la Région, notamment des études qu’il a commandées sur les points de ventes coopératifs et l’économie sociale et solidaire.
2. Roland Foissac, PCF, vice président du Conseil Général du Tarn
Il a principalement parlé de son souhait de changer les institutions : il conteste la forme que prend l’élection présidentielle avec l’élection d’un monarque républicain.
Il a souligné que le pouvoir est aujourd’hui entre les mains des banques et des élites et que, de ce fait, la démocratie est pervertie. Et a cité l’exemple de Puerta del sol (indignés)
3. Bénédicte Cottaz Cordier, PG, conseillère municipale à St Paul Cap de Joux (1000 hab.)
Cette dernière a remarqué que la démocratie directe est inexistante. Lors de réunion sur l’agenda 21 par exemple, seuls 70 personnes participent, et ce chiffre ne fait que décroître au fur et à mesure des réunions.
Elle a enfin posé la question de la personnalité et du charisme nécessaire pour porter un projet comme celui de Marinaleda.
Dans tous les cas, elle a enjoint à continuer de se battre. Elle fera remarquer plus tard que les élus n’ont de pouvoir que s’ils sont soutenus par les populations.
4. Yves Imbert, Maire de Lanne Soubiran, Les Alternatifs, (Gers) (117 hab)
Il a souhaité que lorsque des projets communaux sont lancés, les populations des villes et villages voisins soient consultées. Il a aussi fait le constat amer que les français ne sont « pas encore assez dans la merde pourque ça bouge comme en Espagne ».
Il y a donc encore du travail a-t-il conclu.
- II. QUESTIONS/EXPERIENCES DE LA SALLE
Parmi toutes les interventions, 2 interventions m’ont semblé intéressantes
1. Celle d’un maraîcher à traction chevaline qui a parlé d’expériences en France :
– Dans le Doubs à Vandoncourt depuis 1971, où 5 maires se sont succédés. 28 asso sont regroupées en asso des asso et prennent des décisions collectives dans l’attribution des subventions. Cette démocratie parallèle est bien entendue mal vue du côté de la Préfecture.
– A Gaillac, il est présent sous l’étiquette « Verte et ouverte » en 2001 (1 élu) puis « Gaillac Solidaire » en 2008 (2 élus), groupe indépendant de la majorité PS, ce qui ne plait pas au PS. Ils ont réussi à lutter contre l’implantation sur un terrain de 400 Ha d’une industrie polluante sur la commune, grâce à une forte mobilisation, projet souhaité par la majorité. Maintenant ce sont des PME qui s’y implantent.
2. Celle d’une chômeuse
Elle constate que lorsque les populations perdent leur travail, leur voiture ou leur maison, elles perdent aussi l’espoir, le rêve et l’utopie.
L’objectif avec une telle expérience est de redonner de l’espoir, et de faire prendre conscience que seule la lutte collective peut payer.
CONCLUSION TOUTE PERSONNELLE A CE DEBAT
Chaque parti a semblé vouloir tirer la couverture.
_ Ce qui fera dire à quelqu’un de la salle « mais c’est un meeting politique ? ».
Il y eut aussi une intervention d’une femme plutôt agressive à l’encontre du Maire de Marinaleda…
_ Merci madame pour l’accueil !
Bref, entre cette manière de tirer la couverture, cette façon de huer certains élus, et cette manière permanente de s’invectiver et de ne pas s’écouter, la gauche désunie a de beaux jours devant elle :
_ Mais, que je vous rassure, le reste de l’après-midi a été incroyablement instructif.
III. INTERVENTIONS DU MAIRE DE MARINALEDA LORS DE CE DEBAT
Son constat sur la situation économique actuelle en Espagne
– La production est entre les mains d’une minorité qu’il qualifie de « bandits encravatés»
– La propriété de la terre est plus concentrée que jamais
– Les moyens de communication sont à la solde d’une seule classe : la classe sociale libérale et capitaliste
– La loi est aujourd’hui le dictat de la classe dominante
– Quand un banquier vole un milliard, il reçoit pour ainsi dire le prix Nobel
_ Face à cela, il ne faut pas se lamenter mais s’organiser.
Il fait une analyse de la société en classe
– Les riches et les pauvres
– Les exploiteurs et les exploités
– Les bourreaux et les victimes
_ Il faut simplement être contre le capitalisme !
