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Pourquoi il faut parler de fascisme à propos de l’islamisme politique radical, par Vincent PRESUMEY

Publié le dimanche, 7 août 2016 dans Point de vue

 Cet article entreprend de démontrer la validité de la caractérisation de Daech comme fasciste. 1° partie : quel sont les traits concrets de Daech qui nécessitent de caractériser ainsi cette organisation.

Nous le publions comme contribution au débat nécessaire . . .


Une explication nécessaire.

fam027_redimensionner(3)Quand les frères Kouachi ont massacré la rédaction de Charlie Hebdo, le qualificatif de « fasciste » est venu spontanément à l’esprit de beaucoup, pour qualifier deux petits semi-délinquants assassinant, au nom d’une idéologie religieuse totalitaire, des figures de la critique sociale aussi emblématiques que l’étaient Cabu ou Wolinsky. Spontanément, mais aussi de manière réfléchie.

Dans certains milieux d’extrême-gauche, l’emploi de ce qualificatif a paru choquant : malgré l’horreur de leur crime, pouvait-on admettre que de soi-disant représentants de couches sociales opprimées, victimes, disait-on parfois, d’une discrimination religieuse inhérente à la « République », appelée « islamophobie », soient aussi sévèrement qualifiées ? Le simple emploi de ce terme apparaissait en fait comme le symptôme des préjugés racistes et « islamophobes » de qui osait les employer, la manifestation de leur nature viscéralement dominatrice !

La très grande retenue chez les uns, le maniement des interdits et des anathèmes chez les autres, à l’encontre d’une telle caractérisation désignant des assassins d’un courant islamiste politique dit « radical » – malgré, soit dit en passant dans le cas des frères Kouachi, la révélation ultérieure de connections réelles avec la « bonne vieille » extrême-droite raciste « française » dans la manière dont ils se sont procuré des armes -, ont continué depuis, se répétant à la suite des massacres de même nature, et hélas de plus grande ampleur, commis à Paris le 13 novembre 2015, et à Nice le 14 juillet 2016, et encore à la suite de l’égorgement d’un homme de 84 ans, prêtre catholique, à Saint-Etienne du Rouvray. 

Il ne faudrait pas appeler les fascistes fascistes, ce serait, au pire, la indexmanifestation de la nature foncièrement « coloniale » et « laïcarde », de ceux qui emploient ce terme, au mieux la pure manifestation de leur émotion, comme si ces grands sensibles confondaient « fasciste » et « gros méchant ». 

Il peut donc être utile et s’avérer nécessaire d’expliquer, et encore expliquer, en quoi Daech, tout particulièrement, mérite très exactement la caractérisation de fasciste. Ce faisant, nous serons amené à parler aussi de l’islamisme politique en général, mais s’il y a bien des points communs entre tous les courants qui s’en réclament, la caractérisation de fasciste ne s’applique pas à tous et doit être maniée avec précaution. L’islamisme politique n’est pas forcément fasciste mais il peut le devenir : dans le cas de Daech, c’est fait.

1° partie : caractères du fascisme et caractères de Daech.

Le fascisme.

Dans l’histoire européenne et mondiale le fascisme survient comme la mobilisation violente de masses petites-bourgeoises hétérogènes pour détruire le mouvement ouvrier, et avec lui l’ensemble des conquêtes démocratiques, saccageant du même coup la culture humaine, la civilisation, en général. Le capital et son Etat y ont eu recours, sans aucun plaisir, en tant que ressource ultime contre un danger révolutionnaire prolétarien ou comme garantie de ne plus y être confrontés avant longtemps. 

ob_f2859c_migrationsUne fois au pouvoir le fascisme instaure une forme totalitaire d’Etat, la dictature sur tous les aspects de la vie, privée ou publique, remplaçant la mobilisation de hordes petites-bourgeoises désormais dégrisées, car leur vraie vie n’a pas changé. Ces caractères généraux sont déduits du modèle italien du fascisme. 

Mais son accomplissement allemand, le nazisme, y ajoute un trait structurel très important (que le fascisme italien a tenté, avec plus ou moins de succés, de mimer lorsqu’il s’est finalement trouvé à la remorque du nazisme) : une vision raciste hiérarchisée de l’humanité, détruisant en fait la notion d’humanité, vision vertébrée par l’antisémitisme, et qui, on le sait, n’est pas restée une vision, mais fut bien une pratique de masse. 

De sorte que l’Etat national-socialiste allemand a ajouté, en somme, une troisième phase au processus de développement du fascisme, aprés la phase initiale de mobilisation violente de hordes petites-bourgeoises, et celle de l’installation d’un Etat capitaliste totalitaire : celle d’un Etat, toujours capitaliste et même plus que jamais, car impérialiste et engagé dans une accumulation rapide et barbare par la guerre et la destruction, le génocide envers les Juifs formant le coeur de cette fuite en avant.

