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Travail et situations ! par Philippe Zarifian

Publié le vendredi, 27 mai 2016 dans TRAVAIL

Un texte de notre camarade Philippe ZARIFIAN à propos du travail

Je ne sais pas.!

Chaplin194Il y a davantage de choses que nous ne savons pas que l’inverse, c’est certain.!
Mais comment écrire à partir de ce que l’on ne sait pas ?!
La première chose à faire est d’écrire :  « Je ne sais pas ! ». C’est quelque chose qui me plaît infiniment, une sorte de libération, de respiration.!
Qu’est-ce que le travail ?

Je ne sais pas trop. La moins qu’on puisse dire est qu’il s’agit d’une activité. Un ensemble d’actes en situation. Il ne faut pas oublier la situation, car aucun acte n’existe qui ne soit inséré dans une situation. Du même coup, il la modifie. Cette modification est essentielle à saisir pour parler du travail bien fait !

La première chose à dire d’un travail ce travail et non pas un autre – réside dans ce qu’il a modifié de la situation au sein de laquelle il s’est exercé.

La seconde chose à dire est d’énoncer l’intention qui a présidé à la réalisation de cet acte, car bien entendu tout acte de travail est  « voulu », même lorsqu’il répond à un ordre. L’ordre sera interprété et son application demandera une intention. Donc : saisir l’intention !

La troisième chose est de s’intéresser au résultat de l’exercice de ce ferroutage page 3travail. Et pas seulement après, mais au moment où ce travail s’amorce. Tout formateur sait que c’est à ce moment que déjà le résultat se joue; c’est pourquoi il donne tellement d’importance à la façon dont un apprenti engage son travail !

La quatrième chose, bien entendu, réside dans son évaluation. Mais encore une fois, cette évaluation portera moins sur l’acte de travail en tant que tel que sur les effets qu’il a engendrés dans la situation.!

Au total, on le voit, la définition et l’analyse du travail portent avant tout sur la relation entre des actes de travail et une situation déterminée.
Mais posons nous la question : est-ce que les travailleurs et les évaluateurs sont formés à savoir analyser une situation ? Est ce que cela fait partie des apprentissages ?!
Assez peu, il faut bien le dire.!

Une situation est un ensemble inédit d’objets, d’intentions et de relations, positionnés dans le temps et dans l’espace. Spontanément, chacun d’entre nous est capable d’en tenir compte. Mais autre chose est de pouvoir en parler et donc de l’enseigner. C’est pourquoi on fait appel à l’expérience.!

Toute situation est insérée dans un vaste ensemble : un monde, le monde. Par le travail, nous contribuons à modifier le monde. Il convient donc d’avoir le sens du monde au sein duquel nous vivons.

autogestion 1Le plus difficile à transmettre est l’expérience du temps. Et nous nous devons de constater, qu’au sein du travail, ce temps est souvent assimilé à de la vitesse. Travailler vite. Mais pourquoi un tel accent ? Il n’existe pas d’autres raisons que l’économique, car le temps est aussi ce qui se trouve au centre de l’évaluation de la valeur économique des marchandises. Mais on voit aussitôt la confusion : on croit former à la bonne réalisation d’un travail, alors qu’on forme en réalité à sa soumission à la valeur économique.!
Dans nombre de cas, la réalisation d’un travail « bien fait » supposerait de brider la vitesse, voire d’aller lentement, à cause de l’attention à porter à ce que j’ai dit, c’est à dire la relation entre les actes et une situation déterminée. Mais tel n’est pas ce qui est mis en avant dans les évaluations hiérarchiques. Travailler vite est devenu une sorte de « mot d’ordre », dont il faut, dans nombre de cas, souligner la bêtise.! Le travail doit être création, au sein d’une relation au monde.

Je reviens à ce que j’ai dit au départ : « je ne sais pas » .

Il est probable qu’un grand nombre de personnes ne savent pas analyser rigoureusement une situation et, moins encore, se situer dans le monde au sein duquel elles vivent.

Mais, sauf pour des situations réputées dangereuses, cette carence est souvent contournée sans grande difficulté ni conséquence, croit-on)! Une approche approximative suffit. Il faut simplement en être conscient pour ne pas oublier que c’est dans la situation que tout se joue en matière de « travail »,  et que  nombre de travaux sont sans portée, inutiles !

Le corporatisme, que le syndicalisme encourage souvent, en est la conséquence.

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