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Contribution au débat sur la Présidentielle

Publié le vendredi, 20 mai 2011 dans Elections

Nous publions aujourd’hui cette tribune de l’un de nos porte-paroles nationaux, Jean Jacques BOISLAROUSSIE. Il nous semble intéressant de la relire un mois après sa publication, et alors que la rencontre du 28 mai à AUCH approche, que le débat s’intensifie au sein du NPA et aussi au sein du Front de Gauche.

 

Contribution au débat sur la Présidentielle

 

15.04.2011

Quelques mois après une mobilisation sociale massive, la situation politique dela gauche de gauche n’est pas bonne.
Les récentes élections cantonales ont été marquées par une tripolarisation au bénéfice du PS, de la droite et du FN, situation que confirment de nombreuses enquêtes d’opinion.

Cette situation, combinée au piège présidentialiste mis en place par le PS (gouvernement Jospin) avec l’accord de l’UMP, risque de laminer électoralement et politiquement notre camp.

Une occasion majeure de faire apparaître un pôle unitaire de la gauche de transformation sociale et écologique a été manquée lors de la mobilisation sur les retraites. Les causes de cet échec sont partagées.

Le PCF et le PG ont choisi d’appuyer l’intersyndicale en s’autolimitant, choix compréhensible de soutenir le front commun, mais qui n’a pas permis de dégager un cadre unitaire, propositionnel et militant, de la gauche de combat.
Le NPA a mais l’accent sur l’auto-organisation, choix nécessaire, mais a refusé toute perspective de cadre unitaire, propositionnel et militant, de la gauche de combat.

PCF, PG, NPA et Alternatifs se sont, à juste titre, appuyés sur le cadre de débat constitué autour de la Fondation Copernic et d’ATTAC. Mais ce cadre large était centré sur la question des retraites, il n’a pas survécu à l’échec.
Et il ne pouvait remplacer un bloc politique de gauche de combat au service de la lutte et posant des jalons pour une alternative.

Le Front National s’est installée comme le 3eme larron « antisystème’ du débat. La situation est plus que difficilement rattrapable, en tout état de cause irrécupérable si la gauche de gauche part divisée.

La situation de notre camp est d’autant plus déplorable que

     – ni Melenchon ni Besancenot n’ont la moindre chance d’être élus, ni même devant le PS et que pourtant la logique présidentialiste s’impose à leurs organisations

      – des militantEs de partis se réclamant de la « révolution citoyenne » (PG) ou du primat absolu des luttes (NPA) sont réduits dans les faits à espérer qu’une campagne présidentielle les fasse sortir d’une relative marginalité.

Front de Gauche et NPA, nos différences, nos proximités.

 

Pour beaucoup simplifier, le FdG

     – regroupe des forces, comme le PG et le PCF, très marquées par une vision classique et institutionnelle de la politique

      – reste en interrogation ambigüe sur les rapports avec le PS, d’ailleurs pour des raisons habituelles au PCF, et défendables (« plutôt quelques petites avancées que rien du tout »). Reste que le programme adopté par le PS, et tout autant le profil d’un éventuel candidat social-libéral conduisent à penser qu’une telle attitude conduira à se lier les mains comme au moment de la gauche plurielle.

Cependant, le FdG

     – est un cadre unitaire partiel, en situation de polariser une partie de la gauche alternative (les communistes unitaires, Convergence et Alternative, une partie voire une majorité de la Fase…)

      – s’appuie sur l’implantation du PCF couplée à l’image du PG , sur sa capacité à porter des propositions, sur son affichage untaire, sur un électorat sans doute un peu plus âgé et plus classiquement politisé que celui du NPA, pour s’installer comme le pôle à gauche du PS aux élections locales -sous réserve de se présenter systématiquement de manière indépendante au premier tour.

Pour beaucoup simplifier, le NPA

 

     – a régressé par rapport à sa dynamique initiale (que j’avais sous estimée) et se rapproche du modèle classique d’un petit parti de lutte d’extrême gauche

     – redoute les prises de risque unitaires, tend à ajouter un préalable à chaque pas en avant vers l’unité (ce qui n’exonère pas les partis du FdG de faux semblants unitaires…)

Cependant, le NPA

      – a des proximités programmatiques réelles avec nous sur des questions comme la sortie du nucléaire, l’autoorganisation…

      – peut « parler », plus par son candidat qu’en tant que parti, à des secteurs sociaux plus jeunes, entre autres ceux du précariat..

 

 

Cependant, dans une situation de tripolarisation, de pression en faveur du vote PS au premier tour pour éviter une Présidentielle se jouant entre droite extrême et extrême droite, les bases électorales potentielles de Besancenot et Melenchon seront également menacées de désagrégation.

Pour être honnête, faute de s’installer comme 3eme force « antisystème », une gauche de gauche unie serait soumise à la même pression

Compte tenu

     – du rythme complexe et lent de désignation de possibles candidats du Fdg et du NPA

     – mais surtout de la nécessité de ne pas nous lier les mains trop vite dans une logique de division de la gauche de transformation sociale et écologique

la coordination a vu juste en donnant pour priorité à la conférence nationale des 18 et 19 juin (outre le travail sur le projet alternatif) le travail sur les contenus et la dynamique de campagnes pour la séquence électorale de 2012.

Notre orientation pour les mois qui viennent est la bataille pour l’unité large (c’est le fil conducteur du tract du 1er mai).

Cette bataille n’est pas « abstraite » mais politique, elle renvoie à la nécessité de combattre politiquement et socialement avec efficacité le FN, d’accumuler des forces face à l’offensive du capital et de ses représentants politiques (le pacte de compétitivité illustre les lignes de force de cette offensive antisociale).

 

Notre orientation reflète sans aucun doute des aspirations présentes à la base du FdG comme du NPA.
Mais, et c’est un facteur de faiblesse, les organisations et courants en tant que tels ont déjà en grande partie intériorisé la division.
De même, la Fase, ou l’aspiration unitaire est très présente, est partagée et paralysée par le débat sur les rapports avec le FdG.

Idéalement, il serait nécessaire de peser dans le sens de l’unité avec d’autres, par exemple en lien avec des blocs unitaires locaux ou régionaux, hélas très rares….et avec des militantEs politiques et sociaux en accord avec cette orientation.

Le NPA prospecte depuis peu pour une possible candidature présidentielle « des luttes ».

Cette démarche est menée sans doute tactiquement par certains (donner un petit signe unitaire avant de passer aux choses sérieuses avec Besancenot candidat), avec sincérité part d’autres -les unitaires renforcés par une partie de la direction.

Mais une démarche menée par une orga perçue par beaucoup comme sectaire peut s’en trouver plombée, ce qui ne doit pas nous empêcher si elle aboutit d’en tenir compte dans nos débats.

Il faut aussi regarder ce que donnerait et décanterait dans la sphère écolo une candidature écolo ambigüe à la Hulot.

Je ne crois pas utile de nous inspirer de petits groupes décroissants pour présenter une candidature virtuelle à la Présidentielle (ce serait un peu ‘la souris qui rugissait »…) en revanche, il est nécessaire de réfléchir dès à présent à une présence gauche alternative et écolo aux législatives et pousser en même temps toutes les convergences politiques possibles (Assises…)

 Il est vrai que cette présence serait rendue plus difficile sans alliance présidentielle.

Si l’unité large n’aboutit pas, nous serons hélas confrontés à des choix sans doute au début de l’automne, participation a la campagne d’un des candidats de la gauche de gauche, appel a voter pour LES candidats de notre camp…

                                                         Jean-Jacques BOISLAROUSSIE

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