Parler de fascisme à propos d’autres phénomènes politiques et sociaux que les paradigmes mussolinien et hitlérien comporte évidément des risques de généralisations abusives et de dilutions96 page 3 Edito Kali- des critères déterminants. En parler dans le cas, en l’occurrence, de Daech, ne veut évidemment dire ni qu’il s’agit exactement, ou même en gros, de « la même chose », ni que la caractérisation de fasciste ne puisse s’appliquer, là aussi en faisant les distinctions nécessaires, à d’autres phénomènes actuels encore. 

Il ne s’agit pas seulement d’appliquer des catégories ou de donner des noms aux choses, mais de le faire en s’efforçant de partir de leur contenu réel et pour mieux cerner, et au besoin combattre, celui-ci. Daech est un cas extrême, ou particulièrement avancé, mais pas une exception aberrante. Il faut donc en étudier les traits fondamentaux. C’est en fonction de ceux-ci que l’on pourra dire, ou non, non seulement si la caractérisation de fasciste tient ici la route, mais si elle ne doit pas recevoir au passage, de l’analyse du réel, des précisions, des ajouts, voire des modifications, de même que déjà, en passant du fascisme italien au nazisme allemand, la plus grande puissance et agressivité de l’impérialisme allemand, et le rôle du racisme et de l’antisémitisme comme structure mentale fondamendale de l’idéologie nazie, imposent d’apporter des modifications substantielles à la catégorie de « fascisme » et, évidemment, d’en distinguer des variantes. 

La méthode que l’on s’efforce de mettre en oeuvre ici est donc aux antipodes du procédé qui consiste à traiter de « fasciste » tout ce qui vous déplait, procédé qui est d’ailleurs usité par ceux qui, tout en jouant les vertus outragées devant l’emploi de ce terme s’agissant de courants islamistes, le dégainent pourtant assez facilement s’agissant par exemple du bonapartisme concordataire du gouvernement Valls-Hollande, auquel on peut faire bien des reproches, mais qui n’a rigoureusement rien de fasciste – pour ne rien dire de ceux qui vous soupçonnent de fascisme précisément parce que vous avez qualifié comme tels certains islamistes !

Le rôle social de Daech : contre-révolution totalitaire.

Il ne semble pas y avoir, directement, dans le cas de Daech, le spectacle de hordes petites-bourgeoises venant casser les syndicats et le mouvement ouvrier. Mais il convient d’y regarder de plus prés en comprenant que l’histoire ne se répète jamais à l’identique.

paris-2005-danger-passivite_2L’islamisme politique en général, par delà sa diversité, est anti-syndical et anti-ouvrier et défend le respect de la propriété privée et de la production capitaliste. Ce n’est évidemment pas cet aspect, conservateur et conformiste, qu’il met en avant, mais l’idéologie politico-religieuse selon laquelle la loi islamique transcende les antagonismes de classe, moyennant quoi les classes exploitées n’ont qu’à bien se tenir. 

La crise révolutionnaire qui a vu le renversement du président-autocrate-voleur Ben Ali en Tunisie, puis de Moubarak en Egypte, et celles qui commencèrent au même moment contre les régimes en place en Syrie, en Libye, au Yémen et au Barhein, ont vu très vite se dresser contre elles les courants islamistes, Frères musulmans et salafistes, qui étaient les seules forces organisées d’opposition consistante dans les anciens régimes qui, tout en les réprimant, leur avaient parfois concédé des activités clientélaires d’ « aide sociale », comme en Egypte. 

Les aspirations de la jeunesse des pays arabes : avoir un avenir, mettre fin à la corruption, gagner le respect et la démocratie, exprimées avec force de façon ultra-majoritaire lors des débuts de révolution des années 2011-2012 et à plusieurs reprises depuis, sont radicalement antagoniques envers deux types de forces, officiellement opposées mais qui ont bien des connivences et des passerelles entre elles : les régimes policiers prébendiers et tortionnaires, et les islamistes.

En Syrie, l’irruption islamiste survint dans les zones insurgées libérées de l’Etat de Bachar el Assad, pas du tout au départ, mais comme une ingérence extérieure armée, financée et organisée, d’abord sous la forme, principalement, du front al-Nosra (al-Qaida) aidé par les régimes saoudien, qatari et turc. Leur rôle a été directement contre-révolutionnaire, écrasant ou absorbant les organismes locaux autonomes apparus pendant l’insurrection, et aussi indirectement, en permettant au régime de Damas, et à toutes les forces qui le soutiennent au niveau mondial, de faire passer pour islamiste un mouvement insurrectionnel populaire désormais pris entre deux feux, et fournissant à pas mal de courants politiques de gauche un alibi pour laisser un peuple entier se faire massacrer.

