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Sep 27

Premières réflexions sur les élections grecques, par Panagiotis Sotiris

Publié le dimanche, 27 septembre 2015 dans International, Point de vue

« La politique de gauche, c’est construire un bateau quand on est déjà au milieu d’une mer démontée »

Nous publions un article de Panagiotis Sotiris, militant d’Unité Populaire, qui tire un premier des élections et des résultats décevants d’Unité Populaire.

unité-populaireCela n’a pas été une bonne soirée électorale. Je ne parle pas principalement du fait qu’Unité Populaire a échoué à atteindre le seuil de 3% qui lui aurait permis d’avoir une représentation parlementaire, mais bien du fait que les résultats électoraux semblent être une justification de la capitulation de Syriza face à l’Union Européenne et de la signature du nouveau memorandum. Ce nouvel accord de prêt impliquera des coupes dévastatrices et des réformes néo-libérales, et, maintenant, nous avons un Parlement dominé par les forces pro-memorandum. Ce qui est en opposition frontale avec le référendum de juillet, quand des millions de personnes ont massivement rejeté l’austérité imposée par la troïka et la dévastation sociale qui l’accompagne.

Le pari cynique de Tsipras a été de placer les élections sur le terrain du débat de quel parti (et quel Premier Ministre) allait être le mieux à même de mettre en œuvre le memorandum qui avait déjà approuvé par Syriza et les partis du système le 14 août. Sa stratégie a été de présenter le mémorandum comme inévitable, inéluctable. Il a évité presque toutes les références à l’accord, en ne présentant que le choix entre lui et Vangelis Meimarakis, le leader du parti de centre droit Nouvelle Démocratie. Finalement, les Grecs ont choisi de donner une seconde chance à Syriza plutôt qu’aux autres partis systémiques, pro-mémorandum. Il ne s’agit pas d’un vote d’espoir, mais d’un vote pour le « moindre mal ».

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Sep 22

Grèce : l’analyse de Yanis Varoufakis

Publié le mardi, 22 septembre 2015 dans Non classé

Alexis Tsipras a arraché une  victoire retentissante après la défaite humiliante de Juillet devant la Troïka des créanciers de la Grèce. Défiant les partis d’opposition, les sondeurs d’opinion et les critiques dans ses rangs (y compris de moi-même), il a obtenu une majorité réduite mais réelle.  La question est de savoir s’il peut à la fois rester à son poste et exercer le  pouvoir.

Les plus grands perdants ont été  les petits partis représentant les extrêmes du débat après le référendum. Unité Populaire n’est pas parvenu à exploiter la souffrance ressentie par une majorité des électeurs du « Non » après que Tsipras  eut adopté un accord qui réduit la souveraineté nationale et accroît le niveau déjà terrible  de l’austérité. Potami, un  parti réformiste chéri de la Troïka, a également échoué à rallier le plus petit vote «Oui». Avec Tsipras conquérant d’un nouveau genre, maintenant fermement la barre du programme de la Troïka, les partis pro-Troïka n’avaient rien à offrir. 

Le plus grand gagnant est la Troïka elle-même. Au cours des cinq dernières années, les projets de loi de la  Troïka sont passés par le parlement avec des majorités ultra-minces,  procurant des nuits blanches à leurs auteurs. Maintenant, les projets de loi nécessaires au troisième Mémorandum passent avec de confortables majorités, car Syriza s’y est engagé. Presque tous les députés de l’opposition (à l’exception des communistes du KKE et les nazis de l’Aube dorée) votent pour eux.

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Sep 21

La victoire de Syriza souligne une volonté de résistance, par Romaric Godin (la Tribune). . .Tribune libre

Publié le lundi, 21 septembre 2015 dans Point de vue

4524801_0384b4f8ecc293a47cfc4261fd08112622e71d36_545x460_autocropSi les Grecs n’ont pas voulu reprendre la lutte contre les créanciers et se montrent déçus de la politique, ils leur ont envoyé un message de résistance. A Alexis Tsipras d’en prendre compte, désormais. 
 