Au sujet de l’agriculture
Il croit en la souveraineté alimentaire et est contre la PAC actuelle et à venir (2013). La coopérative agricole de Marinalda touche actuellement 15% de subventions de la PAC.
Il constate que l’objectif des dirigeants :
– n’est pas de favoriser la production locale,
– mais de favoriser le commerce international !
- III. INTERVENTIONS « OFF » DU MAIRE DE MARINALEDA
Une discussion informelle s’est spontanément organisée lors de la pause, à l’extérieur, le maire de Marinaleda a fait un certain nombre de commentaires.
Situation économique
Actuellement en Espagne, les conditions objectives pour qu’une révolution ait lieu sont réunies…mais pas les conditions subjectives.
Il faut cependant profiter des faiblesses du système : un certain nombre de mythes ont volé en éclats ;
– le mythe du marché
– le mythe de la démocratie bourgeoise
– le mythe de l’état providence
– le mythe de la paix
Le capitalisme a besoin de grossir indéfiniment pour survivre, et cela même s’il faut épuiser les ressources de quelque nature que ce soit.
Les peuples n’ont plus beaucoup de temps pour s’organiser : le capitalisme seul ne va pas s’autodétruire, mais il va muter dans des formes plus cruelles.
On ne peut pas être écologiste sans être anti-capitaliste. La production doit s’organiser autour des besoins humains.
Difficultés rencontrées
Le pouvoir actuel essaie de criminaliser le maire, les élus et leur action. Il a plusieurs fois été convoqué par la justice, mais ne s’est jamais rendu à ces convocations : il pourrait donc maintenant être arrêté à tout moment !
Mais, son objectif est que ceux qui vivent puissent transmettre leur envie.
La gauche peut, certes, prescrire mais il ne faut pas s’arrêter là : il faut démontrer que le rêve est possible.
Les résultats de Marinaleda prouvent que la politique menée est bonne : ses effets sur le chômage (plein emploi) et sur le logement (intervention publique et autoconstruction expliquée plus loin) sont sans appel !
Sur son rôle de député
Juan Manuel Sanchez Gordillo explique que la politique menée par Zapatero est la plus à droite depuis longtemps.
Les lois ne servent pas toujours l’intérêt des plus pauvres.
_ La conséquence qu’il en a tiré, c’est qu’il ne faut pas toujours respecter la loi.
_ De ce fait, il est souvent mis en examen, mais refuse toujours d’aller devant le juge.
Sur la production de la coopérative agricole
L’objectif 1er est de créer des emplois, pas d’être rentables à tout prix.
– Le salaire est de 47€ pour 6h30 de travail pour un homme comme pour une femme, et ceci qu’il/elle soit responsable d’une équipe ou pas !
– La production d’olives est destiné a accueillir des travailleurs masculins. Pour que les femmes puissent travailler des productions moins pénibles comme les poivrons ont été mises en place : cela dit, tous sont conscients que le poivron n’est pas rentable, mais il procure du travail aux femmes, c’est cela l’essentiel !
– Les bénéfices ne sont pas redistribués mais réinvestis afin de créer des emplois
– La production est écoulée localement et en Andalousie
La région Andalousie souhaite vendre les terrains (qui appartenaient au Duc) à un prix très intéressant à Marinaleda…
Mais la commune refuse, considérant qu’elle ne souhaite pas être propriétaire mais simplement avoir l’usage de la terre !
Le plus difficile est de croire dans ce qui est possible et de continuer à se battre.
Il faut être le 1er à donner l’exemple : surtout les élus !
Pour rester au contact de la réalité sociale, un certain nombre de commissions associant syndicalistes, associations, commerces existent.
Energie et autonomie
L’objectif est l’autosuffisance énergétique.
Ils ont donc acheté des terres et des panneaux solaires : ils produisent de manière autonome une partie de leur énergie…
Mais cela est considéré comme étant illégal car il faut obligatoirement revendre sa production à l’opérateur d’électricité et lui racheter !
Eglise
Je ne peux que citer Juan Manuel Sanchez Gordillo « A Marinaleda, il n’y a pas de curé, grâce à dieu »
Les banques à Marinaleda
Il n’y a que des caisses d’épargne.
Cependant, elles sont en cours de privatisation par le gouvernement de Zapatero.
- V. DEBAT DU SOIR – INTRODUCTION PAR LES ANIMATEURS
Un des animateurs a rappelé en introduction l’historique du pourquoi cette soirée.