Mais Daech apparut d’abord en Irak, plus comme l’aboutissement d’une décomposition de morceaux de la société et de l’Etat que comme réaction contre-révolutionnaire directe, bien que les manifestations de masse contre la corruption et contre le confessionalisme, à Bagdad, soient la pire menace pour lui, qu’il combat par des attentats de masse systématiques. A un noyau issuy1pEtHpKE6Add9dLi6idaPyX09cFxF4dHrikC90fwQ4u2cooz_fVswAUIjv7-zZ140GaNgaosfgJSg d’al-Qaida, en sécession par rapport à la maison-mère, s’ajoutèrent des secteurs arabes sunnites menacés par le régime en place à la fois lié à l’Iran et aux Etats-Unis, et des morceaux de l’ancien appareil d’Etat baathiste, que leur reconversion en « islamistes » ne gène pas, du moment qu’ils retrouvent une position de chefs prévaricateurs. 

La poursuite, envers et contre tout, de l’insurrection populaire dans les deux tiers de la Syrie, conduisit à des ralliements d’islamistes et probablement aussi de morceaux de l’appareil d’Etat baathiste, à un « Etat islamique » qui s’installa alors à cheval sur les deux pays, Syrie et Irak, avec un projet idéologique et géopolitique propre, celui de la restauration d’un califat, programme mondial dont la première matérialisation fut ce chevauchement. Le régime de Damas a utilisé ce phénomène et s’est à plusieurs reprises entendu avec lui. 

Ce ne sont pas des millions, ni des centaines de milliers, de personnes mobilisées en masse qui ont fait le succès de cette opération en 2014, mais quelques dizaines de milliers, fortement armées et bien financées : islamistes déjà en place, nervis et policiers des anciens régimes, et volontaires internationaux.

Les relations sociales et politiques qu’ils ont mis en place sont totalitaires. Le fondement en est l’attaque brutale contre les imagesfemmes, contraintes au voile intégral, véritable programme et drapeau d’une contre-révolution qui, à partir de là, touche tous les domaines. La terreur contre les femmes bride toute la société. Les femmes capturées à l’ennemi ou « mécréantes », chrétiennes ou yezidis, sont vendues comme esclaves, domestiques et sexuelles. Le taux d’exploitation dans les champs pétroliers, les usines textiles, les plantations et les centrales thermiques situées dans la zone de l’Etat islamique est élevé : pas question ni de grève, ni de syndicats. Toute organisation autonome, non islamique, est interdite ou, au mieux, absorbée. Une chappe de plomb de type totalitaire se met en place.

Cette dimension totalitaire n’est pas en elle-même suffisante pour parler de fascisme, mais elle en est une composante nécessaire. Sa dynamique contre-révolutionnaire est capitale. Le programme du califat de Daech, comme forme extrême de tous les programmes politiques fondés sur la charia, s’oppose frontalement aux aspirations des « révolutions arabes », et il s’y oppose, non d’une manière conservatrice et statique, mais d’une manière dynamique et révolutionnaire à sa façon, celle de la contre-révolution. 

S’il y a eu des heurts et des affrontements nombreux entre manifestations démocratiques et islamistes dans les pays arabes, et encore récemment en Syrie dans les zones libérées, lors du cessez-le-feu de début 2016, il n’y a évidemment pas eu d’affrontements reproduisant la forme canonique des faisceaux attaquant les ouvriers agricoles en Lombardie ou des SA attaquant les quartiers ouvriers de Berlin. Il n’empêche que ce que Daech liquide dans la pratique, c’est la possibilité même qu’il y ait des manifestations comme celles des « printemps arabes », des grèves comme celles du phosphate tunisien ou du textile égyptien, des occupations de places Tahir, des mobilisations via les réseaux sociaux, des mouvements féminins d’émancipation, des mobilisations contre le clientélisme et la corruption comme récemment encore à Beyrouth ou à Bagdad. 

En ce sens, ce que Daech a fait dans sa zone, c’est ce à quoi même Bachar el Assad n’est pas parvenu dans l’ensemble de la Syrie, c’est ce à quoi l’islamo-démocrate Erdogan aspire en Turquie, et c’est ce que la monarchie saoudienne craint à terme de ne plus savoir faire : interdire toute autonomie de pensée et d’action, individuelle ou collective.

De plus, les forces qui, dans la pratique, mettent réellement en danger et sapent l’ordre de Daech sur le terrain, ne sont pas tant les bombardements occidentaux ou russes, qui contribuent souvent, par leurs « bavures », au confinement de la population que veut Daech, ni les attaques de nervis des soldats gouvernementauxUn Pot -... -Medium- et avec eux d’autres miliciens islamistes, mais chiites (dont le Hezbollah en Syrie), mais ce sont surtout les forces nationales kurdes, et avant tout, plutôt que celles au pouvoir dans le Nord de l’Irak, celles dont l’origine historique et les références idéologiques, quelles qu’en soient les contradictions, renvoient au socialisme et au mouvement ouvrier, le PKK et ses émanations, qui sont parvenus à créer des formations féminines armées, cela y compris parmi des femmes yézidis.
Alors, certes, on n’a pas de combats de rues entre rouges et bruns, mais on a des combats entre femmes en armes et islamistes : ça se vaut bien, non ?