Le premier enseignement de ce premier scrutin grec est celui de la lassitude. Le niveau de l’abstention (près de 45 %) est le principal fait de la soirée. C’est dix points de plus qu’en janvier et si l’on ajoute les bulletins blancs ou nuls (2,5 % des suffrages contre 0,5 % en janvier), on peut prendre la mesure du désaveu de la politique en Grèce. On aurait tort de n’y voir qu’un rejet d’un énième scrutin anticipé. C’est bien l’acceptation, le 13 juillet dernier, par Alexis Tsipras des conditions des créanciers qui est à l’origine de ce désaveu. Cette capitulation a prouvé que le vote ne pouvait rien changer aux conditions économiques du pays. Dans ces conditions, à quoi bon voter ? On comprend que beaucoup de citoyens grecs aient préféré ne pas se déplacer ce dimanche. Cette première constatation est une défaite pour une classe politique grecque qui a clairement perdu en crédibilité. Mais c’est d’abord une défaite pour les créanciers qui, pendant six mois, ont tout fait pour effacer le vote du 25 janvier. Ils récoltent ici, par un désaveu de l’acte démocratique, les fruits de leur politique.  

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Sep 15

Grèce : déchaînement sexiste contre les résistances aux memoranda, par Sonia Mitralia

Publié le mardi, 15 septembre 2015 dans Féminisme, Non classé

ZoéDans les conditions de la crise paroxystique qui secoue la Grèce, nous assistons au déchaînement d’un sexisme extrêmement violent contre les femmes ! Et en plus, ceci se passe sur la scène politique centrale au vu de tout le monde. Nous pensons que ce sexisme extrême et violent qui est en train de prendre les dimensions d’une vraie épidémie, diffère sensiblement du vieux sexisme quotidien qu’on a connu durant un passé récent plus pacifique, avant la présente crise de la dette. 

Figure emblématique et aussi principale victime de cette campagne –car il s’agit d’une vraie campagne- sexiste ultra-violente est la Présidente du Parlement grec Zoé Konstantopoulou.
Évidemment, ce n’est pas un hasard que cette campagne sexiste contre elle a redoublé de vulgarité et de violence depuis qu’elle a prise l’initiative de lancer la Commission pour la Vérité sur la Dette Publique grecque et de devenir la figure de proue de l’opposition intransigeante à la soumission du gouvernement Tsipras aux diktats des créditeurs de la Grèce.

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Sep 9

Grèce : pourquoi la capitulation ? Une autre voie est possible. . .par Eric Toussaint

Publié le mercredi, 9 septembre 2015 dans Notre Economie et la leur

Éric Toussaint analyse de manière critique l’attitude de Syriza en ce qui concerne la dette depuis 2010, pour expliquer comment le gouvernement grec en est venu à signer l’accord funeste du 13 juillet 2015. Une des explications fondamentales est la non prise en compte de l’audit de la dette qui aurait pourtant permis, en suspendant son paiement, de ne pas se soumettre aux diktats des créanciers. Éric Toussaint présente un plan B portant sur la dette, les banques, l’austérité, la monnaie et la fiscalité.
Drapeau grecLa question de la dette grecque est absolument centrale. A partir de mai 2010 et du premier mémorandum et du moment où se constitue la Troïka entre le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et l’Union européenne, cette question reste absolument centrale au cours des années à venir.

La Commission d’audit citoyen de 2011

En décembre 2010, la députée Sofia Sakorafa intervient au Parlement en disant qu’il faudrait créer une Commission d’audit de la dette grecque s’inspirant de l’Equateur qui en avait constitué une en 2007-08. Cette députée fait référence à ma participation à cette expérience et dit qu’on pourrait faire appel à mon aide. Il était clair que ce Parlement qui était dominé par le PASOK et Nouvelle Démocratie n’avait aucun intérêt à faire la clarté sur la dette et cette proposition a donc été rejetée. Avec toute une série de mouvements sociaux et cette députée Sofia Sakorafa on a décidé de créer une initiative d’audit citoyen de la dette. Ça a pris quelques mois pour être lancé.

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Sep 9

Grèce : le programme de l’Unité Populaire

Publié le mercredi, 9 septembre 2015 dans A Gauche. . . toute !

La création d’Unité populaire a pour point de départ le NON massif du peuple grec lors du référendum du 5 juillet. Au terrorisme des forces dominantes dans l’Union Européenne et en Grèce, une vaste majorité sociale, avec une présence forte des jeunes, a opposé une véritable révolte populaire. La résistance du peuple grec, une résistance sans précédent du fait de sa durée comme de son caractère massif – surtout les deux premières années d’imposition des memoranda – constitue également un héritage précieux pour l’Unité Populaire. Notre parti a constitué l’expression de la résistance généralisée contre le plan stratégique d’imposition d’une austérité permanente, de dépouillement de tout droit du travail, d’accaparement des biens publics, de démantèlement de la démocratie et d’imposition d’un régime de souveraineté limitée.