Lors d’un Repaire des Amis de Là-Bas si j’y suis dans le Tarn ayant pour thème « les villes en transition », ils ont découvert Marinaleda, et également un article élogieux du quotidien marxiste « New York Times » sur ce village.
Il a cité une phrase entendue dans le restaurant municipal de Marinaleda : « sans les autres nous ne sommes rien ».
- VI. DEBAT DU SOIR – CONFERENCE DU MAIRE DE MARINALEDA
Puis Juan Manuel Sanchez Gordillo a fait son intervention.
J’ai retranscris autant que possible
Ses propos qui sont donc à la 1ère personne du singulier.
_ Dès que j’aurai des liens vers les videos faites ce jour, je les indiquerai.
« Votre présence ici ce soir montre que notre lutte n’est pas inutile.
Je repartirai de France plus révolutionnaire que je n’y suis arrivé.
Le système capitaliste a le monopole du mensonge :
– ils nous ont dit que la crise venait du ciel. Mais dans une société de classe, c’est un mensonge.
– Ils nous disent qu’il n’y a pas de solution et qu’il faut s’y soumettre.
Sarkozy, Merkel, Zapatero sont les mêmes : ils se mettent à genoux devant les délinquants du
capitalisme.
Plus de marché disent-ils, mais c’est moins de pouvoir politique.
Tout est décidé au FMI, à la Banque Centrale, au sein de la trilatérale : nous sommes face à une dictature du marché et du capital financier. Tout le reste n’est que marionnettez.
Cette crise a fabriqué misère et chômage.
– Mais il y a le côté positif de la crise dont la gauche anticapitaliste doit profiter.
– La gauche capitaliste, quant à elle, est comme le papier toilette de la bourgeoisie.
Le 1er mythe a s’être effondré est celui du marché omnipotent : le marché c’est comme la cave d’Ali Baba…et ses 40 voleurs
La démocratie bourgeoise nous a montré au service de qui elle était : l’Etat, les lois, l’armée ne sont pas neutres !
Cette même démocratie est responsable de nombreux assassinats : on peut lui imputer la responsabilité de nombreux conflits du XXème et XXIème siècle : 1ère guerre mondiale, 2nde guerre mondiale, Viêt-Nam, guerres du Golf, Afghanistan, Libye…
La violence bourgeoise se fait appeler « ordre public ».
La violence des pauvres est qualifiée par la démocratie bourgeoise de « terrorisme ».
La gauche anticapitaliste a donc une chance historique pour mettre en place une économie au service de l’humain. Un exemple, la nourriture produite ne doit pas servir l’industrie chimique agroalimentaire !
Le logement est un droit.
C’est donc le moment de nationaliser :
– Les banques,
– L’énergie en incluant le secteur des énergies renouvelables.
_ C’est l’heure des peuples, l’heure de l’utopie.
En Andalousie, il y a 2 millions de chômeurs, 3 millions de pauvres, 400 000 familles en attente d’être expulsées de leur logement (suite aux hypothèques).
Cependant :
– 2% des propriétaires possèdent 50% des terres
– L’industrie n’existe plus
– 1,5 million de personnes sont analphabètes.
Marinaleda est le centre géographique de cette Andalousie.
Notre grand problème était le chômage, il est à l’origine de notre lutte. Les chômeurs touchaient 3€ de pension chômage par jour.
Mais nous ne voulions pas de pensions mais des emplois.
Nous avons donc lutté pour obtenir des terres, dans le cadre du Syndicat des travailleurs des champs affilié à Via Campesina.
Notre organisation politique tourne autour de 3 points :
– le sentiment régional
– l’anticapitalisme
– l’action directe par la non violence active.
Puis nous sommes arrivés à la Mairie.
3 piliers de l’action :
1. Démocratie Politique
Il y a une assemblée où participent activement les riverains/voisins à raison de 50 réunions par an.
On y discute du budget, des hausses ou baisses d’impôts, de la répartition des logements, des mobilisations.
Tous les élus sont à tout moment révocables.
Le village est organisé en plusieurs districts : chaque district regarde les travaux qui sont nécessaires sur son territoire, cela est ensuite discuté en assemblée.
2. Action économique
A la démocratie politique, il a fallu adjoindre l’économique pour résoudre le chômage.
La question de la terre a été posée. Qui possédait les terres ? Un grand propriétaire, le Duc de l’Infante.
Il nous a fallu 12 années de lutte pour obtenir 1200 Ha.