Le recrutement.

L’islamisme politique en général recrute massivement dans les couches sociales intéressées à une petite accumulation de capital, ou à un début d’accumulation, mais se situant en dehors des foyers principaux de cette accumulation, que sont, dans la plupart des pays à majorité musulmane, l’Etat et les clans et clientèles de prébendiers qui le tiennent ou se le partagent. Le capital commercial du « bazar », les petits et moyens entrepreneurs, parfois aussi, comme en Turquie, d’anciens immigrés en Europe ayant économisé comme prolétaires un pécule qui devient un capital de retour au pays, forment la base la plus fidèle de l’islamisme politique sous ses formes traditionnelles, disons en gros les Frères musulmans, ou, en Turquie, les frères ennemis Erdogan et Guyen. 

La petite intelligentsia est proche de ces couches ou en est issue, ainsi que les petits fonctionnaires pris dans la contradiction de travailler pour l’Etat corrompu et corrupteur, qui s’en sortent par l’ostentation religieuse, tout en empochant eux aussi leurs pots-de-vin. 

En bas, il va sans dire que ce recrutement, via le clientélisme, l’aide sociale, la manipulaton de la piété populaire … s’étend largement sur les couches les plus pauvres, chômeurs et déclassés des grandes villes, mais celles-ci ne fournissent ni les cadres, ni les militants de choc.
Ce qui n’apparaît pratiquement jamais est un islamisme politique de salariés, d’ouvriers, ou encore de paysans (à ne pas confondre, dans ce dernier cas, avec la religion traditonnelle).

Les programmes politiques de construction nationale par l’Etat et le protectionnisme, liés historiquement au nationalisme arabe, ont largement fait faillite, et même les régimes lybien ou syrien, à la veille des évènements révolutionnaires de l’année 2011, étaient engagés dans les privatisations généralisées. L’aspiration du petit et moyen capital productif et marchand à accumuler librement, d’une part, l’acccumulation étatique et rentière, d’autre part, sont les deux faces complémentaires d’une même impuissance, celle d’un développement capitaliste « équilibré », n’arrivant même pas à singer les modèles chinois, indien ou brésilien, pourtant guère équilibrés eux-mêmes. Islamisme politique et régimes militaro-policiers rentiers sont les deux expressions de ces deux secteurs, frères ennemis mais inséparables, du capitalisme dans les pays arabes voire même dans l’ensemble des pays musulmans.

Précisons que dans les régimes officiellement islamistes, financiers du mouvement dans son ensemble, Arabie saoudite en tête, l’Etat rentier est la propriété clanique des tenants de la vertu et de la charia, qui sont naturellement les plus âpres et les plus corrompus, ouvrant la voie, parmi leurs opposants et laissés-pour-compte, à des surrenchères dans le même registre.
Le recrutement de l »islamisme « radical », sauf peut-être, et encore, Boko Haram au Nigéria qui a peut-être une base régionale rurale, ne s’inscrit pas en rupture, mais dans le prolongement, de ces caractères généraux de l’islamisme, mouvement socialement capitaliste et aux aspirations capitalistes, cultivant tout le puritanisme et toute la tartufferie des petits exploiteurs et demi-exploiteurs qui aimeraient s’épanouir beaucoup plus et qui n’y parviennent pas, mais il en accentue fortement les caractères « déclassés ». 

Daech semble avoir recruté dans l’intelligentsia pauvre et dans l’ancien fonctionnariat, policiers et nervis compris, des Etats rentiers irakien et syrien (voire même lybien, puisque là sa base est à Syrte, ancien fief du clan Kadhadi). 

Définissant un programme politique mondial, le « califat », Daech s’est aussi mis à recruter des volontaires internationaux dans les milieux de la petite (ou grande) délinquance, ce que l’on appelle les « lumpens », et dans la jeunesse sans emploi et sans avenir, y compris diplomée. Le « profil », comme on dit, de beaucoup de terroristes ayant fait allégeance à cette organisation dans les pays occidentaux, comme déjà auparavant, à une moins grande échelle, pour al-Qaida, va ainsi du petit déliquant au cadre industriel ou commercial. Ce recrutement puise, semble-t-il, pour environ un tiers dans des milieux de culture non musulmane et non issus de l’émigration hors des pays musulmans, mais de culture chrétienne ou sécularisée. 

Dans ce recrutement international, il y a un cas particulier : celui des volontaires issus de groupes nationaux opprimés dans leurs pays respectifs, surtout Tchéchènes (Russie) ou Ouïghours (Chine) : leur aspiration nationale initiale ne peut qu’entrer en contradiction avec la nature réelle, a-nationale, de Daech. Il est d’ailleurs possible que certains, parmi les Tchétchènes en particulier, soient plus des desperados mercenarisés que des révoltés, auquels les milices locales à la Kadyrov n’auront pas offert de débouché.

