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MOLEX : c’est pas le moment de mollir !

Publié le mardi, 1 septembre 2009 dans Articles, Confluences 81

Paru dans le numéro 80 de Confluences.

Villemur/Tarn, dimanche 9 août, 14 h 30. Graffitis sur les murs de l’usine («le Père Molex est une ordure»), drapeaux de l’intersyndicale accrochés aux grilles. « Les Molex » sont une bonne dizaine à terminer leur repas sous l’auvent installé devant l’entreprise. L’un d’eux discute paisiblement avec l’un des gendarmes « locaux » – ils se relaient jour et nuit sur le parking – qui tient un gobelet de café à la main. Tous ont les traits tirés, les yeux cernés par 14 heures de présence chaque jour sur le site depuis le 7 juillet. Ils veillent sur leur « trésor de guerre », le stock de 40 000 connecteurs. Déterminés !

Ils nous accueillent avec convivialité et sympathie, comme de vieux amis que l’on retrouve avec émotion après s’être perdu de vue pendant des années. Nous sommes venus leur porter le soutien des Alternatifs du Tarn (soutien financier également) et du journal Confluences 81. Ce qui à l’évidence ne leur déplaît pas ! La conversation s’engage avec Guy, Patrick, Jacques, « Astérix »… Fabienne se joindra au groupe au cours de l’après-midi.

Sauvegarder l’emploi

Une rapide présentation de l’entreprise Molex de Villemur (production d’objets de connectique automobile), de l’historique du conflit depuis octobre 2008 et nous voici au cœur du sujet. Pour Patrick, président de l’association « Solidarité Molex », l’essentiel, c’est de sauvegarder les emplois sur le site. 283 emplois menacés, sans compter la vingtaine d’intérimaires et tous les emplois induits au niveau d’une bourgade qui n’atteint pas les 6000 habitants. Il s’agit pour les syndicats unis en intersyndicale de négocier le PSE (Plan de Sauvegarde de l’Emploi) : Plan de Suppression de l’Emploi ! corrige, rigolard, Guy (délégué CGT). Au-delà de l’emploi, c’est aussi l’outil de travail que les Molex veulent sauver. L’entreprise est viable et gagne beaucoup d’argent… C’est nous qui avons créé ces richesses…

Molex, pilleur d’entreprise

Le 6 août dernier, l’annonce par la direction que la société n’était pas vendeuse et que la négociation avec l’éventuel repreneur était rompue a fait monter la pression. La colère (voir encadré) aussi : le plan de liquidation de Molex-Villemur était programmé bien avant l’annonce officielle de la fermeture en octobre 2008. Il est clair que les Américains ne veulent pas de repreneur. La démission des dirigeants « locaux » marque la reprise en mains par le siège social Etats-Unien. Les Américains nous vampirisent : après avoir racheté les brevets il y a quelques années, le « clonage » de l’usine de Villemur et la construction de son « double » dans le Nebraska sont bien le signe que la direction U.S. de Molex n’a rien à faire d’un repreneur, car elle ne veut pas vendre son activité, mais simplement la délocaliser aux States.

Et si on s’autogérait ?

Pour débloquer la situation, beaucoup mettent leur espoir dans la pression que pourrait exercer P.S.A. (80 % des commandes). L’intersyndicale maintient le cap vers la solution d’un repreneur. Nous avons évidemment posé la question de la reprise de l’activité par les salariés eux-mêmes. Cette idée, ils l’ont déjà eue et tournée et retournée dans leurs têtes. Selon Patrick, elle ne passe pas bien. Elle se heurte à des difficultés de mise en place. Il s’empresse d’ajouter : mais elle n’est pas abandonnée ! Monter une coopérative ouvrière n’est pas évident quand l’entreprise en place n’est pas vendeuse, qu’on veut rester dans la légalité et qu’on imagine sans peine que le soutien politique au plus haut niveau ne suivra pas… Toutefois, la richesse est au creux de leurs mains et dans leurs têtes.

Dans l’immédiat, soutenir !

Il est urgent d’apporter un soutien concret aux Molex. Comme le font la population Villemuroise, les élus locaux et régionaux, les gendarmes locaux, (d’ailleurs montrés du doigt par la direction Molex), et bien d’autres encore, comme cette jeune troupe parisienne amateur, venue présenter devant l’entreprise son spectacle sur la malbouffe1… Soutenir financièrement (voir encadré), mais aussi en allant leur rendre visite sur le site et parler avec eux.

Propos recueillis par Anna Amato, El Ba, Candida Rouet

1 Un spectacle de soutien est prévu à Villemur le 25 septembre prochain : qu’on se le dise !

En savoir plus

2 sites Internet : www.molex.unblog.fr

www.molex-villemur.com

Soutenir financièrement

Envoyez vos chèques à l’ordre de « Solidarité Molex » à l’adresse suivante :

Mairie de Villemur – « Solidarité Molex » – 31340 VILLEMUR/TARN

Contrôle ouvrier ?

Il y a deux solutions : soit on trouve un repreneur et on repart dans un système plus ou moins vicieux, avec un directeur au cul ; soit l’outil de travail est repris par les salariés, et l’on est décisionnaire à 100%. C’est pas gagné, mais ce serait une très bonne solution, pour qu’on décide de notre avenir et des profits que l’on pourrait faire. La boîte est rentable et elle peut vivre sans Molex. La reprise des outils de production par les salariés, ce n’est pas utopique. Ça existe au Pays basque, en Argentine, et ailleurs dans le monde. Les salariés n’ont pas la même vision qu’un actionnaire. Ils sont attachés à leur outil de travail, sans chercher à s’en mettre plein les poches. A partir du moment où tu arrives à vivre décemment, le problème est réglé.

Alexis Antoine (sur médiapart)

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