Pas plus d’un mois après le « OXI » du peuple grec au référendum, l’adoption du Troisième Mémorandum a causé un bouleversement dans le champ politique. L’équipe dirigeante du gouvernement, portée au pouvoir par les élections du 25 janvier, a brutalement mis en pièces le contrat social qui la liait à la majorité populaire, semant la désolation et attisant de nouveau la peur. Elle est passée sur la rive opposée, celle des Forces des memoranda, bombardant les couches ouvrières et moyennes de nouvelles mesures dirigées contre le peuple. Ce retournement a permis aux créanciers d’avancer encore, avec un coup d’État politique en violation de toute notion de souveraineté populaire. Avec le Troisième mémorandum, la surveillance internationale devient plus étouffante encore, l’illustration la plus flagrante de cette humiliation étant la création du fameux « fund », du Fonds chargé de procéder à la mise sous hypothèque des biens nationaux et de la richesse sociale pour des générations entières. 

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Sep 6

Grèce : Une capitulation porteuse de menaces mortifères. Par Georges MITRALIAS

Publié le dimanche, 6 septembre 2015 dans Elections, Non classé

arton11370-dcec8pCe qui est le plus effrayant dans l’actuelle situation grecque est que l’ensemble des dirigeants de la gauche grecque donnent l’impression de ne pas réaliser ni l’étendue ni la profondeur de la catastrophe déjà accomplie par la capitulation du gouvernement Tsipras devant les créditeurs du pays. En effet, la campagne électorale se poursuit avec ses invectives et ses croches pieds en suivant les traditions bien établies, sans que personne ne fasse référence à cette catastrophe, et surtout a ses conséquences à moyen et à plus long terme. Et plus grave, sans que personne ne fasse la moindre référence aux taches concrètes et urgentes que cette catastrophe impose à la gauche grecque et ses militants.

Et pourtant, il est impossible que l’actuelle grisaille du paysage de la gauche grecque passe inaperçue car elle crève les yeux. D’un coté, l’hémorragie dont souffre l’actuel Syriza « génétiquement modifié » dépasse déjà les pires craintes des promoteurs de sa « normalisation ». Jour après jour, des centaines de ses cadres, députées, membres du Bureau Politique, du Comite Central, de la direction de sa Jeunesse, de sa fraction syndicale et des autres organes du parti claquent la porte et prennent le large, en dénonçant violemment la « trahison » du gouvernement Tsipras.

Si l’écrasante majorité de ceux qui claquent ainsi la porte du parti adhérent à l’Unité Populaire récemment constituée, il n’en est pas de même pour les milliers et les milliers d’ « anonymes » qui s’en vont sur la pointe des pieds, complètement déboussolés, déçus, ou même en colère. Le résultat de tout ça est déjà devant nos yeux : effondrement du Syriza dans les sondages et véritable résurrection de la droite traditionnelle de Nouvelle Démocratie qui ambitionne déjà de battre sur le fil ce Syriza précocement vieilli et déconsidéré.

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Sep 4

Zoé Konstantopoulou à l’ONU : « La dette souveraine est actuellement utilisée contre la population grecque et le Parlement Hellénique pour affaiblir la démocratie ! »

Publié le vendredi, 4 septembre 2015 dans International

zoi_konstantopoulou-20150704_2-1728x800_cMesdames et messieurs, leaders des parlements du monde, en cette occasion du 70e anniversaire de l’ONU, marquant également les 70 ans depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, en cette 4e conférence mondiale des Présidents de Parlements |1| plaçant la démocratie au service de la paix, du développement durable et de la construction d’un monde tel que les peuples le veulent, je me tiens devant vous et parmi vous, en tant que Présidente du Parlement Hellénique récemment dissous pour vous adresser un appel à la solidarité envers le peuple grec et envers la Grèce, terre où la démocratie naquit, et où elle est aujourd’hui brutalement attaquée et violée. 

La Grèce et son peuple sont les victimes, depuis cinq ans, de politiques supposées offrir une solution durable au surendettement du pays et une voie pour sortir de la crise économique, ces politiques contenues dans des accords appelés « Memoranda – Protocoles d’Accord », conclus par le gouvernement grec et un trio d’institutions internationales, à savoir le FMI, la Commission Européenne et la Banque Centrale Européenne, connu sous le nom de Troïka, et agissant au titre de créanciers de la Grèce, ont eu pour résultat de graves violations des droits humains, et particulièrement des droits sociaux, des libertés fondamentales et de l’Etat de droit lui-même.