A chaque fois que le Duc voulait faire cultiver ses terrains, nous l’empêchions : nous avons occupé les terres, la police nous expulsait, mais nous revenions le lendemain, et ainsi de suite.
Nous avons fait des grèves générales, des grèves de la faim, nous avons occupé la banque d’Espagne, des aéroports…
Nous considérions que cette terre était nécessaire pour obtenir le plein emploi. Nous avons
créé une industrie alimentaire autour des olives, poivrons, fèves.
Les résultats :
– Il n’y a plus de chômage
– Fin de l’émigration
– La plus value de l’ouvrier doit revenir à l’ouvrier
– Les bénéfices sont réinvestis dans de nouveaux postes.
_ Aujourd’hui entre 400 et 500 personnes y travaillent.
Cette expérience est une « Commune ».
3. Logements
Initialement, il y avait bien souvent 3 générations dans le même logement.
Nous avons donc municipalisé le sol autour de Marinaleda et mis en place une politique :
_ La commune apporte le terrain, les matériaux, les maçons, et l’architecte municipal.
_ 3 modèles de logement sont proposés avec à chaque fois 90 m² de surface intérieure, et 100 m² de patio/jardin
_ Celui qui souhaite un logement apporte son travail dans le cadre de l’autocontruction : il doit apporter 370 jours de travail sur 3 ans
_ La construction est faite collectivement, plusieurs maisons sont construites, on ne construit pas « sa » maison.
_ Ainsi au bout de ces 3 années, la famille payera 15€ par mois pour être logée.
Le bien être des personnes ne doit pas avoir de limite.
La commune dispose donc :
– D’une garderie municipale : 12€/mois
– De 2 piscines (été et hiver) : abonnement 3€ par an
– De résidences pour les personnes âgées (2 existantes et 1 en construction)
– D’installations sportives gratuites.
Avec des convictions et des idées, on peut atteindre n’importe quel but.
La gauche ne peut plus simplement parler.
Elle doit démontrer ici et maintenant qu’un autre monde est possible.
Il y a certes des difficultés avec la justice et la police, mais ça vaut le coup.
Et même si on avait rien obtenu, ça aurait valu le coup car on aurait changé en mieux.
Soyons réalistes, demandons l’impossible. »
- VII. DEBAT DU SOIR – DEBAT AVEC LE PUBLIC
Afin d’éviter l’expérience du débat de l’après midi, les animateurs, avaient proposé en introduction de faire passer un carnet sur lequel toutes les questions pourraient être inscrites, afin de pouvoir grouper les questions sur des thèmes identiques, et d’éviter la cacophonie.
1. Conséquences de la sécheresse et problématiques liées à l’eau
La commune recherche des alternatives.
Ils envisagent de développer leur industrie alimentaire pour compenser les pertes d’emplois liés au climat ou au marché.
2. L’expérience s’est-elle produite ailleurs en Andalousie
Le syndicat des travailleurs des champs est le plus fort en Andalousie.
On essaie de faire en sorte que les pratiques soient les mêmes ailleurs.
3. Comment s’organisent les élections. Depuis 30 ans, cela repose beaucoup sur vous.
Quid des suivants ?
Il y a les assemblées et les réunions tous les lundis ainsi que des groupes de travail (avec des
personnes écologistes, des asso…).
Il existe aussi un sénat populaire regroupant l’ensemble des rues. Pas de décision mais un débat permanent.
Les élections : il y a des primaires entre tout le village à bulletin secret.
Puis, devant le notaire, les élus signent une charte : « les élus seront les 1ers dans la lutte, et les derniers au moment des bénéfices ».
Ils ont soutenu le mouvement du 15M (15 mai, indignés). Ils craignent cependant pour les 12/13 ans qui vont trouver un système déjà existant sans jamais être allés dans les luttes.
Le Maire pense que le mouvement continuera.
Les gens savent maintenant ce qu’ils veulent. Ils ne se laisseront pas faire.
4. Quels bénéfices dans une société qui reste capitaliste ?
Il faut combattre et aspirer à une société sans classe.
Il faut construire du monde, et on sent que ça a du sens.
Etant dans le monde capitalisme, on est soumis à des contradictions. Si le capitalisme n’existait pas, on pourrait aller beaucoup plus loin. Mais le capitalisme ne tolère pas la différence.
5. Les erreurs à éviter
– Il faut un projet et une mobilisation sur le village.