Une analyse efficace de ce recrutement nécessite d’examiner le contenu social mais aussi psychologique des motivations mises en oeuvre ou révélées par l’adhésion, plus exactement par l’allégeance, à une telle organisation. J’y reviendrai plus loin, à propos de la dimension religieuse explicite, et capitale, de ce type de fascisme. A ce stade, deux précisions complémentaires sont nécessaires.

D’abord, répétons-le : on ne parle pas de recrutement par millions ou par centaines de milliers, mais « seulement » par dizaines de milliers. C’est suffisant pour commettre bien des carnages, mais ce n’est donc pas un véritable mouvement de masse qui embrasserait des foules dans les pays musulmans, et pas non plus des secteurs massifs de la jeunesse dans les pays occidentaux (ce qui ne veut pas dire que le phénomène soit sans importance collective). Nous sommes très loin des hordes de « déshérités » organisés pour briser les femmes, la gauche et les ouvriers, en Iran en 1980, et très loin aussi du caractère massif du Front Islamique de Salut, réellement majoritaire et ayant largement gagné les élections, en Algérie en 1989, que jeunesse et couches pauvres de la population avaient alors réellement, pour un temps, soutenu.

D’autre part, un terme est employé officiellement pour essayer de comprendre, ou plutôt pour se l’interdire, le processus d’allégeance de jeunes, surtout de ceux issus de pays occidentaux : la « radicalisation ». Ce terme est catastrophique. 

Dans les années 1970 il était couramment employé, dans un sens positif, pour désigner la montée d’aspirations émancipatrices, anticapitalistes, féministes, visant la libération individuelle et collective, dans la jeunesse du monde entier. Amalgamer par une désignation commune ce phénomène qui a réellement, peu ou prou, touché alors dans des pays très variés la majorité d’une génération tournée vers l’avenir, à un phénomène de type régressif, et beaucoup moins massif, né des décennies plus tard aprés les échecs de bien des mouvements d’émancipation, ne peut que conduire à la confusion, et permet de ne pas traiter la dimension politique, et la dimension religieuse, qui seraient en quelque sorte « innocentes », de la transformation de quelques centaines de petits déliquants et de jeunes prolétaires déclassés en criminels de masse, et d’en faire une question seulement sécuritaire et aussi, à la rigueur, psychiatrique, sûre manière de ne pas s’en sortir. Le terme est tellement confus qu’il peut même permettre d’accuser de « radicalisation » n’importe qui d’autre que des féaux de Daech ou d’al-Qaida. 

La confusion dans l’emploi officiel de ce terme correspond d’ailleurs à la confusion de ceux des courants politiques d’extrême-gauche nourrissant une sympathie perverse ou une culpabilité morbide envers les assassins de Daech, qui seraient, quelque part, des enfants perdus des luttes révolutionnaires, alors qu’ils sont la contre-révolution moderne et contemporaine.

Ces deux précisions faites, concluons provisoirement sur la question du recrutement de Daech dans l’optique d’une comparaison avec le fascisme-type : il ne s’agit pas de « hordes » très nombreuses, mais il s’agit bien d’une mobilisation de couches petites-bourgeoises, lumpen ou déclassées, on y reviendra, à l’encontre des révolutions arabes, des libertés démocratiques, des droits des femmes, et du mouvement ouvrier.

Le financement, et la place du régime saoudien dans le système capitaliste mondial.

Le caractère capitaliste, socialement et économiquement parlant, de Daech comme de l’islamisme politique, ne fait donc aucun doute. Le fait que son recrutement n’ait pas, en l’état actuel, une dimension aussi massive que celle du fascisme en Europe dans les années 1920-1930 ou que ce que d’autres courants islamistes avaient réalisé auparavant, souligne d’autant plus la nécessité d’un financement important, non seulement pour armer, mais pour payer les recrues. Car faire allégeance à Daech est risqué sans doute, mais c’est un débouché. Comme dans les faisceaux italiens, comme dans les Sections d’Assaut du NSDAP, la recrue est payée, nourrie, formée et encadrée. 

Cet aspect est sans doute celui qui présente la plus grande similitude avec notre fascisme standard. Le financement de Daech semble être passé par deux étapes. 

D’abord, la rente pétrolière notamment saoudienne, via non le régime lui-même, mais des familles et clans liés au régime mais jouant leur jeu propre, comme cela avait déjà été le cas avec al-Qaida, dont le célèbre chef, Oussama Ben Laden, devrait être compté au nombre des grands entrepreneurs « schumpétériens » de l’histoire, grand capitaliste, financier avisé, et preneur de risque à la façon d’un Wallenstein au XVII° siècle. 

