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Éléments de réflexion, Gilbert DALGALIAN,

Publié le samedi, 17 janvier 2015 dans Point de vue

144-4455_IMG-222x3001. D’abord les assassins des journalistes de Charlie Hebdo.
Qui sont les tueurs ? Des « laissés-pour-compte » de la société que l’idéologie du Djihad a séduits et embrigadés.
Mais comment devient-on tueur et djihadiste ? Les facteurs se sont accumulés au fil des années : il n’y a pas eu après la fin de la guerre d’Algérie une décolonisation des esprits. Les politiques n’en ont pas eu le courage et le mépris colonial a persisté dans la société française. Il en a résulté une acceptation largement répandue du racisme qui a pris finalement la double forme du racisme anti-arabe et anti-musulman. Le Front national prospère sur ce fumier idéologique.
Les inégalités sociales et les dégâts du capitalisme libéral ont renforcé ce racisme par de nombreuses discriminations, notamment dans l’emploi et l’insertion sociale. Enfin la ‘gauche’ – mais aussi la gauche radicale – s’est montrée incapable d’approcher, de mobiliser, d’éduquer et d’organiser cette jeunesse issue de l’immigration, ce qui était de tous temps essentiel et qui était devenu possible après les mobilisations de 2002.
Quant au système éducatif, il n’était pas en mesure à lui seul de compenser autant de facteurs négatifs, autant de carences. Les intégristes, eux, ont su ramasser la mise.
2. Que signifie l’extraordinaire mobilisation du 11 janvier 2015 ?
Au-delà des calculs de récupération politicienne à droite et à « gauche », c’est d’abord l’union spontanée d’un peuple qu’il faut savoir apprécier pour ce qu’elle signifie et pour ce qu’elle promet. En résumant sommairement, on peut affirmer que cette mobilisation unitaire s’est faite non sur les objectifs des partis, mais très exactement sur le message de Charlie : la laïcité, la liberté de la presse, l’irrévérence et le refus de la notion de blasphème, notion étrangère à toute liberté. Très majoritairement, le rejet de la notion de blasphème signifie un refus de laisser une quelconque religion imposer sa loi à une République laïque. (Et surtout pas à coups de kalachnikofs !)
Tout cela remet en perspective le sens de l’abstention massive aux élections de 2014 – abstention qu’on n’a pas observée ce 11 janvier 2015 – et relativise la montée du FN sue ce fond d’abstention massive. Malheureusement, à l’heure de ce texte, il n’est pas possible de prévoir une prochaine traduction politique à la hauteur de ce raz-de-marée pour la liberté et la démocratie et contre toute violence faciste.
C’est le drame de notre gauche radicale de n’avoir pas su ou pu traduire et incarner cette pulsion démocratique ultra-majoritaire. Une des traductions possibles serait la 6e République … .
3. Comment réagir face aux dérapages et aux amalgames ?
La propension aux amalgames n’a pas disparu avec l’insurrection démocratique de ce 11 janvier 2015. Il importe à la gauche radicale de définir clairement les positions sur lesquelles il faudra tenir bon. Il importe de dire que nous nous identifions aux juifs, aux musulmans, aux Arabes, aux Africains noirs non pas en raison de leur religion, de leurs croyances, de leurs différences culturelles, mais FORTEMENT et EXCLUSIVEMENT parce que ce sont des humains comme tous les autres, et accessoirement des citoyens comme les autres.
Un tel positionnement a le double avantage d’être fondé sur un principe internationaliste solide et de na pas impliquer la moindre adhésion aux croyances des uns ou des autres : ‘Peu importe ce que tu crois, je te défendrai parce que tu me ressembles et seulement pour cette raison.’

 

Gilbert DALGALIAN,

11 janvier 2015-01-11

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