Lorsque Marinaleda, après 12 ans de luttes, a obtenu des terrains, les populations des autres villages ont souhaité aussi en profiter sans avoir participé à la lutte : dans ce village voisin, chacun récupérant un morceau de terre s’est comporté en propriétaire, individualiste.
Le combat/rôle municipal est donc primordial.
– L’autre risque c’est de ne pas être capable de transmettre qu’il faut lutter en permanence pour continuer de bénéficier de cette situation.
Il faut transmettre cette nécessité de solidarité. Par exemple, la guerre en Libye, ça le concerne. L’ennemi est le même, celui qui tire c’est le même.
Si le travailleur arrête d’être solidaire, il devient bourreau au service du bourreau.
6. Qu’en est-il des indignés et de la coopérative integral catalane
C’est bien que les jeunes se lèvent contre les syndicats. Les syndicats sont complices de l’organisation capitaliste.
Quand des gens comme les indignés se réveillent, cela montre que l’utopie n’est pas morte.
Le système pour stopper le mouvement a recours à :
– des interventions policières
– des infiltrations.
Mais le système ne contrôle pas le mouvement.
Pour ce qui est de la coopérative integral catalane, ils sont en contact avec toutes sortes de coopératives. Mais il faut que ce modèle se fédère.
Tous les anticapitalistes doivent se connecter, comme le capitalisme sait le faire, afin d’apporter une réponse concrète dans ce moment concret.
7. D’où vient l’argent pour le financement
[Remarque personnel : c’est un point à creuser pour comprendre comment cela fonctionne concrètement]
Pour les communes, il n’existe pas de possibilité de lever des impôts directs, assis sur les revenus, qui permettrait de faire payer plus quand on gagne plus.
Il reste donc des impôts indirects qui sont cependant anti-ouvriers et réactionnaires.
Il faut un impôt sur les bénéfices.
Depuis 20 ans, les impôts locaux n’ont pas été augmentés car ils sont indirects.
8. Peut-on venir vivre à Marinaleda ?
Oui, si vous venez on vous proposera un logement gratuitement (dans les installations sportives) et si vous voulez travailler, on vous proposera du travail.
9. Que faire pour vous aider ?
Il y a 2 manières :
– En achetant nos produits
– La manière la plus efficace : lutter pour faire des Marinaleda partout.
10. Remarque plus qu’une question : dans le milieu rural français, les innovations sociales qui sont soumises aux élus et aux institutions passent souvent par 4 phases ignorance, mépris, combat, récupération.
11. Se sent-il totalement affranchi des lois du marché et de la rentabilité économique
Nous recherchons le marché juste. Si le marché était juste les pays riches seraient moins riches et les pays pauvres moins pauvres.
Il faut donc créer un marché horizontal entre coopérative, et entre producteurs/consommateurs.
La solidarité doit devenir un acte concret.
Le Venezuela souhaite faire la même chose : ils importent en effet 80% de leur alimentation. Et vont donc venir voir pour s’inspirer.
12. Dans le documentaire, une femme regrette d’avoir arrêté ses études à 12/13 ans, que faites-vous en la matière ?
Nous nous inspirons de la méthode de Paolo Freire. Il faut savoir lire et écrire, et aussi savoir lire et écrire sa vie.
La culture est le chemin de la liberté.
13. Les chômeurs d’Andalousie ne viennent-ils pas en masse à Marinaleda ?
S’ils viennent, nous les mettrons à la lutte. La solution c’est que les chômeurs se réveillent face à ce système économique : toute personne a le droit à un travail digne.
14. Quel prochain rêve avez-vous ?
Comme dit le Che, seul celui qui rêve pourra changer la réalité. Celui qui ne rêve pas est mort.
Je rêve d’un monde sans guerre, sans banquier, sans multinationale, sans propriétaire.
Rêvons et luttons ensemble.
15. Question sur la place du franquisme ?
Franco est mort mais le franquisme n’est pas mort : la preuve c’est qu’après 1976, les juges, la
guardia civil, l’armée qui étaient tous franquistes sont restés en place.
Il conclut cette soirée par : VIVE L’UTOPIE
Sous une salve d’applaudissements et devant un parterre d’environ 150 participants encore
présents à 22h30, debout et émus.
Nicolas pour le Repaire des Amis de là-bas si j’y suis de Grenade…
Le lien vers le site « officiel » de la municipalité de MARINALEDA est ici :
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