Ensuite, le régime saoudien ayant plus ou moins réussi à couper les vannes existantes, le financement repose sur l’exploitation des travailleurs sur le propre territoire de Daech, le pillage, les contrats clandestins avec des entreprises extérieures (on pense aux accusations existant envers les ciments Lafarge), et probablement la spéculation financière sur des comptes sécurisés et anonymisés. 

Comme disait Daniel Guérin : Fascisme et grand capital !

D’aucuns protesteront peut-être en disant que non, la rente pétrolière n’est pas comparable au grand capital façon Siemens et Krupp, et que l’exploitation de la vallée de l’Euphrate reste celle d’une zone dominée sans développement capitaliste endogène propre. Nous leur dirons qu’ils retardent d’une, deux, ou trois générations. 

Le capital est une réalité mondiale, qui instaure un développement à la fois inégal et combiné. Plus c’est inégal, plus c’est combiné, et réciproquement. On a à la fois des puissances impérialistes dominantes, à commencer par les Etats-Unis (en crise), et une présence de plus en plus ubiquiste et similaire du capital partout, financiarisé, rentier, et mafieu. 

La rente foncière capitaliste n’est pas, du point de vue du Capital de Marx, un rapport féodal archaïque, mais bien une composante et une condition nécessaire à la reproduction et à l’accumulation du capital comme tel, globalement. 

La rente pétrolière en est une forme, et structurellement avant tout la rente pétrolière saoudienne, émiratie, qatarie, barheinie, koweitie, est depuis longtemps bien plus, et finalement bien autre chose, qu’un sous-produit de l’exploitation impérialiste concédée à des couches « féodales » locales.
L’Arabie saoudite, avec son régime réalisant l’atomisation des individus au nom de la religion, n’est plus un « pays arriéré », mais un bastion idéal au service de la valorisation, de la circulation et de l’accumulation du capital. La rente pétrolière sur laquelle elle repose est recyclée massivement dans les marchés financiers, dont elle est depuis longtemps déjà une composante clef (les « pétrodollars »).
Le nazisme avait un financement du grand capital industriel et bancaire allemand. L’islamisme politique se situe en fait à un niveau non pas plus arriéré, mais supérieur, quant à ses relations avec ses bailleurs de fonds capitalistes. Il a été globalement financé par la rente pétrolière saoudienne et des pays voisins, qui se situe au coeur de l’accumulation planétaire de capital financier, notamment sur les plus grandes places boursières (la City, Wall Street). 

Allah et Mohammed sont devenus les expressions idéologiques fétichistes et fantasmées de la puissance réelle d’un secteur central du capital financier et rentier, d’ailleurs matérialisé dans le délire immobilier parasitaire de Dubaï, et de la Mecque elle-même – Mecque pour le capital.

Bien évidemment, les fantasmes idéologiques faisant de l’islam « la » religion des opprimés, ou s’en tenant à une vision qui le veut « arriéré » voire « féodal », interdisent de comprendre cette position clef dans le circuit mondial du capital et affaiblissent donc (c’est leur fonction) toute lutte anticapitaliste.
Le voila donc, le grand capital derrière l’islamisme politique, qui a lancé Daech au départ, comme le moyen de contrer chiites et kurdes en Irak et d’offrir une fausse alternative aux révolutions arabes en général, et à la révolution syrienne en particulier.

Islamisme et « nationalisme bourgeois ».

Le fait que les couches capitalistes locales, le patronat petit et moyen, des pays musulmans, soient souvent islamistes, mais soient incapables de financer et d’organiser par eux-même un mouvement global auquel ils font allégeance comme à une force (divine ! ) qui doit s’imposer à eux, illustre de manière frappante leur incapacité économique et politique à un développement capitaliste couvrant toutes les branches de la production et aboutissant à la formation de véritables marchés nationaux. Elles se sont vouées, économiquement, à un capital rentier et financier installé au coeur des circuits capitalistes mondiaux, profondément combiné au capital financier nord-américain notamment, et politiquement, à l’adhésion à une idéologie religieuse supra-nationale : les deux vont ensemble.

Ce trait général des mouvements islamistes connaît des fluctuations selon les pays. La Turquie, la Tunisie, et sans doute le Maroc, sont des pays où l’islamisme a pris un certain contenu national, non totalement dépendant de la rente pétrolière et du capital financier extérieur. 

Au contraire, dans le cas d’al-Qaida et d’AQMI puis de Daech, le faible ancrage national, même d’un point de vue capitaliste, de ces mouvements, est flagrant et interdit de quelque façon que ce soit de s’imaginer que ces mouvements seraient, peu ou prou, l’expression de bourgeoisies nationales supposées affronter l’impérialisme. 

