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LAÏCITÉ ET TOLÉRANCE

Publié le dimanche, 6 mai 2012 dans Confluences 81, Dossiers, Point de vue

Dans le n° 96 de CONFLUENCES 81 ,bientôt dans les boites à lettres des veinard-e-s que sont les abonné-e-s, le dossier central a pour thème : « Laicité(s).

Nous en extrayons cet article :

« La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une ! » *

 Voilà bien un terme synonyme de ligne à ne pas franchir sous peine d’être dans le politiquement incorrect, dans l’inacceptable, dans le viol Sacré de la République.

De par les polémiques qu’il engendre ou qu’il est censé régler, ce mot devient à son tour auréolé de sacré ou de tabou ! 

Est-il possible de faire dire à un mot tout ce que nous voulons qu’il contienne ? Ce serait ignorer les évolutions du langage. Ce serait accorder trop de pouvoir aux académicien-ne-s de la langue française !

 

Si ce mot a été inventé récemment, vers 1870 selon mes renseignements, l’idée de protéger, de séprarer la politique et la vie publique de la contrainte religieuse, de la foi individuelle remonte à l’antiquité.

 

Que ce sujet cristallise encore autant d’émotions signifie bien qu’il répond à des préoccupations intemporelles !

 

J’aborde souvent ce sujet sous l’aspect de la tolérance.

Il me semble bien que c’est d’une notion de tolérance dont il s’agit. De la possibilité de vivre ensemble sans s’imposer nos convictions religieuses, spirituelles. Là où nous devons bien être attentifs, c’est que la conception de laïcité ne devienne pas une idéologie qui s’impose aux autres comme une vulgaire idéologie sectaire. Nous ferions vivre aux « autres » ce que la laïcité est censée empêcher ! Pour cela il est impératif qu’une société laïque permette à toutes et tous (bien entendu il restera des fanatiques difficiles à convaincre) de vivre ensemble en laissant aux êtres qui la composent le droit et la possibilité de développer leur individualité. 

 

Liberté de conscience, liberté d’expression, neutralité confessionnelle devraient être des outils d’une société progressiste, laïque.

 

Interdire des signes religieux « ostensibles », « ostentatoires », est-ce protéger la laïcité ? Est-ce encore de la laïcité ? Ou de l’intolérance ?

Interdire le voile à l’école, est-ce au nom de la laïcité ou au nom de la défense des droits universels des humains ? Est-ce que caractériser une fillette à l’aide d’un objet est un fait religieux ou une violation de son droit à l’égalité ? Est-ce que définir une personne comme objet sexuel (puisque précisé comme tel au regard des hommes par un objet qui lui est spécifiquement imposé) est un problème de laïcité ou de droits élémentaires ? 

 

Est-ce que l’abattage rituel halal ou casher est une atteinte à la laïcité ou aux droits des animaux ? 

 

Est-ce que les interdictions imposées par les Haredims en Israël à l’encontre des femmes (encore elles, tiens !) sont de l’ordre du religieux ou de la misogynie ?

 

Est-ce que le discours de Latran du président de la République française est une entorse à la laïcité ou bien une preuve de plus de la vilenie du personnage et de l’archaïsme de notre société ?

 

Est-ce que la volonté de certaines femmes de ne pas consulter un médecin du sexe opposé est une insulte à la laïcité ? Ne peut-on pas tenter de répondre à cet élan de pudeur en favorisant la mixité dans les carrières médicales ? De même pour les créneaux non mixtes dans les piscines municipales, si il est possible de les aménager pourquoi ne pas tenter de répondre à une exigence qui peut être entendue sans pour autant être une atteinte à la laïcité… 

 

Le fait de vouloir vivre dans une société où l’on ne nous impose pas une foi ou une manière de penser est déjà en soi une façon d’imposer sa vision : celle d’une société où on nous impose de ne pas imposer. Au même titre que le célèbre « il est interdit d’interdire » contient en lui une interdiction ! Donc une contradiction ! Après avoir dit cela, on s’aperçoit qu’on peut tourner longtemps en circonvolutions. Aussi il semble qu’il faut un peu de courage pour affronter certaines contradictions et s’imposer d’abord à nous-mêmes, des limites acceptables en faisant en sorte qu’elles puissent être acceptées par d’autres.

 

Peut-être que la tolérance nous aidera à affronter nos contradictions ?

 

Patrice K (athée relativement tolérant)

(mars 2012)

  * Jean-Marie Matisson dans son introduction devant la commission STASI (2003)

Le tableau qui illustre cet article est de notre ami KALIE

Merci à lui !

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