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Août 31

« Messieurs du gouvernement, vous n’avez pas le droit de placer sur les épaules du pays un nouvel emprunt, en acceptant le paiement d’une dette illégale», par Zoe Konstantopulou

Publié le lundi, 31 août 2015 dans Gauche de combat

 Nous reproduisons le discours prononcé à l’aube du 14 août 2015 par la Présidente du Parlement grec Zoe Konstantopoulou un peu avant le vote du troisième mémorandum imposé à la Grèce. Dans un vacarme indescriptible produit par des invectives et des insultes lancées par les députés des partis de droite qui cherchaient à la déstabiliser, Zoe Konstantopoulou a tenu un discours d’une grande portée. Accueilli par un silence glacial des dirigeants de son propre parti Syriza, le discours de Zoe Konstantopoulou a marqué la rupture avec Alexis Tsipras et son gouvernement. Il a surtout donné un fondement supplémentaire et très solide à celles et ceux qui résistent aux diktats des créanciers et à la capitulation.

zoi_konstantopoulou-20150704_2-1728x800_cMesdames et Messieurs les députés, chers collègues, pour commencer, je voudrais attirer votre attention sur le fait que le projet de loi introduit devant le Parlement – ‘introduit’, ici, est à prendre aussi bien au sens propre qu’au sens figuré [ndlt : en grec : « eisagomeno » signifie « introduit », mais aussi « importé de l’étranger »] – est inconstitutionnel pour les motifs invoqués dans les exceptions d’inconstitutionnalité déposées par le Syriza le 7 novembre 2012, que j’ai eu l’honneur de présenter et dont je soumets une copie aux Actes de la Chambre ; le 14 novembre 2013, que j’ai eu l’honneur de présenter et dont je soumets une copie aux Actes de la Chambre ; le 30 mars 2014, motifs que j’ai eu l’honneur de présenter pour le compte du groupe parlementaire du Syriza et dont je soumets une copie aux Actes de la Chambre, mais aussi pour les raisons invoquées par le Premier Ministre de Grèce, Alexis Tsipras lors de son discours du 14 décembre 2010, discours dont je dépose une copie aux Actes de la Chambre, ainsi que lors du discours du Premier Ministre, monsieur Alexis Tsipras, prononcé lors de la séance d’adoption du Deuxième Mémorandum de la Loi 4046 de 2012, dont je remets une copie aux Actes de la Chambre, pour les raisons évoquées par le Premier Ministre, M. Alexis Tsipras, lors de son allocution du 23 février 2012, dont je soumets une copie aux Actes de la Chambre, pour les raisons évoquées par le Premier Ministre, M. Alexis Tsipras, lors de son discours prononcé à l’occasion du vote de ratification du Programme à Moyen Terme, dont je soumets une copie aux Actes de la Chambre, lors des débats sur les mesures d’urgence d’application des Lois 4046, 4093 et 4127, dont je soumets une copie aux Actes de la Chambre, de la loi 4224 de 2013 dont je remets une copie aux Actes de la Chambre, et enfin de la Loi 4254 de 2014 dont je remets une copie aux Actes de la Chambre.

Mesdames et messieurs les  députés, cher-es collègues, 

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Août 31

La bataille de Grèce, un épisode d’une guerre mondiale prolongée, par Gustave Massiah.

Publié le lundi, 31 août 2015 dans International

Les débats sur la crise grecque et sur la crise ouverte de l’Union Européenne ont suscité de très nombreux commentaires et de très nombreuses analyses. Ce débat va se prolonger d’autant que l’évolution, en Grèce et en Europe, est loin d’être achevée. Voici dix pistes de réflexions lapidaires sur le débat en cours.

gustave-Massiah1. La bataille de Grèce s’est terminée par une défaite de ceux qui refusaient les plans austéritaires.

Une défaite et une reddition pour Syriza qui avait défendu cette position. Une défaite qui va peser lourd, d’abord pour le peuple grec.

Cette bataille a donné lieu à une démonstration de force du pouvoir financier. Elle lui a permis de montrer sa puissance et sa capacité à humilier tous ceux qui lui résistent. C’est un avertissement pour tous ceux qui pensent pouvoir passer outre aux oukases.

Pour autant, la guerre n’est pas terminée, ni en Grèce, ni ailleurs. Que peut-on déjà apprendre de cette bataille.

La question de la dette est la question cruciale. C’est à partir de là que se différencient les choix possibles. Faut-il ou non suspendre unilatéralement le remboursement de la dette. La question s’est posée deux fois, à des moments décisifs ; il est possible qu’elle se repose à nouveau.

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