Ceci a des conséquences importantes pour leurs rapports avec les populations, qui sont apparues à grande échelle lors de l’occupation temporaire du delta intérieur du Niger, au Mali, par AQMI en 2012-2013. Il s’agissait de bandes de mercenaires, de trafiquants, et de prétoriens kadhafistes recyclés en islamistes, financées et armées par la rente pétrolière et par la contrebande. Pour les populations Songhaï, leur extériorité était totale, et, comme le font aussi Boko Haram au Nigéria et Daech au Proche-Orient, ils étaient en plus des réintroducteurs de l’esclavage. 

Ce retour à l’esclavage, contre les habitants noirs du delta du Niger de la part d’AQMI, et contre les femmes kidnappées de la part de Boko Haram et de Daech, est présenté par eux comme le retour à la tradition des temps coraniques. Il s’agit plutôt d’un moyen de terreur moderne, particulièrement traumatisant pour les populations, et s’il y a retour d’un certain passé, c’est dans une sorte de combinaison barbare entre les moeurs d’un Gengis Khan, ou plutôt d’un Tamerlan, et le fondement capitaliste rentier et financier de ces bandes armées (le nazisme aussi s’imaginait parfois faire comme les anciens Germains …). 

Même relation exogène, prédatrice, destructice, envers les manuscrits (musulmans) et le patrimoine de la région de Tombouctou. On ne l’excusera pas, et on sera loin d’en avoir épuisé l’explication, en avançant que l’iconoclasme radical et la destruction des vestiges anciens ont déjà existé dans le monothéïsme (ainsi d’ailleurs que dans le mao-stalinisme ! ). Les bandes armées islamistes, dans ce cas, ont avec les populations musulmanes des régions qu’elles occupent un rapport d’extériorité et d’hostilité radical. Dans le berceau de Daech, la situation est plus ambigüe car leurs habitants, arabes sunnites souvent organisés en tribus et ayant été clientélisés sous Saddam Hussein, étaient les victimes du régime d’al Maliki, d’où leur passivité ou leur soutien initial ; mais là non plus Daech n’est en rien le représentant d’une quelconque aspiration nationale dévoyée, et loin de « libérer » les arabes sunnites d’Irak, il les exploite en faisant d’eux une simple base d’appui, taillable et corvéable à merci, pour le califat mondial. De telles ambiguités existent aussi vis-à-vis des Touaregs, que l’islamisme d’AQMI n’a fait qu’exploiter sans jamais les représenter.

En fait, le type de rapports de domination sur la population qu’AQMI cherchait à établir dans le delta intérieur du Niger, et la manière dont Daech traite son bastion proche-oriental ainsi que sa tête de pont libyenne (faute d’informations je ne me prononce pas ici sur la situation dans la zone contrôlée par Boko Haram), ne relèvent pas de la typologie des dictatures nationalistes et « anti-impérialistes » aussi violentes soient-elles, mais de relations de type colonial-esclavagistes, similaires aux pires actes des impérialismes occidentaux. Ce n’est pas seulement une similitude de forme, mais bien une similitude de nature : financés par la rente pétrolière, composante clef du capital financier mondial, ces mouvements sont, avec les populations qu’ils attaquent ou exploitent, dans un rapport de type impérialiste.

Et le fait que l’impérialisme français après avoir facilement, du fait du rejet populaire provoqué par ce type de rapports, chassé ces bandes dans un premier temps, n’ait pas apporté d’espoir et de mieux-être au Mali, ce qui n’était pas son intention ni dans ses possibilités, ou le fait que lorsque l’armée irakienne corrompue et les milices chiites reprennent Falloudja à Daech ils commettent massacres et pillages, ces faits hélas prévisibles, ne rendent pas en l’occurrence les forces « islamistes radicales » moins réactionnaires envers les habitants de ces régions.

Premières conclusions.

Par rapport au « modèle fasciste » formant le tryptique 1. hordes petites-bourgeoises lâchées sur le mouvement ouvrier, sur la démocratie et sur la culture, 2. régime totalitaire interdisant toute organisation autonome, 3. financement par le grand capital, nous avons donc dans le cas type de Daech un certain nombre de ressemblances et de différences. 

Nous avons de manière chimiquement pure,, le financement par le grand capital, mais dans les conditions du capitalisme contemporain, différent de celui du premier XX° siècle, différence qui rapproche encore plus le type Daech du fascisme car il s’agit du grand capital financier-rentier impérialiste.

Les « hordes » sont moins nombreuses mais tout aussi « petites-bourgeoises » en première analyse.
Le mouvement ouvrier n’est pas la force sociale n°1 qu’elles prennent d’assaut, bien qu’elles le liquident aussi lorsqu’il existe. 

On peut dire qu’elles prennent d’assaut la société, littéralement, même lorsque celle-ci est déjà musulmane voire déjà soumise à la charia. 

Le régime qu’elles tendent à imposer est l’une des formes les plus radicalement totalitaire que l’on puisse imaginer, peut-être à un degré supérieur aux formes précédentes de totalitarisme, fascisme et nazisme compris, car, avec la thématique religieuse et par son moyen, il s’impose aussi sur la totalité du comportement humain, sphères sexuelle, alimentaire et vestimentaire entièrement comprises : le contrôle des corps féminins, et donc de tous les corps, se veut total. 

Le programme est celui d’une liquidation de toutes les nations existantes dans un « califat mondial » et les relations établies avec les populations des régions dominées, même lorsqu’elles ont accueilli passivement ou comme un moindre mal les islamistes enragés au départ, sont de type ultra-impérialiste et esclavagiste. 

L’accumulation prédatrice du capital est promise à tous les « guerriers » et ne se limite pas à celle opérée par « l’Etat ».

Alors, certes et logiquement, nous n’avons pas là une forme en tous points analogues au fascisme typologique ! Mais l’analyse concrète de ses actes concrets rend tout de même difficile de refuser à Daech et aux formes radicales de l’islamisme politique une telle caractérisation.
Ils sont une forme de fascisme moderne et contemporaine, qu’il nous faut encore examiner notamment sous l’angle de son rapport essentiel à la religion. 

L’arsenal idéologique du racisme et de l’antisémitisme.

Avant d’aborder cet aspect spécifique et fondamental, il nous faut encore signaler une ressemblance de plus avec le fascisme standard, et en l’occurrence avec le nazisme. Les références idéologiques de Daech sont imprégnées, outre la thématique religieuse proprement dite dont nous allons reparler, de complotisme antisémite faisant des Juifs, des francs-maçons et des laïques les représentants de la « civilisation occidentale » qui mérite d’être détruite parce que mécréante. 

Dans le communiqué de Daech faisant suite aux massacres commis à Paris le 13 novembre 2015, le peuple de Paris, notamment celui des arrondissements cosmopolites visés (comprenant de nombreux musulmans), est dénoncé comme débauché. Dans l’une des vidéos publiées suite au massacre de Nice du 14 juillet 2016, le peuple français est dénoncé comme agissant pour son « ventre », comme le montrent ses manifestations pour le « contrat de travail ». Un comble : Daech soutient à sa façon la loi El Khomri ! Ses idéologues se positionnent clairement, sur toutes les questions sociales et « sociétales » concernant les sociétés « occidentales », sur le même terrain que l’extrême-droite fasciste, ou chrétienne intégriste traditionnelle, de ces sociétés.

Dans ce domaine, la ressemblance servile et copieuse des proclamations de Daech, par rapport à des modèles pourtant « occidentaux », est remarquable. Mais ce n’est pas une innovation : le complot judéo-maçonnique et le « protocole des sages de Sion » circulent depuis longtemps dans les milieux de l’islamisme politique, « radical » ou non. Même Erdogan, qui fut longtemps présenté comme l’équivalent musulman d’un démocrate-chrétien, fait des éloges du nazisme. La lutte contre l’oppression exercée par l’Etat israélien contre les Palestiniens ne saurait excuser ou justifier cela, et n’en a par elle-même nullement besoin – ce qui indique bien que ces mouvements mènent une toute autre lutte.

Leur choix de reprendre de telles thématiques est volontaire et précis. Ce ne sont donc pas des enfants de choeur, si l’on peut dire : délibérément, ils ont choisi de reprendre la thématique spécifiquement nazie sur le complot juif mondial, éventuellement appelé complot sioniste mondial, en l’incorporant à leurs discours. On retrouve d’ailleurs ce mimétisme idéologique, sous une forme ampoulée et noyée dans des divagations académiques « de gauche », dans le cas des productions du « Parti des Indigènes de la République », qui ne relève pas de l’islamisme mais constitue une forme symptomatique de dérive idéologique raciste et fasciste.

Antisémitisme et racisme ne sont pourtant pas, à la différence du nazisme, les fondements mentaux structurant du fascisme de facture islamique, qui se montre apte à une très grande puissance de destruction et de crimes sans forcément y avoir recours. Cet élément idéologique pourrait être absent sans que cela ne modifie les conclusions auxquelles nous étions déjà parvenues, ci-dessus, quant à la validité de la caractérisation de Daech comme fasciste. 

Mais il est alors d’autant plus frappant de constater que ces courants ont souvent tenu à incorporer aussi cette dimension à leurs discours. Ils traduisent par là une conscience de leurs affinités profondes, très supérieure à celles des gauchistes « anti-impérialistes » qui ne veulent pas voir en eux un fascisme ! 

Et sans doute aussi se donnent-t-ils par là une corde à leur arc : une fuite en avant raciste et antisémite, et des alliances avec les courants racistes et antisémites non musulmans, sont ainsi rendus possibles le cas échéant.

https://blogs.mediapart.fr/vincent-presumey/blog/060816/pourquoi-il-faut-parler-de-fascisme-propos-de-lislamisme-politique-radical

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